Retour!

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Chatouillant mon visage, la tiédeur des rayons du soleil traversant la baie vitrée étaient venus me tirer de mon sommeil. La machine à expresso s'était mise en route, laissant les notes subtiles du café fraîchement torréfié envahir l'espace. 

Quelle sensation plaisante que celle qui nous enveloppe et nous auréole d'une étonnante légèreté.
Cette émotion douce et chaleureuse que je connaissais si bien m'avait profondément manqué. 

« J'étais de retour. »

L'événement dont j'avais été la victime s'était noué la nuit dernière ici, et affligé par tant d'aversion, j'avais fini par fuir dans ma CR.

Loin de ce monde, loin de cette horreur et de ces souvenirs immondes, loin de ce déchet humain, de cette organisation.

« J'avais tout simplement fui. »

Pour mon bien, pour ma conscience, avec la ferme intention de ne plus jamais y remettre les pieds…

«Douce illusion.»

L'on ne réchappe pas si facilement d'un endroit pour lequel nous nous sommes autant sacrifié, investis et attaché.
Les choses ne sont pas toujours aussi simple. Et quand bien j'en étais convaincu, en définitive, tout dans ma CR me rappelait à y revenir. 

Agrippant de mes doigts ces draps blancs si soyeux qu'il me semble avoir quittés depuis une éternité, je humais le parfum si délicat de ceux-ci.
Ils n'avaient pas encore été changés ce qui m'arrangeait bien…

«L'odeur de Rin… »

Un goût amer et salé s'était invité, dévalant en cascade mes joues.
Aucun doute, c'était son odeur, j'étais bien revenu.

Je suis restée planté là quelques secondes, à contempler chaque recoin de la pièce comme s'il s'agissait de la toute première fois, mais la vibration  d'un portable m'arracha de mon euphorie. 

Celui-ci se trouvait à quelques cm de moi, sur la table de chevet, je l'attrapais, frénétique ! 

Je ne pensais pas un jour être aussi comblé de voir autant d'appels et de messages en provenance d'une seule et même personne, malgré un contenu qui n'avait rien de très glorieux.

L'homme de ma vie était inquiet, comme il l'avait toujours été lorsque je ne lui répondais pas assez rapidement.

Les frères étant en déplacement pour quelques jours, ils n'avaient pas été mis au courant de la mission de dernière minute auquel j'avais été rattaché.
Ce sont là des choses qui arrivent communément, même si de manière générale, ils préfèrent toujours en avoir connaissance.

Je consultais chacun des messages qu'il m'avait fait parvenir avec une attention particulière, ceux-ci passant de l'appréhension aux annotations parfaitement mignonnes, sans oublier ceux emprunt d'une légère pointe d'exaspération et de frustration. Sa jalousie maladive n'a pas changé, mais après tout, cela fait seulement deux petits jours que nous nous sommes quittés ici.

L'aînée m'avait quant à lui laisser quelques notes, me demandant simplement avec un humour piquant de répondre à son petit frère chéri, sans faire plus d'histoires. 

RéminiscenceWhere stories live. Discover now