Chapitre 24: Quai n°6

Start from the beginning
                                    


04h50.


"Assieds-toi... Ouais, voilà, marmonna Tate en m'installant sur une chaise. Tu veux un Soda?

- On a bu les derniers tout à l'heure, se désola Zain.

- T'as bu?

- Non. ! Non, absolument pas, justifiais-je en prêtant serment devant leur regards insistants.

- Vraiment?

- Juste des Diabolo Fraise. Des litres et des litres de Diabolo Fraise...

- C'est pour les enfants ! pouffa le brun.

- C'était sa boisson préférée, répliquais-je presque agressivement. "


Il y eut un silence. A nouveau. Puis le châtain se sentit obligé de couper une part de cake qu'il avait acheté dans la journée, et de me le servir. Il se posta à côté de moi, les coudes posés sur la table et la tête maintenue dans ses paumes.


" On est là nous, tu le sais?

- C'est... C'est ça le truc... T'as déjà vécu ça, non? J'veux dire... Le vide. Le néant. La personne qui faisait de ta vie une sublime aventure part et... Et c'est juste le chaos. Elle m'a largué en plein enfer.

- Tu lui en veux? osa Zain.

- Non.

- Non?

- C'est de ma faute après tout.

- Ysia..., grogna le châtain en me caressant le dos.

- Elle n'était pas heureuse avec moi.

- Et toi, tu l'étais? questionna à nouveau le bronzé. "


Je sentais les larmes chatouiller la frontière qui séparait mes paupières de mes joues, et elles franchirent celle-ci sans trop de mal, naturellement. Elles noyaient mon visage sous un chagrin dévasté. J'étais comme foutue.

" Le bonheur, pour moi, c'est de me lever le matin sans sentir mes boyaux se dandiner dans mon ventre à cause de l'angoisse, soupirais-je. C'est de boire mon jus de fruit devant la télé sans me demander ce qui va bien pouvoir me tomber dessus aujourd'hui. C'est sortir de la douche emmitouflée dans un tee shirt trop large en coton et me poser à la fenêtre, une tasse chaude entre les mains, et respirer. Sentir l'odeur de la pluie, ou me laisser bercer par les chants des oiseaux. Et, surtout, c'est d'être certaine que quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, son coeur sera toujours mon refuge. Elle était tout. Elle m'apaisait. "


05h30.

Zain avait fini par trouver le sommeil sur un oreiller, par terre. Je sirotai un café, la tasse coincée entre mes mains qui cherchaient une source de chaleur. J'observai mon ami : il avait l'air paisible, et Dieu comme je l'enviais, car jamais plus je ne pourrais afficher une telle innocence sur mon visage. J'entendais Tate dans la salle de bain, il venait de finir sa douche. Je contournai le corps endormi de mon meilleur ami afin de me poster devant la fenêtre. La fumée de mon café s'envola immédiatement dehors lorsque j'ouvris la fenêtre. Il faisait froid. Et je me demandais si elle avait froid, elle aussi, ou quel soit. Ou si elle était confortablement installée sous sa couette, à lire un livre. A penser à autre chose. A autre chose que moi.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now