Dépravation!

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La première fois…

La première fois en une année complète au Bonten, qu'il m'avait fait appeler dans son bureau. 

Face à cette gigantesque baie vitrée composant la pièce sobre, l'homme au teint blafard se tenait, fixant un point dans le vide, Sanzu avait pris place à ses côtés. 

Cet homme que tout le monde pense qu'il est estimé, la réalité en est tout autre…. Il est simplement craint, juste craint…

Ses pupilles renferment un abîme de noirceur… Il est vide…. Vide de tout… Ni joie, ni colère, ni peur, ni tristesse, il n'y a rien, absolument rien, une coquille vide et c'est ce rien que tout le monde appréhende ici…. 

Mikey: Sanzu, laisse nous seul ! 

S: Bien patron. 

Avançant dans ma direction, le geste nonchalant et les mains dans ses poches, son regard effrayant se posa sur moi, ses cicatrices s'élargissant, le sourire sadique sur la face, il se penchait, me glissant quelques paroles à l'oreille avant de quitter la pièce . 

Tu flippes?

Il ne m'avait rien dit de plus, et n'avait même pas attendu ma réponse, pas nécessaire puisqu' il la connaissait, et il n'avait pas tort. 

Le regard toujours au loin, le boss m'incita à m'installer sur l'un des canapés trônant au milieu de cette pièce, avant de me rejoindre, après un silence extrêmement pesant d'une longue éternité. 

Sur la table basse face à moi, il déposait un bocal de petite taille contenant un liquide translucide ainsi qu'un composant douteux à l'intérieur. 

Mikey: Sais-tu de quoi il s'agit ? 

La question est d'une simplicité, et pourtant, l'ouverture de mes lèvres face à lui est affreusement compliquée. 

Il n'est pas imposant, loin de là, et pourtant, son aura est écrasante. 

Il ne s'agit pas d'une émanation meurtrière comme celle qui encadre le chien, non, lui est différent, c'est totalement inexplicable, et pourtant…Je suis terrorisé...  

Cet homme, même la mort ne veut pas de lui, il est pourtant si frêle, pas bien grand, pas bien costaud et vu les cernes excessives ornant son visage, il ne dort probablement pas correctement depuis de nombreuses années, néanmoins, il encaisse absolument tout…

Un jour, dans un éclair de lucidité,
il aura tenté de mettre fin à ses jours m'avait on raconté.
L'arme contre la tempe, sans aucune hésitation, il avait tiré… La balle n'a jamais voulu sortir, et la lucidité rapidement envolée, il a alors rejoint de nouveau l'obscurité.

Même la mort l'a abandonnée, ou disons le plutôt, il est déjà mort en réalité. 

Ce néant, cette faille béante intérieur, c'est ce qui le maintient encore debout finalement, quelle ironie.


J'inspectais l'objet qu'il venait de déposer, tentant tant bien que mal d'entretenir un minimum de concentrations sur celui-ci. 

RéminiscenceWhere stories live. Discover now