Survie

20 Un Début de Relation (2/2)

— T'as beaucoup d'amis au lycée, c'est ça ? Plutôt un mec populaire ? Habituellement, ce sont des profils de gens sociables qu'on retrouve ici, mais toi, t'as pas besoin de ça ! fait-il en souriant, me dévorant des yeux.

Cédric est persuadé que tout le monde lorgne sur moi comme il le fait — je suis presque certain que j'en rougis légèrement de gêne —, et je me sens obligé de le détromper.

— Pas du tout... je suis très solitaire et j'évite le monde au lycée... j'aime qu'on me foute la paix... dis-je franchement.

Pendant que je parle, il me détaille — sa cuillère dans la bouche —, et son regard affamé posé sur moi. Affamé de ma personne... vu le regard qu'il me jette, ce n'est pas son brownie qu'il pense à enfourner — ai-je pensé ça ? honte sur moi...

D'un coup, il plonge sa cuillère dans sa boule de glace et m'adresse un de ses sourires charmeurs.

— J'adore ta voix... légèrement rauque, elle déraille parfois un peu, et ça te rend encore plus sexy... j'ai envie de te croquer ! s'exclame-t-il.

Son intonation pue la luxure et ses yeux crient braguette. Ça m'en coupe l'appétit, et je suis comme paralysé par l'embarras. Il continue.

— Je suis curieux de savoir si elle sort aussi rauque quand tu gémis, murmure-t-il sensuellement.

Là, je sens que je suis rouge de honte. Je suis assis sur ma chaise, le corps le plus en arrière possible, comme pour m'éloigner de Cédric. Qu'est-ce qui lui prend ?

— Tu... ne devrais pas dire ça... dis-je, mal à l'aise.
— Pourquoi ? me demande-t-il. C'est la vérité, tu me plais, et j'ai vraiment envie de toi. J'ai rien à cacher. Tu connais mes intentions depuis le départ, non ?
Il me sourit, séducteur.
— Si t'es là, c'est que tu cherches quelque chose. Ou tu te cherches, peut-être ? T'es toujours avec ta copine ?

Je secoue une nouvelle fois la tête, essayant de retrouver mes esprits. Les visions que m'envoient ses suggestions me dérangent en partie — de l'autre côté, mon cerveau vient directement les amalgamer avec certaines pensées peu orthodoxes que j'ai déjà eues, impliquant notamment Christian et de légers attouchements.

Cédric m'adresse un sourire plus grand que jamais. Il semble parfaitement heureux de l'annonce. Mais laquelle ?

— Il va falloir que tu m'en dises plus et que tu me fasses encore vibrer grâce à ta jolie voix, reprend-il, exalté. Donc, t'es célibataire ?

Je hoche la tête. À vrai dire, je n'ose plus tellement parler. J'essaie d'éviter qu'il bascule sur des discussions sexuelles, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Avec lui, on dirait bien que tous les chemins mènent au cul.

— Super ! C'est génial ! Pardon... je veux dire, c'est une bonne nouvelle pour moi, mais j'espère que ça va, toi... se rattrape-t-il, en rougissant légèrement face à sa propre maladresse, tout en attaquant sa brioche.
Encore une fois, j'acquiesce, sans mot dire.
— Et donc... tu te cherches ? insiste-t-il.
— ... non... dis-je, hésitant à ouvrir la bouche.

Je crois bien que je sais qui je suis. En tout cas, mon corps et mon esprit savent parfaitement après qui ils en ont, et je ne suis plus capable de renier la vérité.

— ... qu'est-ce que tu as fini par trouver, alors ? s'obstine-t-il à me demander.

Je ne suis pas venu jusqu'ici pour ne pas lui dire la vérité, si ? Il faut que j'assume. Il y a déjà deux personnes au courant, ce n'est plus un secret, maintenant. Cédric, au moins, pourra me comprendre.

— ... bien... devine ? je lui dis.

Ça me coûte encore de prononcer ces mots. Je baisse les yeux vers mon assiette et recommence à grignoter pour masquer ma pudeur teintée d'un soupçon de honte.