Chapitre 46

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Vingt minutes avant minuit, Clarke entra dans le centre de commande. Momentanément désorientée, elle s'arrêta à la porte. La pièce était brillamment éclairée et pourtant pratiquement déserte. Les écrans montraient des images que personne ne regardait ; les chaises vides traînaient devant des bureaux sur lesquelles gisaient de vieilles tasses de café et des emballages de nourriture, comme si tout avait été abandonné à la hâte. Ici et là, on voyait une veste ou un pull laissés sur une chaise. L'atmosphère à laquelle elle était habituée avait été remplacée par une sorte de chaos vide qui la rendait nerveuse.

- Mademoiselle Griffin ?

Clarke sursauta et se retourna. Lindsay Ryan lui souriait, une tasse de café à la main.

- Je n'arrivais pas à rester là-haut.

- Ce n'est pas étonnant, répondit Ryan avec sympathie. Vous en voulez ? demanda t'elle en levant sa tasse.

- Je suppose que vous ne savez pas l'a fait ? J'ai goûté à celui que font certains d'entre eux et c'est une expérience que je ne veux pas retenter maintenant.

- En fait, je viens juste de le préparer répondit Ryan en riant. Lincoln et Octavia sont tous les deux collés à leur console de communication, ils en ont sûrement besoin.

- J'imagine, murmura Clarke en repensant aux longues heures passées à attendre que Loverboy se manifeste.

Elle s'avança dans la pièce et regarda l'équipement des Communications qui couvrait tout un pan de mur et tout le bureau devant lequel Octavia et Lincoln se tenaient. Elle était presque sûre qu'ils n'avaient pas bougé d'ici depuis des jours.

- Je vais vous croire sur parole alors, dit Clarke en indiquant le café. Je crois que je vais en avoir besoin

Elles retournèrent vers la petite alcôve où se trouvait la machine à café et le réfrigérateur. Clarke se servit et le goûta du bout des lèvres. Pas mauvais. Elle s'appuya à la table.

- Rien de neuf ?

- Pas encore. Lincoln a une ligne directe avec le Commandant Woods, mais tout ce que l'on sait c'est qu'elle et Ontarie sont sur place. ( Elle hésita.) Vous savez, d'ici on ne peut pas avoir une vue d'ensemble et parfois une vision incomplète peut-être pire que pas de vision du tout.
En d'autres termes, Ryan voulait la convaincre de partir.

- Vous pensez que ça va mal tourner ?

Elle n'était pas venue plus tôt pour ne pas distraire Lexa dans ses préparatifs. Elle s'était obligée à s'asseoir dans sa cuisine et à attendre. Elle avait vu l'horloge arriver à vingt-trois heures, elle s'était imaginée Lexa mettant son gilet pare-balles, préparant ses armes. A chaque minute qui passait, son anxiété ne faisait que croître. Elle voulait tant la voir avant qu'elle ne parte.
Simplement pour lui dire.....lui dire ce qu'elle ne lui avait pas dit avant. Je t'aime

La gorge sèche, elle insista :

- Quelque chose ne va pas ?

- Non, répondit Lindsay tout de suite. Mais j'ai vu assez de ces opérations pour savoir que ce que je pense qui va se passer, n'est le plus souvent pas du tout ce qui arrive. Ça vous met les nerfs en pelote quand vous ne pouvez rien y faire.

- Agent Ryan, je doute vraiment qu'il se passe quoi que ce soit que je n'aie pas déjà imaginé. Et croyez-moi, en ce qui me concerne, savoir sera bien mieux qu'imaginer. Je ne marcherai sur les pieds de personne, promis.
Ryan lui toucha brièvement le bras dans un geste de sympathie et de compréhension.

- Venez avec moi, nous allons attendre ensemble.

00h05

Depuis sa position surélevée, la plateforme d'une grue abandonnée, Lexa avait une vue parfaitement dégagée de l'entrée du parc et du parking devant. Il n'y avait plus de lumière dans ce parc depuis longtemps, mais la route non loin était bien éclairée et la pleine lune donnait une vision suffisante pour qu'elle n'ait pas besoin de ses lunettes de vision nocturne. Elle discernait les contours de quelques bâtiments, les fenêtres cassées et les portes qui pendaient sur leurs fonds , restes squelettiques du parc délaissé. Dans les rayons bleutés de la lune, cela ressemblait à un cimetière de créatures préhistoriques.
Au sol, non loin devant elle, Ontarie attendait dans ombre. Selon la proposition de Gustus, que Lexa avait acceptée avec réticence, la jeune femme était en première position. Tout en guettant l'apparition d'un véhicule ou un mouvement furtif, dans le parc, elle scannait toutes les fréquences, écoutant l'habituel litanie des équipes qui donnaient leur position. Sporadiquement, Gustus demandait si l'équipe d'interception était bien prête. Il était possible que leurs échanges soient écoutés, mais elle doutait que Loverboy ait déjà eu le temps de se verrouiller sur leurs fréquences, même s'il était déjà sur place.
Elle regarda de nouveau sa montre. Elle allait arriver d'un instant à l'autre.

Garde Du Corps avant toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant