12 Souffrance (2/2)

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Elle marchait désormais dans le centre commercial en compagnie de Patricia. Toutes deux se dirigeaient vers le magasin du joli vendeur, objet de leurs attentions de ces derniers jours. Elle n'était pas mécontente, après cette matinée riche en rebondissements, de retrouver un peu de frivolité.

— Sarah ? l'apostropha Patricia.
— Ouais ?
— Tu me laisses le vendeur pour moi toute seule ? lui demanda-t-elle en lui faisant les yeux doux.
— Va mourir ! répliqua cette dernière. C'est mon vendeur.
— Hey ! Mais t'as déjà amené un mec ! Et puisque tu ne veux pas que je le branche, j'en conclus que tu veux te le garder ! Tu pourrais avoir la décence de me laisser le vendeur ! rouspéta-t-elle.

Sarah tourna les yeux vers Angelo, qui marchait lentement quelques mètres derrière elles, et qui fixait le sol sans lever la tête. Puisqu'il se sentait un peu mieux physiquement, elle n'avait pas pu se résoudre à le laisser seul ; ça ne lui faisait pas du bien, il s'inventait trop de problèmes. Mais bon sang, ce que ça l'emmerdait de devoir le trainer avec elle. C'était un rabat-joie de premier ordre. Il tirait tout le temps la gueule.

— Je me le garde pas... ce type vit chez moi, comme un genre de demi-frère caché qu'on aurait découvert il y a quelques mois, clama Sarah.
— Il n'y a pas de lien familial entre vous... maugréa Patricia.
— Comme tu veux, t'as qu'à aller draguer Angelo, c'est pas mon problème... dit-elle, avec un sourire mauvais. Moi, je me garde le vendeur. J'ai un ticket avec lui, alors je compte mener l'opération à terme !

Aucun souci, qu'elles aillent toutes brancher ce crétin. Elles n'avaient aucune chance. Et ça lui laissait le champ libre pour les autres beaux gosses qui s'intéressaient aux filles, eux.

— Oh... maintenant, tu m'y autorises ? demanda son amie, en adressant un regard gourmand à l'attention d'Angelo, qui était complètement perdu dans ses pensées. Il est super canon. Un peu jeune, mais on s'en fout, le fait qu'il soit si mignon compense, reprit-elle, esquissant un sourire carnassier.
— Bien sûr ! On est amies ! lui répondit Sarah, sarcastique.
Personne ne se mettait en travers d'elle et de sa proie, jamais. Tous les coups devenaient permis.
— D'ailleurs, je te laisse avec lui, reprit-elle. J'ai un vendeur à aller voir !

Puis elle se dirigea vers la boutique, non sans jeter un dernier regard à la scène. Patricia approchait — sensuellement ? — du jeune homme, et ce dernier contemplait les néons, ne se doutant de rien.

Sarah ricana.

Mais elle rit moins lorsqu'elle jeta un coup d'œil dans le magasin. Scène d'horreur : ce satané employé de merde était aux prises avec une véritable pouffiasse qui s'occupait joyeusement de lui décrasser les oreilles avec sa langue.

Elle revint donc prestement vers ses compagnons d'infortune ; elle ne croyait pas au karma, mais elle pouvait presque jurer qu'une entité, plus haut, s'était payée sa tronche comme elle-même s'était gaussée de Patricia et d'Angelo quelques minutes plus tôt.

Sa meilleure amie était en grande conversation avec l'adolescent, qui ne prenait même pas la peine de faire semblant de l'écouter. Elle allait les sortir tous deux de ce mauvais pas dans lequel elle les avait mis.

— Vous voulez allez voir quelque chose en particulier ? leur demanda-t-elle.
Patricia lui fit face, déçue de cette interruption.
— T'avais pas un vendeur à choper ? s'exclama-t-elle.
— Non, laisse tomber, je sais pas ce qu'on avait pris l'autre fois, mais le mec est dégueulasse, grogna-t-elle.
Angelo était présent sans être présent. Il n'avait clairement rien à foutre de leur discussion.
— Mais t'avais pas envie d'aller voir la boutique de valises qui est là-bas, à l'autre bout ? l'incita Patricia, lui faisant comprendre qu'elle avait besoin de plus de temps pour conclure avec le jeune homme.
— Je croyais que c'était toi qui rêvais de voir ce magasin ! pouffa Sarah, lui faisant ainsi entendre que leur accord ne tenait plus.

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