10 Toujours Plus Compliqué (1/2)

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Je détaillais le garage, songeant que c'était la première fois que je m'y attardais. Le nettoyage de mon caleçon achevé, je venais de l'étendre, ni vu ni connu, sur l'étendoir installé dans la pièce.

De tout le weekend je n'ai pas eu un seul instant à consacrer à cette fichue preuve de la présence d'une forme de sexualité primitive en moi. Ou alors je n'ai pas tellement eu le courage de m'en occuper. Peu importe. Hier soir, j'ai fini par avoir peur que l'odeur ne me trahisse.

J'ai donc profité de ce lundi matin — où je commençai les cours un peu plus tard et après que tout un chacun ait déserté la maison —, pour me débarrasser des dernières traces de ma nuit humide de jeudi dernier.

Je fermais la porte du garage derrière moi et m'en retournai dans la chaleur accueillante de la cuisine.

Ce weekend, je m'étais senti un peu cotonneux mais j'étais parvenu à bien dormir. J'étais reposé et prêt à attaquer cette semaine avec toute la concentration nécessaire. J'avais largement failli à mon objectif vendredi dernier. Après la nuit que j'avais passée, je n'étais bon à rien. Me concentrer avait été une mission impossible ; mais au moins, j'avais essayé.

J'espérais que les profs ne s'étaient pas dit que je retombais déjà dans mes travers. J'avais tout de même été un poil plus attentif qu'avant ma discussion avec le proviseur.

Cette semaine, j'avais même pour objectif de lever la main pour participer au moins une fois, tous cours confondus. C'était pas grand-chose, mais c'était un début.

Tandis que je m'armais de bonnes résolutions, je cherchai quelque chose à grignoter. Mon bide était toujours dans un sale état mais j'arrivais à me nourrir un peu, et ça, c'était un grand soulagement. J'allais être moins en vrac cette semaine.

Ensuite, je grimpai à l'étage pour m'habiller — oui, j'avais profité d'être seul pour trainer en vieux caleçon et teeshirt troué par l'usure dans toute la maison.

Face au miroir, je détachai mes cheveux pour les démêler, décidant de les libérer aujourd'hui. Le nouveau moi allait laisser sa chevelure au vent plus souvent.

Samedi dernier, Marianne m'avait accompagné chez le coiffeur. Je crois qu'elle a pris la liberté de me prendre un rendez-vous car elle devait penser que cette longueur de cheveux chez un jeune homme ne pouvait qu'être liée à un certain laisser-aller — c'était un peu vrai, j'avais toujours eu les cheveux mi-longs, mais là, ils me descendaient juste sous les épaules. J'avais pas franchement pensé à mon apparence, depuis le décès de mes parents.

Elle avait dû être surprise lorsque j'avais demandé à la coiffeuse de ne couper que les trois centimètres de cheveux abîmés. J'avais bien envie d'opter pour un style très chevelu. J'en ferais peut-être quelque chose d'original plus tard.

La jeune coiffeuse n'avait pas semblé être insensible à ma personne. Elle m'avait gentiment dragué, me mettant mal à l'aise devant Marianne, qui avait bien rigolé une fois que nous étions sortis. Elle m'avait taquiné — avec beaucoup de tendresse — tout le weekend. Je m'étais demandé si ça l'aurait fait autant marrer si je lui avais répondu que j'aurais peut-être cédé aux avances si ça avait été un homme à la place de la jeune femme — mais pas n'importe lequel, mon directeur uniquement ; personne d'autre ne me chauffait.

Je cessai de me concentrer sur mes cheveux pour enfiler un pantalon extralarge que je serrai avec une ceinture. C'était mon genre : je portais presque tous mes vêtements en mode « faut que ça m'aille encore si je prends soixante kilos d'ici demain ». On sait jamais. C'était mon style, j'aimais bien ça. Mon père se payait souvent ma tronche, il appelait mes pantalons « j'ai-fait-caca-dans-mon-froc ». Ça me saoulait, à l'époque, et je l'envoyais poliment paitre. Aujourd'hui, je donnerais tout pour l'entendre critiquer ma façon de m'habiller.

SurvieWhere stories live. Discover now