Chapitre 21 - Tu m'as manqué aussi

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Elle n'avait jamais remarqué comme le dortoir pouvait être calme quand il n'y avait personne dedans. Elle entendait le vent souffler dehors, les feuilles voler. Seul le son de la télévision se faisait entendre. Elle s'était emmitouflée dans un grand plaid rouge pour ne pas avoir froid. Elle s'était préparé un plateau repas afin de passer une soirée tranquille sans avoir à se lever. Un bol de soupe aux légumes, un morceau de dinde, des haricots verts, des pommes de terre. Et pour le dessert, un gros morceau de gâteau au chocolat. Elle s'était même pris un pot de glace à la framboise qu'elle gardait pour plus tard. Sayuki était désormais prête à "fêter" Noël. Seule.

Sa famille l'avait appelé avant de passer à table, l'émotion était présente des deux côtés de l'écran. En raccrochant ils s'étaient promis de se voir rapidement dès que le danger serait écarté. Elle ne put se retenir de pleurer après cela. Allait-elle seulement pouvoir les revoir ? Son avenir n'avait jamais était aussi incertain. Mourir ou rejoindre les rangs des vilains. Elle n'avait aucune solution. Personne n'avait de solution. 

Elle sécha ses larmes et commença à manger. Son repas avait un gout amer. Elle n'avait envie de rien. Ses camarades lui manquaient. 

Il lui manquait.

Leur séparation l'avait touché plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Cela faisait cinq jours que les vacances de Noël avaient débutées. Cinq jours qu'elle était seule. Cinq jours qu'elle n'avait pas parlé à ses amis. C'était la règle. Il ne fallait pas signaler sa position. Toute communication avec l'extérieur lui était interdit. Elle était surveillée nuit et jour. 

Elle dormait très mal depuis plusieurs jours. Angoissée par les infos qu'on voulait bien lui communiquer de temps en temps. Sa soeur était à ses trousses. Elle allait devoir l'affronter tôt ou tard. Mais elle n'était pas prête. Ou plutôt elle pensait qu'elle ne l'était pas. 

Alors qu'elle était sur le point d'arrêter de manger, tant elle n'avait pas d'appétit, qu'on sonna à la porte. Surprise par ce bruit qui brisa le silence, elle fit tomber son téléphone au sol. En le ramassant elle consulta l'heure : 20h34. Son coeur s'était incontestablement accéléré. Qui cela pouvait-il bien être à une heure pareille ? Et un soir comme celui-ci ? Est-ce qu'on venait lui annoncer qu'elle devait fuir ? Encore ? 

Elle était triste car elle n'avait pas pu faire ses adieux à sa famille, à ses amis.

A lui... 

Elle souffla pour reprendre ses esprits, et un rythme cardiaque normal, et se dirigea d'un pas décidé vers la porte d'entrée. 

Elle avait tout imaginé. Le pire, comme le moins pire. Mais jamais elle n'aurait imaginé ça. Elle s'était figée, sa main toujours posée sur la poignée. Ses yeux s'étaient immédiatement remplis de larmes. Elle était incapable de les retenir.

Ils étaient tous là. Tous souriants, les bras chargés de cadeaux, de nourriture, de décorations. Ses camarades étaient devant elle. Pour elle.
Mina et Tôru la prirent dans leurs bras en criant. Elle leur rendit leur étreinte. Bientôt rejoint par Ochaco, Momo, Eijiro, Denki, Yuga et tout le reste de la classe. Ce câlin collectif finit par briser sa carapace et elle éclata en sanglot. Elle souriait à s'en décoller la mâchoire. Et finit enfin par dire quelques mots.

- Vous tous... vous... je suis tellement heureuse de vous voir, dit-elle entre deux hoquets.

- On n'allait pas te laisser seule un soir de Noël ! dit Mina avec un large sourire. Allez venez les gars, on va préparer la salle et la table pour fêter Noël comme il se doit. 

Chacun passa devant elle, lui gratifiant d'un petit mot gentil, d'un sourire ou bien d'une main sur l'épaule. 

Puis enfin elle le vit. 

Il s'était tenu en retrait, les mains dans les poches, de la buée sortant de sa bouche. En croisant son regard, son coeur manqua un battement. Le froid ne lui faisait plus rien. Elle ressentit même de la chaleur lui parcourir le corps. Son regard était perçant, ardent, qu'elle se sentit transpercé. Il se contenta de lui offrir un léger sourire malicieux. 

- Joyeux Noël... idiote.

Elle franchit enfin le pas de la porte pour courir le rejoindre et se jeter dans ses bras. Elle arriva si vite sur lui qu'il recula et manqua de tomber à la renverse. Il passa ses bras autour de son cou, quand elle les avait autour de sa taille. 

- Katsuki... dit-elle simplement, le visage enfouit dans son pull.

- Tu m'as manqué aussi, lui dit-il en resserrant son étreinte. 

Le froid n'avait visiblement pas d'emprise sur eux. Ils restèrent un moment dans les bras l'un de l'autre. Ils s'étaient manqués. Ils se redécouvraient à travers ce geste tendre.
Sayuki finit par éloigner son visage du torse de Katsuki. Au-dessus d'elle, Katsuki la contemplait. Il passa sa main délicatement sur le visage de la jeune fille. Sayuki pris cette caresse pour une invitation et dirigea ses lèvres vers celles du jeune homme. Elles étaient si chaudes. Elle se sentait si bien blotti dans ses bras. Elle ne voulait pas que ce moment s'achève. 

Leurs camarades les observaient à travers les fenêtres de la salle à manger. Certains souriaient, d'autres rougissaient. Chacun y allait de son petit commentaire, les trouvant tour à tour mignons ou adorables. Certains disaient que c'était un couple inattendu, d'autres au contraire qu'ils étaient fait l'un pour l'autre. Ils étaient cependant tous d'accord sur un point : ils étaient heureux pour eux, et se réjouissaient de voir un peu d'amour durant ces temps difficiles. 

Quand les deux amoureux décidèrent qu'il fallait rentrer, ils purent apercevoir les têtes de leurs amis se volatiliser rapidement, afin d'éviter de s'attirer les foudres de Katsuki. 

- Je vois qu'ils te craignent toujours, ironisa Sayuki en prenant la direction de la demeure.

- Ils m'énervent, jura Katsuki. Je ne vais rien leur faire à cette bande d'abrutis. A croire qu'ils n'ont jamais vu un couple de leur vie. 

- Je ne pense que ce soit ça qui les "choc". 

Devant le visage interrogateur du jeune homme elle poursuit.

-  C'est toi qui les choc Katsuki. Jamais ils n'auraient pu imaginer que tu serais capable d'aimer, et encore moins être en couple, dit-elle d'un air taquin.

- Mais pour qui ils me prennent à la fin ces idiots, s'emporta t-il en levant le poing vers la maison. 

Devant sa colère, Sayuki sourit, elle avait réussi à l'énerver et ça l'amusait beaucoup. 

- Eh attend une minute toi, objecta Katsuki en se tournant vers la jeune fille. Est-ce que tu pensais la même chose à mon sujet ?

- Heu...

Elle ne finit pas sa phrase, sourit et parti en courant vers la résidence pour se mettre à l'abri.

- C'est une blague ?! Reviens ici sale morveuse ! Tu vas voir si je suis incapable d'aimer, cria t-il en se mettant à courir à son tour pour la rattraper, le sourire aux lèvres.

Ce soir là, Sayuki était plus légère, détendue, rassurée. Elle se sentait en sécurité. Elle se sentait bien. Entourée par la présence de ses amis, de Katsuki, elle était heureuse. 

Mais pour combien de temps ?

Une main tendue [Bakugo x OC]Where stories live. Discover now