Chapitre 30 1/3

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Déambulant dans cet interminable couloir plongé dans la pénombre, je réalise que je suis frigorifiée.

Victoria ! m'interpelle-t-on soudain une voix masculine me faisant sursauter.

Je fais volteface retenant mon souffle, Wyatt court dans ma direction. Je hurle et essaye de soulever mes jambes en vain, ces dernières étant devenues du béton. La peur me fait suffoque. Je veux hurler, mais rien ne sort, du scotch obstrue ma bouche. Il approche et plus il avance, plus je vois dans quel état son frère l'a laissé.

— Sale pute ! Tu es morte ! crache-t-il.

Je me réveille brusquement en hurlant de peur, le cœur cognant dans ma poitrine. Je suffoque lorsque je ne vois que la pénombre. Je ne rêvais pas ?

J'essaye de chercher de la luminosité quand on me touche le pied. Je sursaute, crie et lance des coups dans le vent.

— C'est moi, Victoria, me rassure-t-il, d'une voix douce.

Nathanne ?

Essoufflée, je viens tâter devant moi à sa recherche alors que mon salon s'éclaire. Je grimace et poste ma main en direction de la lumière. Il revient, s'installe à mes pieds et passe sa main sur mes jambes dans un geste affectueux.

Il scrute chaque centimètre de mon visage et essaye tant bien que mal de garder sa rage cloîtrée au fond de ses tripes en mordant sa lèvre. Ses doigts frôlent les marques laissées par son frère. Malgré qu'il ne les touche pas, je sens une légère douleur. De son pouce il essuie une larme que je n'avais pas sentie. Ensuite, ses doigts plongent dans mes cheveux et dans un geste doux, il me fait incliner la tête pour pouvoir déposer ses lèvres sur mon front, toujours en silence. Je relève mon visage afin de le regarder et découvre pour la première fois une expression de souffrance sur son visage habituellement impassible, ses yeux sont fermés comme s'il souffrait, ses mâchoires sont serrées à deux doigts de casser ses dents. J'ai l'impression de ressentir sa douleur. Sans attendre, je me jette contre lui en me positionnant à califourchon, enfouis mon visage dans son cou et sanglote comme je n'ai jamais pu faire, pas depuis la mort de mon père. Ses bras m'étreignent fort, tellement forts que j'ai même du mal à prendre mon souffle. Sa main se place derrière mon crâne. Contrairement à moi, il ne laisse paraître aucun gémissement.

Une fois encore, je me réveille en sursaut quand je découvre un homme penché sur moi, ses mains me palpent les jambes. Je dévisage avec peur l'individu vêtu d'un uniforme d'urgentiste, une touffe blanche qui lui sert de cheveux. Je ne vois pas où est Nathanne. Lorsqu'il pose ses yeux gris sur moi, un sourire se peint sur sa bouche dévoilant des dents parfaites.

— Ah, madame williams. Je suis ravi de constater que vous n'avez pas besoin de moi pour sortir de votre sommeil.

Il vient à coté de moi au niveau de mon ventre lorsque la silhouette de Nathanne apparait, munie de son masque préféré, celui de l'inaccessible. Le médecin touche mon cou, le bouge doucement tout en me demandant si j'ai mal quand il fait ça, je lui réponds non.

— D'accord. Maintenant, ouvrez bien grand les yeux, s'il vous plaît.

J'obéis et une loupiote se place sur mes rétines me faisant grimacer par la même occasion.

— Bon, je pense qu'elle aura seulement de bons hématomes, mais rien de trop grave.

Le praticien se relève, range son matériel pour venir faire face à Nathanne. Tous deux, sont aussi oppressant l'un que l'autre. Grands et sculptés de muscles.

Il lui donne sa main que Nathanne serre sans attendre, puis l'homme lui parle à voix basse. Je me relève doucement, anticipant une quelconque douleur. Une fois assis, le docteur est sur le pas de ma porte accompagné de Nathanne. Ces derniers échangent quelques mots, bien trop bas pour que je puisse comprendre. Une fois fini il se tourne dans ma direction me salue nous lassant seul.

Nathanne reste immobile sans me quitter des yeux. Son attitude me met mal à l'aise, mon rythme cardiaque accélère, j'avale ma salive et inspire afin de me donner le courage que je n'ai plus.

J'ai l'impression de voir deux hommes différents, l'autre m'a serré fort dans ses bras écoutant ma douleur, lui, c'est l'homme pour qui j'ai bossé. Froid et distant rien de plus.

Comme une sensation que nous sommes deux inconnus.

J'ai envie de le secouer afin qu'il parle, qu'il me dise ce qui s'est passé après ! Lorsque je repense l'agression de son frère, des larmes me montent aux yeux, mais ne les laissent pas couler. J'inspire, les ferment et les rouvrent. Il n'a pas plus bougé.

Je me lance :

— Qu'as-tu fait à Wyatt ? demandé-je doucement, comme si je craignais de réveiller le monstre.

Ma question l'énerve, mais il répond :

— Quelque chose que j'aurais dû faire il y a bien longtemps, rétorque-t-il sèchement.

— Tu l'as tué ? lâché-je effrayée par ce qu'il vient de dire.

Un sourire se crée au coin de sa bouche, mais s'efface aussi vite. Plongeant mes mains sous le plaid, afin qu'il ne puisse les voir, je viens triturer mes doigts, anxieuse.

— Non, répond-il en tournant son visage pour regarder autre chose. Mais plus personne ne te touchera. Ils savent...

Son attention me revient.

— À quoi s'en tenir si cela se reproduit, m'avoue-t-il.

Mon cœur s'emballe alors qu'un tressaillement me parcourt. Je ne pourrais dire, si c'est son expression, si c'est cette révélation ou si c'est simplement que j'aime... ça. Je déglutis et poursuis mon questionnement :

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Il s'avance, son rôle de dominant fait son retour. Je suis directement happée par lui, par son comportement, sa fureur, sa noirceur. Quelque chose en moi vient de changer, je... comment pourrais-je appeler ça ? Deux émotions contradictoires se mélange, la peur et le désire... Bordel !

Nathanne s'agenouille devant moi, pose avec tendresse sa main sur ma cuisse.

— Ça signifie que s'ils recommencent, je ne serais pas tendre.

— Mais qui ça ils ? De qui parles-tu quand tu dis ils ?

— Je parle de Wyatt.

— Non, tu l'aurais nommé avant.

Agacé, il inspire comme pour se donner du courage :

— Arrête de te faire du mal pour rien. Ils ou, il. C'est pareil OK ?

— Je ne me fais pas de mal, tu me fais peur.

Mais cette peur je l'aime chez toi.

Ça, je le garde bien pour moi.

— Tu ne dois pas, prononce-t-il en se relevant.

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😘😘😘❤️❤️ ⭐️

❤️Un petit coucou 👋 🥰❤️

LES YEUX DU SCANDALE (réécriture)Onde histórias criam vida. Descubra agora