#13 - La faute à la manette

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Quelques heures plus tard, tournevis cruciforme en main, je confirmais mes inquiétudes. Le circuit imprimé de ma manette Super Nintendo avait plié en son milieu. Ce qui avait eu pour effet de briser du même coup des pistes cuivrées indispensables à son bon fonctionnement. Ma manette était cassée.

J'étais trop honteux pour partager ma mésaventure. Mes quelques cours de "techno" ne me permirent pas d'envisager quelques soudures pour réparer l'ensemble. Je regrette encore à ce jour de ne pas avoir conservé les pièces détachées. Le tout finit à la poubelle. J'étais dégouté.

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Locminé (56), 1999

Cette fois-ci, j'étais décidé, j'allais m'acheter la manette SideWinder de Microsoft. A l'époque, le nom ne faisait référence qu'au tout premier modèle, et non une gamme complète. L'ennui, avec les joueurs PC, c'est que ces derniers ne jouaient alors qu'au clavier et à la souris. FPS, RTS, point and clic et quelques rares jeux de stratégie étaient leur pain quotidien. J'étais le seul idiot à vouloir jouer sur ordinateur, à des jeux de plateforme, de combat et d'action-aventure vieux de 10 ans. J'étais le seul idiot à avoir besoin d'une manette pour jouer à tout cela sur PC.

Microsoft ne tarissait pas d'éloges pour vanter les mérites de sa bête de course : options en tous genres, 6 boutons faciaux de tir à droite, deux gâchettes et reconnaissance de mouvements. Avec tout ça l'animal coutait le double de tout autre objet similaire. Mais j'avais fait les frais par le passé d'un matériel au rabais. Qui n'a pas perdu quelques heures sur une manette de seconde zone, chez quelqu'un qui se gardait le matériel officiel d'origine pour son propre confort ? J'étais donc décidé à mettre le prix, faute de bons conseils à ce sujet. La SideWinder était livrée dans une boîte luxueuse. Son installation était simplissime. Il n'y avait plus qu'à tester.

Je commençai naturellement avec un jeu de combat, genre nécessitant le plus de précision. Super Street Fighter II était mon maître étalon. Ryu était mon personnage de choix pour me mettre en pouces à chaque nouvelle partie. Il fallait cependant configurer la manette. Ça commençait mal, je peinais à indiquer à la machine les bonnes directions.

Puis, début des combats. Ryu partait bien à droite, puis à gauche, puis... Pourquoi se mettait-il soudainement à sauter ? Je tentais une boule de feu, qui ne sortait pas. Etais-je rouillé ? Je pris mon mal en patience mais j'avais beau faire, mon personnage ne répondait pas au doigt et à l'œil... J'étais bien embêté.

Second test, Zelda III. Notre avatar en vert se déplaçant dans 8 directions différentes, j'allais enfin en avoir le cœur net. Mais je n'avais pas démarré la partie qu'il fallait entrer un nom pour mon personnage. La sélection des lettres dans ce menu intermédiaire s'avéra déjà être un calvaire. Passé quelques dialogues, j'itérais quelques exercices pratiques. Mon hyrulien préféré décrivait d'étranges trajectoires.

A l'évidence, le tampon faisant office de croix de direction était inutilisable. Ça m'avait coûté la moitié du prix d'un jeu... Etudiants de ma promotion, sites internet, forums de discussion... Je passerai encore plusieurs années à trouver une solution viable. Un adapteur pour brancher la manette Playstation sur le PC, encore fallait-il savoir que cela existait, fut la solution miracle. Encore que certains programmes ne le reconnaissent pas. Aujourd'hui le choix de manettes viables pour PC est désormais conséquent. Ce ne fut pas toujours le cas par le passé.

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Paris intra-muros, 2004

Mahmoud avait un talent que j'admirais. Il savait transmettre sa passion par les mots. Nous nous étions rencontrés par forum interposé. Ce n'était pas un grand bavard du clavier. Mais à chaque rencontre nous parlions jeux-vidéo sans voir le temps passer. Je buvais ses paroles.

Manette au poingWhere stories live. Discover now