Non-dit!

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Chaque matin, j'observais désormais un petit rituel dont je me serais volontiers acquitté. Le regard étudiant mon reflet, je sillonnais de mes doigts le contour de ces vilaines marques, stigmates d'un souvenir bien déplaisant. 

Celles-ci avaient commencé à se dissiper, et j'espérais les voir complètement disparaître avant le retour des frères. Il serait laborieux de leur expliquer d'où elles viennent… Maudit chien…

"T'as vraiment une sale tête F…"

Me lançant une gerbe d'eau froide, je tentais d'éliminer les quelques cernes embarrassantes me collant au visage.

Il est 8h du matin, et je dois expressément rejoindre le bureau de Takeomi. Celui-ci n'appréciant pas le retard, hors de question de traîner, le maquillage se fera donc léger.

La gigantesque fourmilière composant le Bonten se mettant en activité à cette heure-là, le building en était grouillant de vie. Cela voulait d'autant dire que j'allais devoir faire face aux nombreux regards interrogateurs des autres membres présents dans les couloirs du bâtiment.

J'avais pris pour habitude de me faire la plus discrète possible ces derniers temps, m'éclipsant aux premières lueurs du jour pour prendre mon poste de travail,
et par chance, je n'avais pas eu à recroiser Haruchiyo. 

C'est ainsi, vêtu d'un haut sans manche pourvu d'un petit col roulé, celui-ci camouflant à la perfection mes ecchymoses, que je descendais prudemment les étages.
Bien que les températures extérieures se soient légèrement adoucies, un vêtement trop imposant par ce temps aurait pu éveiller quelques soupçons, il ne fallait pas que je me fasse remarquer.

Depuis mon retour, j'évitais autant qu'il m'était possible d'utiliser l'ascenseur, préférant prendre la cage d'escalier et sa tranquillité.
Bien que cela ne soit pas toujours envisageable compte tenu de la taille du bâtiment. 

En réalité,
mon cœur s'emballait inévitablement, lorsque, franchissant chaque palier, la cabine devait s'immobiliser pour y laisser s'engouffrer quelques individus.

Je vie désormais dans la crainte absolue de le croiser. 

Atteignant enfin l'étage desirer, j'ouvrais délicatement la porte me séparant du long couloir menant au bureau de notre donneur d'ordre. C'est ainsi complètement confuse, que je me retrouvais subitement nez à nez avec Kakucho, le bel homme sortant manifestement de l'ascenseur, et visiblement tout aussi surpris.

- Eh bien, qui voilà ! 

- Kaku!!!

Lui avais-je répondu surprise. 

C'est avec le sourire lumineux qu'il entamait la conversation.

- Voilà une coïncidence des plus agréable dès le matin !

Avant de continuer 

- Comment va la plus belle? Ça fait un bout qu'on ne s'était pas vu !!! 

- Depuis la dernière réunion il me semble? Et comme tu n'es pas rentré le week-end dernier… 

Inclinant sa tête délicatement vers l'avant, il se grattait timidement le cuir chevelu. 

- Est-ce-qu'il m'est permis de penser… Qu'à tout hasard, je t'aurais manqué ?

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