10 Toujours Plus Compliqué (2/2)

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Depuis une demi-heure, j'appelai alternativement Sandra et Tom. Aucun ne prit la peine de me répondre. Dire que ça me rendait anxieux était un euphémisme.

Cependant, je pris mon mal en patience et commençai mes devoirs, avançant bien maintenant que je comprenais un peu certains de mes cours.

Je me laissais le temps de faire les devoirs pour laisser Sandra ou Tom revenir vers moi. Si toujours rien d'ici là, je leur enverrais un petit message pour m'enquérir de leur silence.

C'est alors qu'on frappa à la porte de ma chambre. C'était Sarah. Qu'est-ce qu'elle me voulait encore ? J'aimais pas tellement qu'elle ait des choses à me dire et que ce soit si fréquent.

— Entre...
Ce qu'elle fit — semblant essoufflée mais heureuse — tout en s'installant confortablement sur mon lit.
— Ça va ? T'as passé une bonne journée ? me demanda-t-elle.
J'en fus surpris. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi venait-elle s'intéresser à mes états d'âme ? Il y avait forcément quelque chose qui clochait.
— Mouais... ça peut aller, dis-je, méfiant, cherchant ce que j'avais encore bien pu louper.
— Ah... dit-elle simplement, visiblement déçue.
On lisait en elle comme dans un livre ouvert. C'était étrange car je l'avais déjà vue mentir et elle pouvait être très convaincante. Cette fille était redoutable.
— Pourquoi ? Qu'est-ce que t'as encore fait ? questionnai-je, blasé mais néanmoins curieux et inquiet de savoir ce qui allait exactement m'arriver.
— T'as pas vu tes amis ce matin ?
Et ça fit tilt ! La connasse ! Ils ne me parlaient plus parce qu'elle avait certainement balancé ses conneries. Il fallait que je rattrape ça...
— Alors, tu sais pas si tu les as vu ou pas ? insista Sarah.
— Non, je ne les ai pas vu de toute la journée. J'étais occupé, dis-je, tentant de lui montrer que ça ne m'avait pas du tout inquiété.
Mes traits étaient désormais crispés. Je sentais le coup foireux approcher à toute vitesse, et son petit sourire de diablesse me le confirmait.
— Oui, c'est ce que j'ai entendu dire... j'ai des oreilles partout, tu sais, des gens t'ont vu avec ta nouvelle copine, ricana-t-elle.
Je soupirai.
— Accouche... dis-je simplement.
— Mais oui, t'en fais pas, je vais me faire un plaisir de tout te raconter, je veux voir ton visage d'idiot s'emplir d'horreur ! dit-elle en souriant.
Je lui lançai un regard franchement mauvais.
— Me regarde pas comme ça, commença-t-elle. Si tu lèves ta main sur moi, t'es mort.
— Je frappe pas les sous-merdes, dis-je, agacé.
— Comme t'es mignon quand tu t'énerves ! répliqua Sarah avec son plus grand sourire — je déteste ce sourire-ci.
Je ne pris même pas la peine de répliquer et patientai le temps qu'elle démarre son histoire.
— Bien... je suppose que tu attends que je me lance ! commença-t-elle. Laisse-moi juste organiser mes pensées, tu veux ? Pour que je rende l'histoire sensationnelle...
Elle esquissa un drôle de geste pompeux de la tête et des bras, puis reprit.
— Va me chercher à boire le temps que je me prépare ! m'ordonna-t-elle.
J'attrapai sous mon lit une bouteille d'eau presque vide qui devait traîner là depuis une ou deux semaines et la lui tendis.
— Connard... me dit-elle familièrement avant de se lever et d'aller chercher de quoi boire dans la cuisine.

Sarah remonta avec deux canettes dans les mains. Elle m'en lança une. J'étais plutôt étonné par cette douce attention. Elle me rendait chèvre.

— Merci, lui dis-je, ne sachant pas vraiment si je devais la remercier.

Après tout, elle passait son temps libre à essayer de me pourrir la vie.

Son sourire s'agrandit un peu plus tandis qu'elle savourait une gorgée de sa boisson.

— Vas-y, balance ! m'exclamai-je, désormais très impatient.
Elle bu encore un peu, puis se lança.
— Tu te souviens de notre discussion de mardi dernier ? C'était quand t'as fait ton rituel néandertalien où tu te roulais dans ton vomi ?

SurvieWhere stories live. Discover now