Chapitre 18

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Quelqu'un cria son nom, un horrible hurlement de douleur. Puis plus, rien.

Il nous faut une autre voie...... ouvrez la perf à fond..... Bordel ! Je ne peux pas maintenir la pression sanguine, la tension s'effondre....Putain ! mais où est le O nég... Une autre ampoule d'épi en intracardiaque! On y va..... Massage cardiaque..... Rien ? J'ai un rythme ! Merde, toujours pas de pouls.....continuez le massage......Rien......Je veeux plus de sang.......Allez, allez...... Rythme sinusal normal.....Bon Dieu, dis-leur de se magner !

Lexa ne se rappela rien du trajet ni des quarantes minutes frénétiques aux urgences avant qu'on l'emmène en salle d'opération. Les premiers jours, on la laissa sous sédatifs aux soins intensifs. Un tube dans la trachée était sa seule source d'oxygène, d'autres tubes drainaient les fluides hors de son corps. Une machine respirait à sa place, elle ne pouvait ni bouger ni parler. De temps à autre, un stimuli perçait son inconscience et elle retrouvait quelques sensations : un son, une lumière, quelqu'un qui la touchait. Et il y avait toujours une voix douce qui murmurait, qui la réconfortait. Les mots n'avaient pas de sens mais ils étaient curieusement tendres et rassurants. La douleur était comme un orage lointain qui roulait sur les plaines de sa conscience, omniprésente.

_ J'ai mal....

_ Je sais chérie, je sais.... On ne peut pas lui donner queque chose, pour l'amour du ciel !

_ Lexa, tout ira bien. Accroche-toi, je t'en pris. J'ai besoin de toi....

La voix lui était familière mais le visage encore flou. Une fois, elle ouvrit les yeux et fut presque certaine que le visage ruisselant de larmes au-dessus du sien était celui de Clarke. Mais c'était impossible, non ? La fois suivante, elle était assez lucide pour réaliser que c'était une infirmière. Lexa n'entendait que des bouts de conversations et elle essayait désespérement de comprendre ce qui lui était arrivé. Malheureusement, tout était encore trop vague et irréel, impossible de rendre les évènements cohérents. Une voix masculine disait :

_ Laissez-moi vous reconduire à la maison, il faut que vous vous reposiez.

_ Non. Pas encore. Ils ont dit encore 24H avant d'être sûr....

_ S'il vous plaît..... ça n'aide pas......insista l'homme gentiment.

_ Ca m'aide, moi.

Lexa était consciente que des gens la palpaient, la tournaient, la couvraient, la lavaient. Cependant, le seul contact qui l'ancrait dans la réalité était une main douce qui semblait tenir la sienne durant des heures. Dès qu'elle rassemblait assez de force, elle serrait les doigts qui tenaient sa main et la voix revenait, qui murmurait de tendres mots d'amour et des encouragements à son oreille.

_ Qui....

_ Tout va bien mon amour, n'essaie pas de parler.

_ Reste....

_ Je suis là.

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Lexa était allongée, les yeux clos, et tentait de faire le point sur sa situation. La plupart des tubes qui l'aidaient à vivre, et dont elle n'avait eu que vaguement conscience, avaient disparu. Le niveau sonore avait nettement baissé, elle en déduisit qu'elle n'était plus en soins intensifs. Une main douce lui caressait les cheveux. Elle ouvrit dificilement les yeux et tenta de voir la personne à ses côtés. La lumière du jour qui entrait par la fenêtre l'éblouit.

_ Bonjour, chérie.

Lexa leva le bras pour prendre les doigts sur sa joue. Elle était stupéfaite et très effrayée de constater combien ce geste lui était pénible. Elle espérait qu'elle ne paraissait pas aussi mal en point qu'elle se sentait.

_ Bonjour, maman. Tout lui revint d'un coup et la panique la submergea.

_ Clarke ! Elle va bien ? Elle n'est pas blessée ? Elle voulut s'asseoir et s'aperçut qu'elle était incapable de soulever sa tête de plus d'un centimètre. La douleur avec laquelle elle avait vécu ces derniers jours se solidifia soudain en une lance de feu qui lui déchira la poitrine.

_ Ah......ah.....haleta t-elle en retombant sur l'oreiller.

_ Reste tranquille Lexa, lui ordonna fermement sa mère. Mademoiselle Griffin va bien, elle n'a pas été blessée. En fait, tu es la seule à t'être fait tirer dessus. Lexa ferma les yeux, épuisée par son effort. Malgré sa fatigue, elle se sentait rassurée et satisfaite. Le sommeil la rattrapait, mais avant elle voulait savoir.

_ Qui est responsable ? Qui la surveille ?

_ Je crois que c'est un jeune homme qui s'appelle Finn ou quelquechose comme ça .

Elle approuva, rassurée. Il n'arriverait rien à Clarke. Tranquilisée, elle s'endormit.

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Marcea Cassells regarda longtemps sa fille endormie. Elle pensait à l'autre jeune femme qui avait passé tant d'heures près de ce lit à tenir la main de Lexa, à lui caresser les cheveux, à murmurer à son oreille d'une voix amoureuse. Elle savait que quelques soient les batailles que sa fille avait dû  mener, ces longues heures sombres avaient été plus légères grâce à la présence de cette femme.

Elle se demanda si elles avaient conscience de la profondeur de leurs sentiments...Peut-être que seule une personne extérieure à cette intimité pouvait s'en rendre compte. Le sens du devoir de Lexa était trop bien aiguisé pour qu'elle ait laissé quoi que ce soit transparaître. Malgré tous ses efforts pour le dissimuler, il était évident que quelque chose d'important se passait entre elles.

Marcea sortit dans le couloir et trouva un téléphone. Elle composa rapidement le numéro qu'on lui avait griffonné sur un bout de papier.

_ C'est Marcea Cassells, anonça t-elle quand une voix masculine lui répondit. Elle attendit un moment jusqu'à ce qu'une femme prenne l'appareil et lui demande avec anxiété :

_ Elle est......?

_ Elle est réveillée. Elle est faible mais elle va bien. Après un silence, la voix tremblante lui dit :

_ Merci infiniment de m'avoir prévenue. Marcea hésita une seconde puis elle ajouta :

_ Elle a immédiatement demandé de vos nouvelles. Clarke inspira brusquement. Ce que j'aurais voulu être là à son réveil.... Quand il avait été clair que Lexa était hors de danger, la Maison-Blanche et le Secret Service avait lourdement insisté pour l'emmener dans un endroit sûr où elle devrait attendre, en rongeant son frein, le temps que l'enquête sur l'attentat soit close. Elle ne voulait pas quitter son chevet, mais elle ne pouvait pas lutter contre eux tous. Même Lincoln lui avait fait comprendre que c'est ce que Lexa aurait voulu. Puis il lui avait rappelé que c'est en la protégeant qu'elle avait été blessée presque mortellement et finalement, Clarke avait cédé à ce dernier argument. Jamais elle n'avait dû faire quelque chose d'aussi dur. Laisser Lexa seule, c'était comme vivre en laissant son coeur derrière elle.

_ Pouvez-vous lui dire que....que je.... Clarke se tut, confuse. Jamais Lexa ne la croirait.

_ Je crois que vous devriez lui dire vous-même, en temps voulu, répondit Marcea gentiment.

_ Ou, bien sûr. Elle remercia la mère de Lexa et reposa lentement le combiné. Elle savait qu'elle n'aurait jamais l'occasion de parler à Lexa de ce qui grandissait dans son coeur.

Garde Du Corps avant toutWhere stories live. Discover now