Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à Noël

#CHEF | 14 - JAMES

Me sentant pris au piège, je passais de plus en plus de temps au restaurant. Il m'arrivait même de dormir sur place. Jusqu'au jour où je me suis pointé à la deuxième échographie. Éva n'arrêtait pas de me dire que je devais l'y accompagner. Je n'en pouvais plus de ses Post-it, de ses textos pour me rappeler le rendez-vous.

Alors, j'ai cédé pour avoir la paix.

Ce jour-là, j'ai découvert ma fille. J'ai entendu pour la première fois son cœur battre. Et là, il s'est passé un truc en moi que je n'ai pas su m'expliquer. J'ai compris que, quoi qu'il arrive entre Éva et moi, ce petit être serait la personne la plus importante de ma vie.

Notre séparation fut inévitable, mais je continuais à aller aux rendez-vous médicaux, aux séances de préparation à l'accouchement. Je tenais à être là pour tisser ce lien avec mon bébé et aider celle que j'avais aimée et épousée.

Le dernier mois avait été difficile pour Éva, elle avait très mal au dos et se plaignait de douleurs aux jambes et au ventre. Alors, j'étais revenu vivre à l'appartement pour pouvoir l'aider et la soutenir. Nous étions devenus des amis habitants en colocation qui dormaient chacun dans sa chambre.

Ce nouveau stade dans notre relation avait apaisé les tensions. Je ne lui en voulais plus, de toute façon, ça ne servait à rien de ruminer. Le bébé allait bientôt arriver et ma colère n'aurait rien changé à cet état de fait. Je devais assumer ce nouveau rôle de futur père et ami.

C'est ce que je m'efforce d'accomplir depuis le premier souffle de ma fille et le dernier d'Éva...

Je passe aux toilettes pour me filer un coup d'eau sur le visage avant de rejoindre mes amis, qui ont l'air d'avoir apprécié mes plats. Daly vient de leur déposer une sélection de mes desserts alors que je leur demande :

— J'ai besoin d'avoir votre avis sur mes pâtisseries. Je n'ai plus de chef pâtissier, donc je me sers de mes lointaines connaissances.

Je capte le regard échangé entre les deux frères et la réponse négative de Connor dans un mouvement de tête me rassure. Il n'est pas question qu'il vienne bosser pour moi.

— Connor, l'interpelle Théo, vu que les desserts c'est ta partie, tu en penses quoi ?

— C'est pas mal pour un cuistot !

— Trop aimable à toi !

— Tu veux un avis sincère ou tu préfères que je te lèche les bottes ?

Il me pose la question en me regardant droit dans les yeux. Forcément que sa phrase a un double sens.

« Arrête ta réflexion, car tu t'enfonces à chaque nouvelle pensée... »

Je dois mieux choisir mes mots même pendant mes analyses pour ne pas tomber dans son piège.

— Je veux un avis sincère, je n'en attends pas moins de toi et de ta franchise légendaire.

Connor les range en trois groupes et ajoute :

— Le premier tas, tu gardes. Le deuxième, tu dois les retravailler et le troisième... Tu les vires.

Forcément, c'est dans la troisième part que se trouvent le plus grand nombre de desserts.

— Donc sur dix réalisations, j'en ai un de bon et trois de moyens ?

— C'est ça ! Et encore, celui-là est à la limite de passer à la trappe, mais la petite sauce à l'orange le sauve.

— Tu veux bien me lister ce que je dois retravailler avant de retrouver un pâtissier qui fasse l'affaire ?

Je glisse vers lui un bloc-notes pendant que je goûte un des desserts qu'il a virés. Franchement, je le trouve dur dans son verdict, mais je reconnais bien là l'exigence du professionnel.

— Pourquoi n'embaucherais-tu pas Connor en attendant que tu déniches un bon pâtissier ?

Je m'étouffe avec un morceau de brioche perdue que je venais de tremper dans la sauce à l'orange.

— Pas question, clame-t-on en même temps avec Connor.

— Au moins, vous êtes d'accord pour une fois, balance Jess.

Ça serait ingérable avec nos deux caractères forts. Et ça le serait d'autant plus avec la façon qu'il a d'agir avec moi.

— Connor n'est pas...

— Je ne suis pas quoi ?

Il me toise avec un regard perçant, les mâchoires serrées et une folle envie de planter sa fourchette dans ma main posée sur la nappe blanche de la table ronde.

— Il n'est pas assez qualifié.

— Et qu'est-ce qui te permet de dire ça ?

— Tu n'as pas eu le temps de bosser dans des restaurants avant de t'enrôler dans l'armée. De plus, tu ne pâtisses plus depuis trois ans.

Connor encaisse les mots et les remarques, tel un boxeur acculé dans les cordes. Mais il se reprend grâce à un surplus de fierté.

— Teste-moi !

Je déglutis. Je cherche l'air qui me fait défaut. Que ça soit pour bosser ou du côté intime, ça a une résonance en moi.

— Je n'ai pas le temps pour ça. J'ai besoin de quelqu'un de qualifié qui se montre opérationnel et autonome. Ce qui n'est pas ton cas.

Connor est prêt à me sauter à la gorge quand Théo nous balance son idée.

— Connor pourrait bosser sur tes desserts de chez nos parents et le soir quand tu viens récupérer Mackenzie, tu pourrais goûter à ses préparations.

Son idée est loin d'être bête. Alors je regarde le principal intéressé pour voir ce qu'il en pense.

— C'est un bon compromis, j'ajoute. Tu avancerais à ton rythme...

— Je vais y réfléchir. Et puis, si l'on trouve un accord, je veux pouvoir donner mon avis sur le choix des desserts. Franchement, tu n'as pas plus ringard qu'une bûche roulée pour la période de Noël.

Il pousse devant moi ce dessert – qui pour moi – représente la tradition de cette fête.

— Que lui reproches-tu ?

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➥ On en apprend plus sur le couple que formaient James et Éva. L'amour s'était étiolé entre eux. Était-ce la bonne idée d'avoir un bébé dans ces conditions ?

➥ La méthode d'Éva pour tomber enceinte est discutable ?

➥ On peut comprendre que James ait mal pris l'annonce de la grossesse, non ?

➥ Pensez-vous que pâtisser de chez lui soit la solution ?

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📍 Demain matin, on lira le chapitre de CONNOR

✨ Mission kamikaze !

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🎅 Bonne soirée, mes #Christmas #Love, gros bisous 🎄

✨ Kty.Edcall.Autrice ✨