Éprise

36 : J'ai changé d'avis

Je suis gelée.

Emmitouflée dans ma couverture je ne rêve que d'une chose c'est que Riley soit là pour me prendre dans ses bras et me réchauffer un peu. Or, je sais qu'il est sur la route du retour et n'arrivera quand dans plus de trois heures. Et lorsqu'il passera le pas de la porte ce ne sera pas pour me câliner mais pour qu'on ait une discussion qui risque d'être tendu. Après celle-ci je ne sais pas ce qu'il adviendra de nous deux, de notre couple.

Je ne dois pas y penser, je ne dois pas y penser maintenant parce que sinon je sais que je vais réfléchir à ce que je vais dire, je vais monter tout un discours que je ne vais même pas utiliser devant lui. Tout ce que nous allons nous dire doit rester naturel et tout viendra sur le moment même mais en attendant je devrais plutôt m'occuper l'esprit.

J'aimerais beaucoup sortir faire du shopping ou quelque chose comme ça mais je sais que tous mes amis sont en dehors de la ville, tous sauf Jake mais il ne m'accompagnera jamais. Je me prépare donc un thé, range un peu l'appartement et sors mes affaires de cours alors que je retourne à la fac dans moins d'une semaine. En buvant mon thé je parcours mes contacts, je cherche l'âme charitable qui pourrait m'accompagner mais je ne trouve personne... Je dois me trouver une occupation !

Au moment où je commence à désespérer mon téléphone vibre et un message de Nessy s'affiche, elle me souhaite la bonne année, peut-être est-elle déjà rentré. J'appelle son numéro et pour mon plus grand plaisir il s'avère qu'elle a dû écourter ses vacances et rentrer plus tôt à Ann Arbor, je lui propose donc de passer me voir ce qu'elle accepte avec plaisir. Nous raccrochons, j'en profite pour aller m'habiller plus convenablement et l'attends.

A peine arrivé Nessy prend ses aises et se laisse tomber sur le canapé. Elle n'a pas fière allure, elle n'est pas maquillée, ce qui ne lui ressemble pas, ses cheveux verts sont coincés dans un chignon qu'elle semble ne pas avoir défait depuis trois jours et porte un jogging. Définitivement, quelque chose ne va pas.

-Oh Aria j'en ai plein le cul !

Elle vient recouvrir son visage de ses mains, sa voix tremble et j'ai bien l'impression qu'elle va pleurer d'une minute à l'autre alors je la rejoins et frotte son dos en attendant qu'elle veuille me parler.

-Putain ! Fait chié ! Je suis une merde moi ? Est ce que j'ai l'air d'être une merde ? Dit moi ! Dit-elle hystérique en se levant d'un bond et faisant les cent pas.

-Non, pas du tout ! Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-Mais c'est l'autre là ! C'est lui la merde ! Putain !

J'ai très rarement vu Nessy dans un état pareil, elle a l'air hors d'elle et terriblement blessé.

A ses mots je comprends que quelque chose s'est passé entre Clinton et elle, j'espère vraiment qu'il n'a rien fait pour la blesser sinon je m'occuperais personnellement de son cas.

Plus calme elle revient s'asseoir en tailleur à côté de moi. Vu la situation je lutte pour ne pas hurler en voyant ses chaussures entrer en contact avec le tissu de mon canapé.

-Ah désolé, j'avais oublié que t'étais maniaque.

Elle a dû voir mon regard puisque d'elle-même elle retire ses chaussures pour se remettre dans la même position. Je me sens mieux.

-Je suis désolé de niquer nos retrouvailles mais j'ai besoin de péter un bon plomb là ! Il est quelle heure ? 17h ? C'est pas trop tôt pour se prendre une murge ! Vient on va boire.

Même si ça n'a rien à voir avec le programme que j'envisageais ça me parait plutôt bien. J'enfile donc mes chaussures et mon manteau et monte dans la voiture de Nessy pour braver le vent gelée de ce début Janvier.