Chapitre dix-sept : Drowned Pages

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" Adriel ! hurlais-je. "



        Il m'ignora et regarda le carnet s'en aller. Non. Je ne pouvais pas le voir partir. C'était tout ce qu'il me restait. Et les pages, oui, les pages, elles avaient son parfum. Alors non, non je refusais de céder à l'océan l'objet le plus précieux désormais à mes yeux. Sans vraiment réfléchir, je retirai mon pull, puis mon bas. J'eus des frissons tant il faisait froid. Mais je n'en avais que faire, après tout. Je me jetai à l'eau, et luttai contre les vagues pour reprendre mon bien. Plusieurs pages étaient éparpillées un peu partout, mais je brandissai très vite le carnet.


" Soane ! Soane, sors de là ! "


        Adriel remarqua enfin que je n'étais plus à ses côtés. Il sauta à son tour dans l'eau et traversai les quelques mètres salés qui nous séparait. Je m'empressai d'essayer de récupérer les pages qui flottaient. Mais je n'en eus pas le temps. Il me souleva en tenant fermement mes hanches.


" Laisse moi ! criais-je. Lâche-moi, lâche-moi ! Adriel ! Adriel, putain ! Mais laisse-moi ! Bordel, j'ten supplies, laisse-moi ! "



        J'essayai de me débattre, mais seules mes jambes parvenaient à pédaler dans le vide. Il me serrait si fort, et moi je tenais encore plus fermement le cahier. Je sentai des perles salées dévaler mes joues. J'avais mal à la tête. Il sortit de l'eau en me portant toujours, et quand il me posa sur le sable, il dût continuer de me retenir pour m'empêcher de retourner chercher les feuilles qui s'étaient échappées. C'est futile, pas vrai? Mais je sanglotais. A chaudes larmes. Encore. Pour elle. J'avais l'impression qu'elle était là, dans l'eau, et qu'elle se laissait également porter par les vagues, loin de moi, bien trop loin. Je voyai ses longs cheveux blonds voguer sur l'eau salée, et son sourire colorer cet endroit. Mais malheureusement, elle n'était pas là. Elle n'était pas là...

Point de vue Ysia.

15h30.

        Je m'étais réveillée difficilement, il y a une petite heure. J'avais pris trois cachets pour mon mal de crâne causé par l'ivresse d'hier. J'étais encore un peu nauséeuse, et je fonctionnai lentement. Je faisais la vaisselle. Je ne l'avais pas faite depuis des semaines. Et mes doigts s'étaient attardées sur le rebord d'un verre où trônait son empreinte. Celle de ses lèvres. Ses délicieuses lèvres, pensais-je en passant ma langue sur mes lippes. C'est vraiment con l'amour, vous savez. Tellement con que je l'ai pas lavé, ce verre. Je l'ai posé sur une étagère, en évidence, à côté d'une photo d'elle et moi. J'ai serré le cadre contre moi et j'ai caressé son visage à travers le verre de la petite vitre. J'ai redessiné tous ses traits. Tous. Même les petites ridules qui se creusaient sous ses yeux quand elle riait aux éclats. Son rire. Je l'entendais maintenant. Je me laissai bercer. Il était doux, vous savez, si doux.


" J'suis de retour ! chantonna une voix masculine. "


        Je reposai brusquement le cadre et me retournai, perturbée. Il s'agissait de Tate. Il avait dormi sur l'une des chaises peu confortables de la cuisine cette nuit. Non, je jure devant Dieu que nous n'avons pas couché ensemble. Rien. Seulement un baiser. Chaleureux. Pour combler, quelques secondes, le trou béant qui figurait désormais dans ma poitrine.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now