#SOLDAT | 03 - CONNOR

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Qu'ils aillent tous au diable !

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Là au moins, ils ne pourront pas m'interdire de respirer, de fumer, de parler ou de gueuler si j'en ai envie. Face à la mer, je hume les embruns, je laisse mon esprit se perdre dans les vagues et je rêve de remettre les pieds sur une planche de surf.

Univers que j'ai cependant souhaité abandonner derrière moi en m'engageant chez les Marines. Un coup de tête. Une révélation. Appelez ça comme vous voulez, mais je ne pouvais plus fonctionner ainsi.

Et pourtant, là, je donnerais tout pour pouvoir retourner à ma vie d'avant. Bon en effectuant quelques réajustements. Trois fois rien... L'armée m'a aidé à grandir, à devenir un homme, à acquérir des valeurs. Et plus jamais, je ne redeviendrai ce petit con.

Devoir me battre à côté d'autres soldats m'a permis de me trouver. De savoir que j'étais capable de m'oublier pour mettre en avant mes frères d'armes.

Mais comment appliquer tout ça à cette nouvelle vie ?

Ils ne se rendent pas compte des efforts que je dois produire pour supporter cette normalité. Pour accepter de me retrouver enfermé dans cette maison avec eux. Alors que, pendant deux ans, j'ai vécu dans une base sous des tentes ouvertes au vent, au soleil, à l'aridité des lieux.

L'équation était déjà compliquée à résoudre, mais là elle devient insurmontable.

Cohabiter avec un bébé, c'est au-dessus de mes forces. L'entendre pleurer comme tout à l'heure a réveillé de mauvais souvenirs. J'aurais préféré les laisser dans ce pays, dont le sable recouvre toujours les bords de la route où ce quinze novembre j'aurais pu perdre la vie sous cette chaleur étouffante.

Putain ! J'ai failli crever dans cette embuscade et mon père a osé me balancer des reproches à la tronche. Le meilleur ami de mon frère me parle comme si j'étais débile, tout ça parce que je ne suis pas en extase devant sa fille. Comment aurais-je pu savoir que la mère de la môme était morte en lui donnant la vie ?

Cette Éva, je ne l'ai croisée qu'une fois l'année dernière lors du Noël chez mes parents et je n'avais même pas remarqué qu'elle était enceinte. Je serai incapable de me prononcer sur la couleur de ses cheveux ou sur sa taille. Tout ce dont je me souviens, ce sont ses yeux.

Un bleu et un vert.

Je n'en avais jamais vu en vrai et c'était assez fascinant à étudier surtout après quelques verres. Mon regard n'arrivait pas à lâcher le sien. J'étais hypnotisé par ces deux billes aussi différentes que complémentaires.

Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant