Chapitre 41 : Hortense Harper

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Mon cœur lâche prise. C'est comme un saut à l'élastique mais sans élastique... sans rien pour se raccrocher. Autour de moi, les instruments en cuivre ont fait silence, me plongeant dans une bulle où j'y suis figée. Seule la voix hésitante d'Hortense, et celle plus grave d'Henry, rebondissent sur les murs de mon cocon.

- Ecoute, Henry... Charlotte est...

Je suis.... ? Allez Hortense, je suis certaine que les mots se bousculent dans ton esprit.

- ...je peux comprendre ce que tu lui trouves ! répondit-elle en riant nerveusement. Elle est très belle, gentille, patiente, bien éduquée. Je sais que tu aimes les femmes intelligentes et raffinés, et Charlotte répond à la perfection à tous tes critères. Même à celui de « torturée dans l'âme », les filles bien tourmentés comme tu les aimes. Elle te fait tourner chèvre depuis un an... Donc, oui, elle est super.

- Mais ? coupe Henry de sa voix grave.

Je devine sa bouche crispée, et son visage fermé. Le mien doit être blême, et mes mains sont crispées sur la rambarde des escaliers près des tonneaux. Il me suffirait d'avancer mon nez de deux ou trois centimètres et je pourrais les apercevoir. Mais mes pieds sont toujours enlisés dans le sol.

- Mais... enfin, Henry c'est une Peverell ! Dans quelle misère t'es-tu mis encore ? s'emporte-t-elle. Toi et elle ne faites absolument pas partie du même monde. Vous vous vouvoyer. Ne trouves-tu pas cela étrange ?! Elle est si... si fragile et délicate. Et toi avec tes gros sabots, tu risques de la piétiner. Tu aimes la résistance chez une femme, le coté bien caractériel... mais là... Là c'est une jolie rose.

- Toi, ça se voit que tu n'as jamais essayé de cueillir à mains nues une rose sauvage, coupe de nouveau Henry.

- Henry... écoute-moi.

- Non, toi écoutes-moi, Hortense. Ce que je vis avec Charlotte, je ne l'ai jamais vécu avant...

- Peut-être mais...

- Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis un grand garçon, je sais ce que je fais !

- Et bien non, justement. Il y a eu la tempête Ornéa, la tornade Emily et je n'ose même pas parler de l'éruption volcanique Olivia. Et maintenant... maintenant, tu nous ramènes le cyclone Charlotte !

Je sens mes entrailles bouillir, et mes yeux s'assombrissent. Le cyclone Charlotte ? Mais pour qui Miss Harper se prend-t-elle ?!

- J'aimerais que tu arrêtes de donner des noms de catastrophes naturelles à mes conquêtes...

- Je le ferais le jour où elles arrêteront de laisser un chantier sans nom dans ton cœur après leur départ, parce qu'au cas où tu l'aurais oublié, je commence à être fatigué de tout nettoyer après leur passage.

Leurs voix s'estompent au moment où un raclement de chaise résonne autour d'eux.

Mes yeux sont embués de larmes flamboyantes, et mes dents sont serrées. Est ce qu'un jour on pourrait voir autre chose que mon nom associé à des problèmes ?

- Hortense, gronde la voix d'Habermann. Pourquoi ne laisserais-tu pas Henry gérer sa vie ? S'il a envie de se brûler les ailes avec cette demoiselle, ça le regarde.

- Visiblement, je suis la seule à m'inquiéter ! s'exclame Hortense, en riant nerveusement.

Au son de sa voix, je devine son regard perçant et je me mords la lèvre inférieure pour ne pas trahir ma présence.

- Tu es la seule à nous causer des ennuis ! tonne Habermann. Tu haïssais Olivia... tout le monde la haïssait, moi le premier. Même Henry à la fin avait réussit à la haïr. Tu as passé ces dernières années à lui demander de se trouver une gentille fille. Charlotte estgentille. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure, et toi, qu'est ce que tu fais ? Tu la dénigres parce que c'est une Lady. Y'a pas que les sangs-purs qui sont bourrés de préjugés...

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