Garde Du Corps avant tout

Chapitre 7

Lexa claqua la porte du bureau suffisamment fort pour faire vaciller la vitre. Les six agents présents sursautèrent violemment avant de se replonger dans un examen attentif de leur stylo. Lexa se tint immobile en bout de table en essayant de contenir sa colère.

_ Lequel d'entre vous avait connaissance de ce détail depuis plus de six mois ? demanda t-elle d'une voix tranchante. Après un moment de silence, Lincoln s'éclaircit la gorge.

_ Nous tous, commandant.

_ Vous tous.... Elle les regarda l'un après l'autre lentement.

_ Oui, commandant.

_ C'est à se demander si aucun d'entre vous est à la hauteur de sa mission, ou digne d'elle. Clarke Griffin, la fille du président des Etas d'Amérique, est restée sans protection durant des mois, et aucun d'entre vous ne l'a signalé ? Même si éventuellement je pourrais passer sur votre manque de considération vis-à-vis d'elle, et je ne peux pas, il est impossible que je pardonne votre silence sur ce danger potentiel concernant directement la sécurité nationale. Un enlèvement et c'est la présidence qui est menacée. Elle se pencha en avant, les deux mains à plat sur le bureau.

_ Je veux vos demandes de transfert sur mon bureau dans une heure. Lexa s'apprêtait à sortir quand Nyhla se leva subitement.

_ Commandant !

_ Oui ?

_ Je ne veux pas être transférée, je veux rester sur cette mission.

_ Vraiment ? Et pourquoi ça ? Nyhla prit une profonde inspiration.

_ Parcequ'elle est sous ma responsabilité et que je peux faire ce que personne d'autre ne peut faire. J'ai passé les derniers mois à la suivre dans la moitié des bars gay de la ville, je suis identifiée et acceptée, je peux aller où les autres ne peuvent pas aller. Vous avez besoin de quelqu'un à l'intérieur, et c'est moi. Lexa la regarda en silence. Nyhla rencontra son regard pénétrant et reprit :

_ J'aurais dû faire un rapport plus tôt. Nous la perdons régulièrement et c'est uniquement parce que nous ne sommes jamais informés de ses déplacements, soit qu'elle les change au dernier moment, soit qu'elle nous mente intentionellement. Nous sommes tous frustrés, mais ce n'est pas une excuse.

_ Vous avez raison, vous n'avez aucune excuse. Malgré le manque de collaboration de mademoiselle Griffin, il était de votre devoir de la garder et de la protéger. Si vous n'êtes pas à la hauteur, vous n'avez rien à faire ici. Je ne veux personne dans cette équipe qui n'ait pas vraiment envie d'y être. Elle lança un regard dur au groupe d'agents.

_ Il n'y aura aucune répercussion si vous demandez votre transfert maintenant, mais je peux vous assurer que vous serez immédiatement tranférés dans notre ambassade en Somalie si vous foutez en l'air mon boulot.

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Une heure plus tard, Lincoln frappa à la porte du bureau de Lexa.

_ Commandant ? Lexa étudia le beau visage grave de Lincoln, ses yeux noisettes étaient sérieux.

_ Vous restez ou vous partez ? demanda t-elle.

_ Je reste si vous le voulez bien. Deux hommes veulent leur transfert, ils rassemblent leurs affaires. Je suis désolée d'avoir déconné, si vous ne me faites plus confiance.... Lexa l'interrompit :

_ J'ai besoin d'un bon coordinateur Lincoln. Nous avons une cible peu coopérative, et ce n'est pas parti pour changer. Nous allons devoir réajuster le personnel, l'emplacement des véhicules, qu'ils soient prêts à partir à n'importe quel moment. Il faut que je sois près d'elle, constamment, jusqu'à ce qu'elle prenne bien conscience que nous ne partirons pas. Elle lut le doute, vite réprimé, sur le visage de Lincoln. Elle rit et la tension se relâcha pour la première fois depuis qu'elle avait quitté la salle de gym.

_ Oui, je sais, je rêve. Vous serez le coordinateur quand nous sommes ici et le responsable des communications lorsque nous sommes sortie. Vous en êtes ou pas ? Il lui adressa un brillant sourire.

_ J'en suis.

_ Bien. Trouvez-moi des remplacements pour les deux agents qui nous quittent. Je ne veux même pas voir les dossiers avant que vous les ayez rencontrés. Et, Lincoln, nous savons tous les deux quel a été le problème. Si vous sentez ne serait-ce qu'une once d'homophobie, je ne les veux pas sur cette mission. Le style de vie Clarke ne nous concerne absolument pas et ne doit pas perturber le travail. Je veux que ce soit bien clair.

_ Oui commandant, c'est compris.

_ Bien. Nous ferons un briefing pour le voyage à Washington à 7H00. 

Dès que son second ferma la porte derrière lui, Lexa se laissa aller sur sa chaise et ferma les yeux. Elle n'avait aucune envie de penser aux avances ouvertement sexuelles de Clarke, mais il le fallait bien. Elle ne pouvait pas se permettre d'être distraite, mais elle ne pouvait pas nier l'effet que Clarke avait sur elle. Heureusement, c'était purement physique, et ils seraient à Washington dans deux jours. Elle pourrait toujours trouver de quoi calmer les demandes insistantes de son corps à ce moment-là.

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Lexa fut la première à monter dans l'avion. La cabine était petite et Clarke était assise seule en queue de l'appareil. Trois autres agents avaient pris plus tôt juste dérrière le cockpit. Elle leur fit un signe avant d'aller s'asseoir près de Clarke. Elle étira ses longues jambes, puis elle sortit des documents de sa serviette et les étala devant elle.

_ Vous avez des plans pour ce soir, agent Woods ? demanda Clarke.

Elle aimait bien le look décontracté de Lexa, un pantalon kaki assorti à sa veste et une chemise simple en coton blanc. Elle la préférait tout de même dans ses jeans fanés qu'elle portait quand elle n'était pas de garde. Clarke se souvenait parfaitement bien de quoi elle avait l'air habillée comme ça. En fait, chaque fois qu'elle se souvenait de la nuit dans ce bar, elle ne voulait rien de plus que glisser ses mains dans ce foutu jean. Ce qui paraissait très improbable vu l'état actuel de leur relation. Lexa sourit et  secoua la tête.

_ Non pas de plan. Au fait, bon anniversaire. Clarke rougit légèrement avant de se souvenir qu'elle était juste polie comme la plupart des gens qu'elle rencontrait. Elle se pencha et baissa la voix.

_ Pourquoi vous remerciais-je ? Je suppose qu'il n'y a aucun baiser d'anniversaire en perspective ? Lexa leva les yeux, nota combien elle était attirante avant de retourner à ses papiers.

_ Non, en effet.

Elles ne dirent plus un mot durant le reste du vol. Lexa accompagna Clarke jusqu'à l'une des entrées privées de la Maison-Blanche et elle attendit qu'un garde ouvre la porte.

_ Je vous vois demain matin, mademoiselle Griffin.

La porte claqua sans qu'elle reçoive de réponse. L'équipe de sécurité de la Maison-Blanche en avait maintenant l'entière responsabilité et ce jusqu'au lendemain. Lexa se sentait prête à apprécier à sa juste valeur une journée de repos et une soirée détente.