Chapitre 33: L'acidité des explications

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Dans le grand salon, les fenêtres sont ouvertes, toutes, sans exception. Et les rayons du soleil s'invitent généreusement dans la pièce aux couleurs chatoyantes. Sur la table basse est disposée une corbeilles de fleurs des champs et une vague odeur de cookie au miel me parvient de la pièce d'à côté.



Mes yeux se ferment un moment, profitant de la chaleur du soleil sur mes pommettes, puis se rouvre pour faire le point sur la partition installée face à moi. Mes doigts se posent sur le piano, et je les laisse parcourir les touches allègrement. Ces dernières s'effacent délicatement sous la précision de mes gestes. Noires, blanches, crochés, bémol, et compagnie... la musique n'a presque plus de secret pour moi. Le piano, en l'occurrence, est mon instrument de prédilection. Il n'y a que lorsque j'en joue que je suis capable de faire le vide dans ma tête... et en ce moment, le vide est ce dont j'ai le plus besoin...



- Quelle merveilleuse journée ! s'exclame soudainement ma tante en arrivant dans le salon, avant de s'asseoir sur le canapé pour broder le dernier coussin du sofa.



Mes yeux se lèvent au ciel sans la moindre invitation de mon cerveau, et mon pouce reste une demi-seconde de trop sur le do majeur, faussant ainsi la mélodie. Je grimace, excédée.



Voilà pourquoi je passe mon temps à jouer du piano depuis cinq jours... depuis que Minerva est partie, et depuis qu'Henry est censé avoir quitté ma vie... je joue pour oublier ! Oublier à quel point ma tante paraît radieuse, sans doute ravie de me savoir hors de portée d'un Potter. Elle n'a jamais été aussi agréable... comme si le fait de me savoir malheureuse la rendait heureuse. Aujourd'hui, cela fait deux semaines que je n'ai pas de nouvelles d'Henry... Que je ne suis pas censé avoir de nouvelles de lui. Et ce plan diabolique me mine presque autant le moral que s'il n'avait été que la stricte vérité.


Avec Henry nous nous échangeons des lettres par la boite à échange, je lui relate la plupart des détails de ma journée, mais continue de taire la douleur d'être loin de lui. Je suis malheureuse, triste, irritée... et complètement démoralisée, mais ma tante, elle, est toute douce, et toute mondaine. Et quand je dis mondaine.... je pèse mes mots.


En cinq soirs, nous avons eu trois dîners ! Et des dîners de taille, s'il vous plait...



Lundi soir nous avons eu le droit aux Malefoy.... et ce petit dîner de Famille s'est étrangement transformé en possible alliance lorsque je me suis retrouvé une heure en tête avec Alec pour jouer aux échecs sous le regard attentive de ma tante. Alec Malefoy... Il devait être gêné au moins autant que moi. C'était ridicule ! Si Victorine apprend ce genre de chose, je vais passer un mauvais moment à ma rentrée... Et mon oncle avait même sortit quelques millésimes de sa cuvée spéciale... C'était affligeant, et Alec était d'accord avec moi sur ce point là. Après trois défaites de ma part sur l'échiquier, il a jugé bon de faire savoir à son père que c'était une perte de temps, et que son coeur était déjà pris. Presque pris...



Malheureusement, c'était loin d'être le pire repas...

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