#CHEF | 64 - JAMES

Start from the beginning
                                    

— Connor explique-lui que...

— Que quoi ? La raison pour laquelle je ne veux pas de gamins est pourtant simple. Je suis gay et la guerre m'a arraché le peu de foi que j'avais en l'humanité. Je ne tiens pas à transmettre une terre aussi pourrie à un gosse. Il y a bien assez de personnes irresponsables pour en avoir sans que j'y ajoute le mien.

— Au moins, les choses sont claires. Bouge ! Le mec irresponsable veut passer.

Connor me fixe sans se déplacer d'un iota. Les bras croisés sur son torse musclé, il est impressionnant. Son air grave me renvoie à ce mec qui a accompli trois ans chez les Marines. La guerre lui a enlevé bien plus que je ne l'imaginais.

— Je ne souhaite pas envenimer la situation. Je pense qu'on a besoin de réfléchir chacun de son côté.

— Tu veux faire un break ?

— Juste nous laisser le temps d'analyser ce qu'il vient de se dire et les conséquences que certaines décisions ont ou auront sur nos vies.

— C'est bien ça, tu désires faire un break !

— Appelle ça comme tu le veux, Connor. Je me casse et, ce soir, c'est chacun chez soi.

— Comme tu voudras !

Je sais que je lui fais mal, mais lui aussi m'a blessé. Je dois penser avant tout à ma fille.

Connor me fixe une dernière fois avant de se décaler. Je passe devant lui sans respirer. Le quitter m'arrache un bout de moi. Mais je dois me montrer fort et suivre mon idée. Chaque pas qui m'éloigne de lui est horrible. Je lui ai ouvert mon cœur, je l'ai laissé s'insinuer dans la moindre parcelle de mon être. Il a bousculé ma vie, celui que j'étais aussi. Je lui ai fait une place dans le duo que je forme avec ma fille. Et il vient me poignarder en me regardant droit dans les yeux.

Je ne dois penser qu'à elle. Alors pourquoi le visage de Connor reste-t-il imprimé dans mes rétines ? Pourquoi je sens les palpitations de mon cœur s'emballer ? Parce que j'ai été assez con pour croire à ses mots.

Ce petit con a obtenu mon cœur pour mieux le piétiner ensuite.

J'arrive devant le stand de Shannon et au regard qu'elle porte sur moi, je sais qu'elle est au courant.

— Surtout, n'essaye pas de le défendre. Où est ma fille ?

— Elle dort.

Je me dirige vers la poussette en accélérant mes pas. J'ai besoin de la voir. De respirer normalement juste en la regardant se reposer.

— James...

— Je ne veux pas écouter ce que tu as à me dire. Je suis trop énervé et déçu pour en entendre plus sur le « pauvre » Connor.

— Tu sais très bien que sa vision des choses lui est dictée par ce qu'il a vécu au sein des Marines.

— Est-ce que c'est Théo qui t'a appelé ? Ou bien Connor ?

— Ça n'a pas d'importance !

— Pour moi, ça en a. Alors ?

— C'est Théo.

— C'est bien ce que je pensais.

Je pose un billet de 10 dollars sur la boîte et récupère un sachet de biscuits.

— Bonne soirée, Shannon.

— À toi aussi, James.

— Elle va être merveilleuse puisque je vais la passer avec ma Princesse.

Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à NoëlWhere stories live. Discover now