Chapitre 6: Crise et déception

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Toujours aussi furieuse contre son attitude indécente, à la limite insultante, je talonne vigoureusement Happy pour qu'il accélère ses foulées, les rênes de Neptune toujours dans les mains. Rongeant mon frein au maximum, tellement je suis outrée, je ne prends pas garde aux branches et feuilles qui entravent le chemin, me fouettant les joues et les avant-bras lorsque je passe au travers. Mais tout cela m'est bien égal. La morsure des feuillages sur ma peau ne me fait pas oublier ce que je ressens, , dans ma poitrine... Mais comment ai-je pu penser une seule seconde que Henry Potter était digne d'intérêt, ou même de confiance ? Je me sens si stupide !

À peine arrivée au galop dans la cour, je croise déjà les palefreniers accompagnés des chevaux de ma tante et de mon oncle, m'indiquant leur retour. Flûte...

Descendant à la hâte d'Happy, n'attendant pas une main courtoise et surtout hypocrite pour m'aider, je lâche mes rênes dans les mains d'un des lads, qui me regarde, interloqué. Je lui lance un regard noir. Je n'en peux plus ! N'ont-ils jamais vu quelqu'un d'énervé, d'agacé ? Je n'ai qu'une envie, c'est hurler ! Hurler à m'en faire éclater les poumons.

Rapidement, je monte les marches en pierre du perron, et lorsque j'ouvre la porte, je croise mon oncle, lui aussi étonné, alors que, sur ses talons, se trouve Aro Greengrass... Il ne manquait plus que ça ! C'est au-dessus de mes forces.

Je m'arrête sur le pas de la porte, la mâchoire serrée, lorsque je croise le regard vitreux du jeune Serdaigle. J'ai envie de le secouer comme un cocotier, et de lui hurler de se réveiller s'il souhaite vraiment obtenir ma main. Il est d'une lenteur effroyable, un vrai mollusque.

Ma main se retrouve dans la sienne déjà contre ses lèvres molles, et il m'adresse un petit sourire en coin sans prendre la peine de s'attarder sur mon accoutrement ridicule, j'en suis bien consciente.

– Charlotte vous êtes...

– Ravissante, je sais ! m'exclamé-je sèchement avant de passer devant Aro, la tête haute.

N'a-t-il donc aucun autre vocabulaire en ma présence ? Autre que ravissante ou éblouissante ?

Mon oncle ne réagit même pas face à mon insolence, si peu habitué à me voir me comporter de la sorte. En revanche ma tante, c'est une autre histoire.

De toute façon, toute cette situation est grotesque. Autant que peut l'être Mr Potter !

Je gravis le hall d'entrée, les pans de ma robe coincés dans ma main, mes gants en cuir dans l'autre. Ma tante m'interpelle une fois, puis deux. Je ne réponds pas. Je ne veux pas lui répondre. Je veux qu'on me laisse en paix. Est-ce trop demander ?

Mes pas talonnent lourdement chaque marche des escaliers, jusqu'à ce que ma tante m'attrape le bras, me retournant face à elle. Son visage est tiré, ses yeux me jettent des éclairs et j'aperçois du coin du l'œil, que mon oncle et Aro ont déserté le corridor.

– Mais que vous arrive-t-il, mon enfant ? me demande-t-elle, mi inquiète, mi agacée. Vous êtes dans un état effroyable !

– Je n'ai rien ! je réplique sèchement.

– Ne me répondez pas comme ça, me sermonne-t-elle en me relâchant le bras. Mais qu'avez-vous ?

Mon cœur s'emballe tellement que je le sens cogner dans mes oreilles. Boum, Ta, Boum, Ta, Boum, Ta... c'est sec et dur, c'est comme l'écho d'une montagne, manquant de peu de créer une avalanche.

Boum, Ta, Boum, Ta, Boum, Ta... C'est de plus en plus insupportable, alors que je vois les lèvres de ma tante remuer à toute vitesse, les sourcils froncés.

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