Chapitre 58 : Discussion intime entre cousine

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A la fin du dîner, Démétri et mon oncle se retirent dans le bureau de celui-ci pour siroter une cuvée très spéciale de whisky feudeymon tout en fumant un bon cigare. Il en ont facilement pour une heure. Voire deux... ils doivent refaire le monde. Un peu comme nous. Mais avec un taux d'alcoolémie plus élevé, sans doute.

Ma tante, elle, nous accompagne, Elisabeth et moi, dans le petit salon, celui des Dames, pour siroter une tasse de thé, et faire quelques parties de Tarot, version sorcier.

Elles discutent toutes les deux des joies – ou des affres, au choix – de la vie maritale, ainsi que des responsabilités à gérer une propriété conséquente avec elfes de maison et réputation à l'appui.

Moi, je joue au piano, une douce et sensuelle musique que le souvenir de Henry et de ma nuit passée avec lui m'évoque. Je n'écoute ma tante et ma cousine que d'une oreille, les doigts courant d'un bout à l'autre de mes touches noirs et blanches, les yeux perdus sur l'immensité des bois qui délimitent le jardin. J'essaye d'imaginer ma vie future. Ma vie après Poudlard. A Godric's Hollow. Avec Henry, je l'espère. Serais-je aussi heureuse qu'Elisabeth ? Je ne peux imaginer qu'une réponse positive.

Je soupire et laisse la mélancolie m'envahir. Encore une journée et deux nuits, et je pourrais le revoir... avant le dîner, mon oncle m'a avertit qu'Henry serait présent au pique-nique annuelle organisée par ma tante, la veille de mon départ à Poudlard. J'ai été surprise de savoir que ma tante l'avait invitée mais je n'avais pas cherché à comprendre. Avait-elle terminé par comprendre que je l'aimais réellement ? Et que lui, m'aimait réellement ? Je n'en étais pas certaine mais n'avais pas voulu chercher d'avantage de réponse. Au risque de dénicher de nouvelles questions, je devais bien l'avouer.

Brusquement, le capot de mon clavier se referme violemment et j'ai juste le temps de retirer mes doigts des touches avant que ceux-ci ne soient broyés. Face à moi, Elisabeth a les mains posées sur le capot, à présent fermé, et ses yeux brillent de mille feux. Un petit sourire se dessine sur sa bouche alors que je la fusille de mon regard noir.

- Un peu plus et tu me sectionnais les mains, idiote ! bougonné-je, prenant soudainement conscience de l'absence de ma tante.

- Mère est partie se coucher. Nous sommes enfin seule chère cousine, jubile Elisabeth en m'entrainant sur le divan faisant fit de mon indignation face à son comportement qui a faillit me couter mes mains, et un aller-retour à Ste Mangouste.

Elle me pousse sans ménagement sur les divans en tissus, puis sort une bouteille de liqueur au citron de la réserve ainsi que deux petits verres en cristal. Elle les remplit à ras-bord et m'en tends un. J'ai à peine le temps de le porter à mes lèvres, surprise, qu'elle a déjà vidé le sien cul sec. Elisabeth s'en ressert un deuxième avant de m'adresser un regard complice.

- Je n'en pouvais plus de l'entendre jacasser sur la porcelaine et les napperons, s'excuse-t-elle en repliant ses jambes sous elle. Je me demande comment tu tiens le coup, seule, ici avec ce vautour ! Peut importe... parlons un peu entre filles, Charlie, cela fait si longtemps. Où en es-tu avec Henry ?

Tout va beaucoup trop vite pour moi. Beaucoup beaucoup trop vite !

- Elisabeth, murmuré-je, inquiète. Est-ce que... tout va bien ?

Elle me regarde d'un drôle d'air, comme si j'étais devenue folle.

- Bien sûr ! Je ne peux pas discuter chiffon avec ma jeune cousine ?

- Si...

Je suis toujours dépassée par les évènements alors qu'Elisabeth descend son deuxième verre à la vitesse de l'éclair.

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