Chapitre 21 : Un goût de liberté

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Aujourd'hui, cela fait une semaine que je suis rentrée de Poudlard. Une semaine où j'erre le cœur lourd à Flaglet-le-Haut. Une semaine où j'aide ma tante pour les préparatifs du 250e anniversaire du Code International de la Magie. Et une semaine où je me languis de retrouver Henry...

Quand je pense à lui, mon cœur se serre violemment dans ma poitrine et un sourire immensément niais se colle sur mon visage, et je ne peux malheureusement rien y faire... Je crois que j'ai cet homme gravé sur la peau. Presque un an s'est écoulé depuis notre dernière rencontre et je me meurs lentement depuis août dernier, sans que personne ne réalise l'étendue de mes sentiments pour Henry Potter. C'est atrocement douloureux de devoir patienter. Patienter pour quelque chose qui tarde à arriver. Comme pour l'aveu de son inclination à mon égard le mois dernier. J'ai attendu cette satanée lettre pendant une bonne partie de l'année et lorsque je l'ai enfin eue entre les mains, je tremblais de joie contre la finesse du parchemin... ce qui m'a valu bon nombre de moqueries de mes amies. Notamment d'Una qui n'a pas l'âme d'une romantique, mais plutôt celle d'une aventurière... Non pas que cela soit une critique à son égard. Plutôt une constatation sur sa personnalité.

– Charlotte !

La voix de ma tante me fait sursauter, et je la vois arriver dans le salon à grandes enjambées alors que mes doigts sont toujours posés sur les touches de piano, prêts à reprendre la mélodie là où je l'avais arrêtée.

– Oui, ma tante ? répondis-je, en tournant mon visage vers elle.

Derrière sa longue jupe parme se tiennent Rosa et Eudoxy, deux des elfes de maisons, les bras chargés de cartons, qu'elles déposent minutieusement sur la grande table basse carrée, près des canapés en velours où ma tante vient de s'installer. Elle tapote le coussin près d'elle en me demandant de venir m'y installer afin que je l'aide pour les cartons réponses des invités qu'elle n'a toujours pas trié alors que la réception est demain soir. J'imaginais ma tante bien plus organisée...

– Que dois-je faire ? demandé-je à ma tante alors que des dizaines et des dizaines de cartons réponses atterrissent devant moi, inondant les napperons de la table basse, manquant de renverser le thé qu'un autre elfe de maison vient de déposer près de nous.

– Il va falloir tous les trier pour connaître le nombre exact d'invités, me dit ma tante en commençant à se mettre à la tâche.

Je la vois séparer les cartons en trois piles. Les invités qui ne peuvent pas être présents ; les invités qui seront présents ; et ceux qui seront présents et qui sont très importants ! Évidemment, la première pile ne comporte que trois pauvres cartons réponses, alors que la dernière pile en comporte déjà une dizaine... Autant rester concentrée sur deux piles. Ceux qui viennent et ceux qui ne viennent pas, puisque ma tante estime que tous ceux qui viennent sont importants.

– Le reste ne va pas se faire seul, Charlotte, me dit-elle d'un regard en biais.

Le reste pourrait très bien se faire seule... avec un peu de magie, mais à la vue du regard de ma tante et de son désir de tout faire soi-même, je préfère ne rien dire et j'attrape une vingtaine de cartons réponses en soupirant pour commencer à les trier.

– Ne soupirez pas, Charlotte, pour l'amour du ciel ! C'est si... insolent, me fusille-t-elle du regard, me faisant sursauter.

– Veuillez m'excuser, murmuré-je en pinçant les lèvres par crainte de lui dire que je ne le suis pas réellement.

Je prends une grande inspiration que j'espère discrète, et j'observe à l'extérieur le soleil qui inonde de sa lumière dorée la terrasse et le jardin près de la véranda, pour au final quitter des yeux cette beauté naturelle et me concentrer sur mon devoir. Mes mains commencent à trier presque automatiquement les réponses et je vois défiler pas mal de noms que je connais : Black, Greengrass (d'ailleurs un haut-le-cœur me saisit à la gorge...), Bones, Abbott, Rowle... jusqu'à ce que j'arrive au seul qui m'intéresse vraiment. Potter. Je sens mon cœur glisser dans ma poitrine et je m'empresse d'en lire les cartons réponses, constatant avec surprise qu'il y en a trois qui sont notés au nom de Potter. Le premier est celui de Henry, présent à la soirée, évidemment, et je dois cacher mon sourire par crainte que ma tante ne m'enferme à double tour dans ma chambre. Quoique à présent j'aie dix-sept ans... je ne suis plus une enfant !

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