#CHEF | 02 - Ne te sens pas obligé de m'en parler...

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— Tu es venu ici pour dealer ?

— Entre autres...

Je le sens se tendre et fermer les yeux. Je glisse mon bras derrière ses épaules pour l'attirer vers moi. Ses larmes coulent dans un silence qui me serre le bide.

— Ne te sens pas obligé de m'en parler...

— Tu dois savoir le déchet que j'étais devenu. Et pourquoi j'ai voulu en finir avec cette vie de merde.

Connor tente de réguler sa respiration. Son pouce caresse l'intérieur de mon poignet dans un geste hypnotique sans oser me regarder alors qu'il m'annonce d'une voix serrée par son aveu.

— J'ai vendu mon corps... C'est arrivé qu'une fois, il s'empresse d'ajouter, honteux. Je me suis tellement dégoûté que j'ai voulu en finir. C'est Théo qui m'a sauvé la vie. Il m'a trouvé dans la baignoire avec l'aiguille encore plantée dans le bras... C'est lui qui m'a aidé pour tout arrêter. Puis je me suis engagé chez les Marines pour être sûr de ne plus jamais replonger.

— Oh, mon Amour. Je suis tellement désolé que ton adolescence ait été aussi chaotique.

— Je dois te dégoûter.

— Ne dis pas de conneries. Tu allais mal, tu as pris les mauvaises décisions, mais tu as réagi et regardes l'homme formidable que tu es devenu.

Sa tête se relève vers la mienne dans une lenteur déchirante. Ses iris larmoyants reflètent toute la détresse qu'il ressent. Il est si fragile dans ces moments-là.

— C'est aussi ce douloureux passé qui a construit l'homme admirable que tu es maintenant. Tu as su te reprendre en main. Tu as été plus fort que la drogue. Au contraire, je suis tellement fier de toi. Je t'aime, mon Amour.

— Rentrons chez nous.

Je sors rapidement de cet endroit sombre et lugubre. Il transpire la mort. Alors avant que l'on croise une ancienne de ses connaissances au détour d'un poteau, je m'éjecte de cette gueule béante. Aussitôt, la lumière nous accueille, le soleil brille et dépose un voile de chaleur qui nous recouvre. Connor ne lâche pas ma main et régulièrement je jette un coup d'œil pour voir comment il va.

— Je gère, il me souffle en ajoutant son sourire en coin. C'est du passé et ça ne m'affecte plus, j'ai juste été déstabilisé. Et puis ça m'a permis de te balancer la vérité sur ce côté sombre de ma vie. C'est mon psy qui va être ravi.

Je me gare dans l'allée de notre maison. Notre cocon à tous les trois dans lequel nous sommes heureux. Cet endroit atypique nous ressemble. Extérieurement, la façade ne détonne pas des autres, mais à l'intérieur cet ancien garage a gardé tout le charme du brut entre béton et poutre en acier.

Jamais je n'aurais pensé habiter un tel endroit, mais depuis que Connor est entré dans ma vie, mes goûts ont changé, ils se sont modifiés pour être en adéquation avec l'osmose de notre couple.

Notre baraque – comme la désigne Connor – nous ressemble.

— On a du courrier, m'annonce mon homme en passant la porte.

Il dépose les lettres sur l'îlot central en marbre noir. Je prépare nos cafés et j'attends avec impatience que Connor vienne se coller à mon dos. Mais cette fois-ci, il reste loin de moi. Surpris, je me tourne tout en déposant la tasse face à lui. Connor est debout, immobile, il fixe l'écran de son téléphone.

Son attitude m'alerte et je contourne l'îlot pour le rejoindre. Je me colle à son dos, ceinture sa taille et pose ma joue contre son omoplate. Je patiente quelques secondes en espérant qu'il me confie ce qui le rend à ce point mutique. Voyant que mon étreinte ne le défend pas, je tente de le reconnecter.

Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à NoëlWhere stories live. Discover now