Chapitre 12 : La fin d'un été

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Allongée sur mon lit, le cœur battant à vive allure, j'ai ce sourire profondément niais collé à mon visage depuis la fin de l'après-midi, depuis que Mr Potter... enfin, Henry et moi nous sommes embrassés.


Embrassés... Je ne réalise pas vraiment tant cela me parait improbable. Et pourtant, à presque minuit, seule dans ma chambre, je sens encore la chaleur de ses lèvres contre les miennes, le goût du miel quand je respire par la bouche, et l'odeur des aiguilles de sapin ancrée dans mes cheveux.


Je ne voulais guère que ces douces sensations disparaissent trop vite, alors je n'ai même pas pris la peine de descendre dîner, et de prendre un bon bain, prétextant une migraine des plus affreuses, pour me réfugier dans ma chambre, et revivre, encore et encore, ce doux baiser jusqu'à l'infini.



Je porte mes doigts à ma bouche, et touche mes lèvres, étirées en un sourire, me demandant si les stigmates de ce baiser sont toujours visibles. Si mes lèvres sont toujours aussi rouges. J'en suis certaine. Ou peut-être est-ce tout simplement dans ma tête ? Ma tante n'avait visiblement rien relevé lorsqu'elle m'avait vue surgir des bosquets la mine réjouie mais aussi innocente que possible. Elle doit forcément se douter de quelque chose, en revanche... J'ai cette fâcheuse tendance à rougir pour un rien, et mes joues se sont vite embrasés lorsque Mr Po... Henry, s'est incliné devant moi pour me saluer avant de s'éclipser, à la fin de l'après-midi.



Quand le reverrai-je ? Il me manque déjà...



Une profonde mélancolie est en train de s'installer dans mon cœur lorsque je pense que je ne le reverrai sans doute pas avant un long moment. Il me l'a dit juste avant que l'on ne rejoigne ma tante et mon oncle. Il repart en mission, sans vraiment m'avoir donné plus de détails, me disant simplement qu'il penserait à moi, et qu'il essaierait de m'écrire.


Certaines questions remontent alors à mon esprit, tel un venin paralysant. Et si... et si je ne le revoyais pas ? Et si... et s'il rencontrait une autre femme ? Et si... et s'il m'oubliait ?


Tel un pantin que l'on anime d'un coup de baguette magique, je me redresse en sursaut dans mon lit, le cœur battant la chamade. Et si... et si j'arrêtais de me poser toutes ces questions idiotes ?!


Mes pieds quittent mon lit pour se poser sur le sol, et je me retrouve à plus de minuit passé, à tourner en rond dans ma chambre, comme un lion en cage. Pourquoi dois-je penser à cela ? Maintenant, de surcroît !


Je n'arrive pas à penser à autre chose, et je fais tellement de fois le tour de ma coiffeuse, la mine rivée vers le parquet, que je me demande, l'espace d'un moment, si je ne suis pas en train de creuser le sol de mes pieds nus.



Je soupire, et m'installe à mon bureau pour tenter d'écrire une lettre à ma mère, espérant que cela ne me change les idées. Je n'ai pas pu aller la voir cette semaine. Le Médicomage en charge de son dossier médical avait formellement interdit toutes visites pour ces derniers jours. Selon lui, elle était retombée dans une de ses crises d'hystéries entrecoupées de grands moments de dépression intense... de quoi lui faire perdre la tête, et le nord si elle me voyait. Les prochaines vacances seront sans doute plus tranquilles pour elle, m'a-t-on dit. Évidemment... La fin de l'été approche à grand pas, et celle de l'anniversaire de mort de mon père avec. De quoi faire chavirer l'esprit fragile de ma mère, la replongeant dans des souvenirs beaucoup trop atroces.

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