𝐀𝐏𝐎𝐋𝐋𝐎'𝐒 𝐒𝐎𝐍 ᴴʸᵘⁿˡⁱˣ

ፈᏂᏗᎮᎥᏖᏒᏋ 2

- Recule, Hyunjin. Et lâche cette épée, pour l'amour de Zeus.

Sans même nous lancer un regard, Hyunjin, un ancien du camp, laisse tomber l'arme sur le sol, l'objet se fracassant avec un bruit clair à peine étouffé par la poussière. Les sabots de Chiron ralentirent quand il arriva à la hauteur de notre intrus, gardant une distance de sécurité. Hyunjin avait beau être un ancien pensionnaire du camp d'environ mon âge, il était bien l'un des plus dangereux, et qui savait ce qu'il avait pu devenir après 5 ans sans aucune nouvelle. 

Changbin finit par se relever, s'éloignant en boitillant un peu. Rien de grave, plus de choc que de blessures. Depuis que nous sommes arrivés, le Minotaure de ferraille a déjà eu le temps de disparaître dans l'antre du Tartare pour se régénérer, en espérant que ça lui prenne un bon bout de temps. 

Un problème à la fois. 

En parlant de ce dernier, Hyunjin relève finalement les yeux vers nous, la lueur rouge aperçue avant étant maintenant finalement légèrement estompée, retrouvant leur couleur brune originel. Il est sale, couvert de poussière, de boue et d'herbes, son épée et ses gants dégoulinants d'huile de moteur. Ses lèvres, plus sèches que dans mes rêves, s'entrouvrirent pour laisser passer quelques mots d'une voix rauque, comme s'il n'avait pas ouvert la bouche depuis plusieurs jours.

- Le soleil aimera la guerre, et le monde en brûlera.

Son regard heurte le mien presque brutalement, j'ai l'impression qu'on essaie de me transpercer le crâne. Cette phrase... c'est une de celles qui reviennent toutes mes nuits sans exception. Elle est ancrée dans ma mémoire, gravée au fer rouge, s'emmêlant malgré tout parfois avec les autres bribes. 

La main de Chiron sur mon épaule me sort immédiatement de mes pensées ; je devais sûrement avoir l'air figé, comme dans Harry Potter lorsqu'il rencontre Voldemort pour la première fois. Sauf que, ici, Voldemort possède un nez et des cheveux, ainsi que de beaux yeux aux reflets rouges dans une mer de chocolat. 

- Felix ? Tout va bien ?, me demande Chiron, sûrement inquiet de ne pas me voir sauter partout en criant dramatiquement comme à mon habitude.

Je m'apprête à hocher de la tête, lui affirmer que tout va bien, mais les Dieux ne semblent pas être du même avis.

Fils d'Apollon.

Et merde. Comme si pas assez de personnes m'observaient déjà, il a fallu que mon corps lâche sous mon poids et s'effondre sur le sol poussiéreux, collant d'huile de moteur comme un vieux morceau de chiffon.

Une entrée, trois portes. Une vérité, un souvenir.

Je pensais que les cauchemars n'arrivaient que la nuit, et bien il semblerait qu'ils me hantent même le jour. Être fils d'Apollon c'est marrant, jusqu'à ce que vous deveniez fou sous le poids de prophéties insensées.

Une arène, un sang rouge foncé. Un Minotaure, Hyunjin.

La migraine qui me transperce les tempes manque de me faire hurler de douleur, là, sur ce sol inconfortable.

Une vérité contre une autre. Une nuit, une trahison.

La nuit. Sombre, mystérieuse, que les humains ont appris à craindre à cause d'Hadès. 

Dans le Labyrinthe, le soleil aimera la guerre et le monde en brûlera.

Un goût de sang se répand sur ma langue, je crois bien que je me suis mordu la joue. Cette phrase me brûle, elle est imprimée sur tout mon corps tel un tatouage de feu. Mes poumons sont comprimés dans ma poitrine, comme si le Minotaure m'avait pris pour un oreiller tandis que j'aurais reposé sur des lames tranchantes.