Chapitre 18, 2/3.

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Il est presque onze heures au moment où l'ascenseur s'ouvre sur Nathanne qui jailli de la cabine. Sa démarche évoque de la colère et de la frustration. Il est d'une humeur fracassent et c'est moi qui vais en chier, alors que je pourrais tout autant agir de la même manière. J'ai tellement de chose à lui reprocher et tant de questions qui sont sans réponse.

Un téléphone à l'oreille et une main dans la poche de son costume haute couture dans les tons sombres. Tandis qu'il s'avance vers moi, je commence à sentir son parfum, « Chanel bleu » que je connais très bien à force de traîner à Sephora en compagnie d'Alison. Je réajuste ma tenue et range mon bureau en toute discrétion. Que faisiez-vous au même endroit que moi ?

— M'a-t-on laissé des messages, Victoria ? me demande-t-il sans me regarder tout en raccrochant.

— Non. Mais un certain monsieur Ricci a appelé... Euh... Voilà !

Je lui tends le petit papier qu'il ne prend pas. Son ignorance me balance un vertige et une vague de frissons.

— D'accord. Ricci ne m'a-t-il pas laissé de message ? Me réclame-t-il en plongeant enfin ses yeux dans les miens.

Mais qu'est-ce que je viens de vous dire?

— Non, il n'a pas voulu.

— OK !

Ses yeux ne me lâchent pas, il se tient maintenant face à la grande porte de son bureau, mais ne l'ouvre pas. Au contraire, il revient sur ses pas et s'arrête devant moi.

Il arbore la même expression qu'il prend face aux autres femmes, celle qui te déshabille avant de te manger tout cru. Il humecte sa lèvre inférieure avec une sensualité à l'extrême. Troublant et surprenant.

— Vous êtes bien ravissante, aujourd'hui, Victoria, prononce-t-il d'une voix de velours.

Je déglutis en écarquillant les yeux. Quoi ? Les mots de Chloé viennent me gifler.

« s'il saute le pas un jour... resiste. »

Je frissonne me rendant compte que s'il se met à me parler comme ça, il sera compliqué pour moi de résister.

Je suis sous le choc et je préfère ne pas répondre. J'essaye tant bien que mal de garder mon calme, mais ça ne sert strictement à rien, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines.
Je me noie au fur et à mesure qu'il me toise.

Ma gorge s'est asséchée tout d'un coup, je ne peux plus avaler la moindre salive et commence à avoir de plus en plus chaud.
Merde, reprends-toi!

— Autre chose, Monsieur ? lui demandé-je le plus naturellement possible.

Bordel de merde!

— Oui, chuchote-t-il.

Une fois encore je déglutis, à vide.
Son corps s'incline lentement vers moi sans me répondre. Maintenant, son visage est à proximité du mien, je peux mieux distinguer ses yeux vert feuille de printemps, avec des traits jaunes.

Ce regard de serpent.

Et pour couronner le tout, d'agréables picotements se créent entre mes jambes, doucement je finis par les croiser pour calmer mes ardeurs. Je ne sais pas comment réagir face à lui, à son attitude aussi. Tout ça est bizarre.

J'ai peur, car si Chloé ne m'avait rien dit, j'aurai protesté d'une autre façon. Il continue de s'approcher tel un fauve prêt à bouffer sa proie. Maintenant que ses lèvres se trouvent à hauteur de ma joue, il me chuchote.

— J'aimerais pouvoir passer une agréable soirée en votre compagnie, Victoria, sentir votre peau contre la mienne, entendre les gémissements que je provoquerai sans mal. Et lorsque je caresserai chaque parcelle de votre chair, j'admirais les frissons vous parcourir.

Quoi ?

De nouveau j'essaye d'avaler ma salive, en vain. Et mon satané corps refuse de bouger, trop captivé par, lui. Il est entrain de m'ensorcelé ! Et sans grande difficulté, car je tombe dans les mailles de son immense filet.
Délicatement, son souffle vient titiller mon cou. « Promet moi...» Chloé me revient en tête.

— M... Monsieur, vous... Vous plaisantez ?

Mais il m'ignore, sa barbe naissante et entretenue me chatouille la joue.

— Monsieur ? Je...

— Chut, prononce-t-il. Pourquoi résistez-vous ? Je sais que je vous plais. N'ai-je pas raison ?

Je réussis enfin à avaler le peu de salive qu'il me reste, et lui réponds

— Non. Détrompez-vous, Monsieur. Puis-je reprendre le travail ? Sans vous offenser bien sûr.

Je me surprends moi-même. J'ai réussi !
Brusquement, il se redresse, toute trace de désir a disparu. Les traits de son visage se durcissent. Je lis à travers ceux-ci une parcelle de douleur, mais aussitôt remplacé par de la froideur.

— Réunion dans dix minutes. Soyez prête ! me lance-t-il sévèrement tout en repartant sans se retourner.

Je le toise étonnée et sans attendre je bondis de mon siège et l'interromps.

— Vous êtes sérieux ? vociféré-je en le suivant jusqu'à son bureau. Ça y est le grand...

Je me stoppe net car il se tourne pour me regarder, mais poursuit quand même:

— Monsieur Trivia n'a pas obtenu ce qu'il voulait donc il boude et reprend son air méchant. C'est quoi ça ? Vous vous prenez pour qui ? Je suis à deux doigts de démissionner!

L'indignation fait tressauter mon cœur dans tous les sens.

— Comme bon vous semble, crache-t-il en s'enfermant dans son bureau.

Choqué, je reste planté là, à observer sa porte close, bouillante de rage à son égard. Je viens récupérer mes affaires et hurle dans la pièce souhaitant qu'il m'entende.

— Aller au diable! et torcher vous bien le cul avec du papier de verre !

LES YEUX DU SCANDALE (réécriture)Where stories live. Discover now