Chapitre 37 : La noirceur du passé

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Un énorme champ s'étend à perte de vue et semble nous engloutir de sa vergeture verdoyante, et cela peut importe où je pose le regard. De grandes gerbes dorées et de petites pâquerettes parsèment le paysage d'une douceur estivale et en contrebas, à quelques dizaines de kilomètres, Londres s'endort lentement malgré les lumières qui s'échappent des rues pour éclater dans le ciel d'un faisceau hésitant mais lumineux.

- C'est magnifique, murmuré-je en me retournant vers Henry.

Il me sourit et incline la tête avant de me caresser le visage de ses doigts chauds et rugueux. Il les laisse glisser sur mon épaule et le long de mon bras pour finir par les emmêler aux miens.

- Je me suis dis qu'il était plus... sage que personne ne tombe sur nous à Londres, commence Henry en me guidant un peu plus bas sur la colline. Et comme je suppose que vous êtes affamé, j'ai pensé que l'on pourrait commencer cette soirée par grignoter quelques choses, qu'en pensez-vous ?

J'acquiesce de la tête, songeuse de voir à quel point cet homme peut être doux et attentionné. Loin du masque de froideur qu'il montre au reste du monde. Comme si le privilège de voir son vrai visage ne m'était accordé que par la grâce de nos sentiments.

- Je dois dire que je suis affamée..., avoué-je tout bas alors que le petit pique-nique se dessine devant mon regard.

Une énorme couverture à carreaux est installée sur l'herbe, et un panier en osier déborde de tartes et de gâteaux au chocolat en tout genre alors qu'une énorme coupe en acier est déposé au centre de la table campagnarde, remplis de fraises, de murs et de framboises. Je salive d'avance...

- Chocolat et fruits rouges pour le dîner, cela vous convient-il ? me demande-t-il en souriant alors qu'il m'aide à m'installer sur la couverture. Enfin... le chocolat pour moi et les fraises pour vous, ajoute-t-il en me lançant un clin d'œil.

- Je n'aurais pas dis mieux, précisé-je en pliant mes genoux sous moi, faisant bien attention que ma jupe cache mes cuisses et la démarcation de mes bas.

J'expire lentement, essayant de rester maitresse de la situation, et je tente de garder un air dégagé et à l'aise. Pour l'instant, je pense que je m'en sors plutôt bien. Non ?

- Vous avez travaillé dur pour arriver à ce résultat ? demandé-je, en riant doucement alors qu'Henry dépose sa veste sur la couverture et vient s'allonger près de moi, les jambes tendues près du panier en osier.

- Des heures, souffle-t-il avec exagération avant de rire et de m'entraîner avec lui.

Je manque de m'étouffer et je toussote légèrement essayant de calmer mes rires tremblants. Je caresse timidement mes cheveux, et attrape une fraise que j'engloutis directement avant qu'un autre rire vienne m'étrangler. Je déglutis difficilement, et me retourne vers Henry, appuyé négligemment sur un de ses coudes.

- Désolée, je... quand je commence à rire comme une sotte c'est que... je suis nerveuse..., confessé-je, le cœur battant, en baissant les yeux vers mes genoux de nouveaux dévoilés par les plis de ma robe sur mes cuisses.

- Je comprends, me rassure-t-il. Et... c'est pour cela que j'ai aussi ramené ceci, me lance-t-il en sortant du panier une bouteille de champagne bien fraiche.

Mes yeux doublent de volume dans mes orbites, et un sourire s'esquisse sur ma bouche. Du champagne... j'adore ça !

- Vous pensez m'amadouer avec cette boisson pétillante ? questionné-je, un sourcil arqué.

- Vous amadouer ? s'étonne-t-il en me tendant une coupe bien remplie. Bien sur que non... juste vous faire déculpabiliser un petit peu.

Je récupère ma coupe et esquisse un sourire. Me faire déculpabiliser et me détendre aussi... Je n'ai jamais été aussi nerveuse de ma vie.

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