Cela faisait déjà deux semaines que Guo était parti à l'étranger ; à son retour, la première chose qu'il demanda à Li Wang fut :
« Comment va Shuai dernièrement ? »
« Il va bien. » Répondit-il après une longue pause.
« Certain ? » Dit Guo en lui jetant un regard. « J'ai été très pris dernièrement, je n'ai pas pu l'appeler. Il est peut-être en colère, non ? »
« Il va bien, je dirais même très bien. » Toussa Li Wang.
« Vraiment ? » Insista Guo, il n'était pas convaincu, il était certain que quelque chose n'allait pas.
« Tu n'en croiras sûrement pas tes yeux en le voyant. » Répondit-il en choisissant prudemment ses mots.
« Conduis-moi à la clinique. »
Directement depuis l'aéroport, ils se rendirent à la clinique.
Shuai s'amusait avec une boîte de pilules avec un air las, lorsqu'il entendit l'engin à l'extérieur, il leva la tête et ses yeux s'illuminèrent subitement. Mais une fois que l'homme sortit, il changea d'expression et continua d'agir comme s'il s'ennuyait.
Guo entra dans la clinique et le téléphone sur le bureau du docteur sonna. Shuai fixa Guo et décrocha lentement.
« Allô ? Oui, qu'est-ce que tu veux ? Non, je n'ai pas le temps. Tu devais passer hier. J'ai attendu toute la journée pour rien. »
Le docteur n'avait pas changé de coupe, ses petites boucles complimentaient son costume sur-mesure et ses baskets. Il continua de fixer Guo avec un air désintéressé.
Guo ne réagit pas, il saisit le tabouret et s'assit, il plissa légèrement ses beaux yeux et observa Shui flirter ouvertement avec un autre.
« Sais-tu à quel point, tu m'as déçu hier ? Mauvais temps ? Ce n'est pas une bonne excuse ! Je n'ai plus envie de te voir, même si tu viens maintenant. Tu n'aurais jamais dû me mettre un lapin. Donne-le à quelqu'un d'autre, je n'en veux pas ! Pourquoi tu insistes autant ? J'ai dit non, laisse-moi tranquille ! D'accord, d'accord. Puisque tu ne cesses de me supplier, je vais l'accepter. Tu peux le laisser à la boutique d'à côté. Je ne suis pas d'humeur, je ne veux pas te voir. »
Il raccrocha violemment et fit mine d'être surpris en voyant Guo.
« Oh, tu es là ? Depuis quand ? »
« Depuis le début de ton appel avec le livreur. » Répondit Guo.
« Comment ça ? » Demanda Shuai, embarrassé.
« L'appel à l'instant, c'était bien un livreur. » Sourit-il.
Putain... Jura furieusement le docteur. Jamais je n'arrive à le piéger, il déjoue toutes mes farces.
« Quel livreur ? » Continua-t-il à faire semblant. « Tu es tordu. Tu te fais des films. »
À peine eut-il fini sa phrase que la voix du livreur raisonna à l'extérieur.
« Il y a-t-il un Jiang Xiao Shuai ici ? »
Le docteur se rendit honteusement à la porte et s'énerva contre le travailleur.
« Je t'ai dit de le laisser à la boutique d'à côté, non ? Pourquoi es-tu venu jusqu'ici ? »
Le livreur joufflu le fixa d'un air moqueur.
« Tu as dit que tu ne voulais pas me voir, mais moi, j'avais envie de te voir. Je fais ce boulot depuis un moment, mais c'est la première que j'ai à faire à ce genre de comportement. »
Puis il jeta le colis et s'en alla sur son scooter, tout en insultant le jeune docteur.
Avant même que Shuai n'ait pu remettre un pied dans la clinique, Guo se mit à le taquiner.
« Ce n'est pas moi qui suis tordu, mais bien ta chevelure. »
Shuai ne répondit pas et se vautra sur le canapé avec un air sombre.
Guo approcha et tendit sa main, il caressa sa chevelure.
« J'ai tellement envie de tirer sur tes petites boucles pour les raidir. »
« Tu n'as pas intérêt à le faire ! » Grogna Shuai.
Le jeune maître s'approcha davantage et murmura à l'oreille de son amant.
« Est-ce qu'ils sont aussi bouclé plus bas ? »
Le docteur lança son poing, mais Guo l'attrapa, puis il le tira dans ses bras, il le tint ferment et baisa tendrement son front.
« Tu m'as manqué. »
« Wang Shuo a passé la nuit chez moi. »
« Et pourquoi a-t-il voulu passer la nuit avec toi ? » Demanda-t-il agacé.
« Pourquoi es-tu aussi nerveux ? » Dit Shuai en lui jeta un regard. « C'est marrant, à chaque fois que Wang Shuo est mentionné, Chi Cheng et toi êtes toujours très anxieux. Est-ce que vous craignez qu'il divulgue quelque chose ? »
« Et c'est reparti... » Retorqua le riche jeune homme. « Qu'est-ce que tu veux qu'il divulgue ? »
« Attends, attends, attends... » Le calma Shuai. « Avant ça, j'ai quelque chose à te montrer. »
Il sortit la copie du dossier médical de Wang Shuo.
Guo jeta un œil au dossier et soudain son expression changea, son corps se raidit et il frissonna.
« Comment as-tu mis la main sur ça ? »
« Wu l'a récupéré dans le cabinet de la tante de Chi Cheng. Sept ans plus tôt, Wang Shuo s'est rendu régulièrement dans son cabinet pendant six mois. »
Guo fut très surpris par la nouvelle, il fixa le dossier effaré. Il feuilleta les notes de la psychologue et son visage s'assombrit.
« Comment se fait-il que tu n'es pas au courant ? Vous étiez très proches. »
Sa réaction confirma ses prédictions, Guo ne savait rien de tout ça. Il se souvint que lorsque Chi Cheng et Wu se disputaient, les deux meilleurs amis se retrouvaient pour boire et aucun mot n'était échangé.
« Tu n'étais pas une lumière quand tu étais jeune. » L'insulta Shuai.
« La sagesse se cultive avec le temps. » Répondit froidement Guo.
« Putain ! » Laissa échapper le docteur entre ses dents. « Wang Shuo est talentueux, son départ vous a permis de grandir, c'est lui qui a façonné vos esprits. »
Guo resta silencieux un moment avant de répondre.
« Je dois le voir, on n'a pas pu régler tous nos différends la dernière fois et maintenant, j'ai aussi ça à mentionner. »
Shuai soutint sa décision en hochant la tête.
« Tu ne comptes pas m'en empêcher ? »
De l'autre côté, Li Wang avait très honte en entendant son maître poser cette question. Mais où est passé ton courage ? Il a pris ses jambes à son cou, tu es devenu un froussard. Je m'inquiète réellement pour toi.
« Au contraire, c'est ton moment de gloire ! Montre nous de quoi tu es capable, j'ai hâte d'en finir avec cette histoire. »
Guo prit le dossier et s'en alla avec un air décidé.
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De son côté, Gang Zi savait que plus Chi Cheng passait de temps avec lui, plus cela ne présageait rien de bon. Déjà deux semaines qu'ils se voyaient tous les jours, il était évident que les deux amants ne s'étaient pas réconciliés.
Ils approchaient de l'intersection qui séparait leur logement et l'entreprise de Wu. Gang Zi s'adressa à Chi Cheng par habitude.
« De quel côté ? »
Chi Cheng fixait la route en direction de l'entreprise, Gang Zi se prépara à tourner, mais trois voitures lui passèrent devant et empirèrent la circulation. Il savait qu'ils allaient passer un temps à l'intersection, alors il alluma une cigarette et la tendit à Chi Cheng.
Celui-ci ne réagit pas et continua de fixer en direction de l'entreprise de son partenaire.
« Ça fait déjà deux semaines, n'est-ce pas ? » Demanda Guo.
Chi Cheng se tourna vers lui et répondit calmement.
« Il a passé la nuit chez un autre, l'ignorer deux semaines reste très généreux de ma part. »
« Sérieux ? » Dit Gang Zi, surpris. « Tu ne l'as pas puni ? »
« Si je ne l'avais pas mis dehors, il aurait sûrement fini à l'hôpital. »
Gang Zi fut impressionné par la bonté du jeune homme, il devenait de plus en plus gentleman, auparavant, il ne se serait pas contenté de mettre son amant dehors, il lui aurait certainement brisé une jambe.
« Il devient de plus en plus audacieux, tu dois le remettre à sa place. »
Chi Cheng regarda tristement par la fenêtre.
« Ce n'est pas de l'audace, il cherche simplement à m'énerver. »
Gang Zi sourit malgré lui.
« Puisque l'on est coincé. Pourquoi tu ne vas pas faire un saut rapidement ? Ramène-le à la maison. »
Chi Cheng hésita.
« Il est préférable qu'il passe un peu plus de temps avec sa mère. »
Gang Zi comprit enfin, la colère du jeune maître ne faisait pas le poids face à son devoir de beau-fils, il était bien plus compréhensible qu'il ne lui paraissait.
Les deux hommes restèrent silencieux, puis Gang Zi, étonné, reprit.
« C'est étrange. J'ai l'impression qu'il y a plus de monde que d'habitude autour de l'entrée. »
« Descends, jeter un œil. » Dit Chi Cheng.
« Tu ne préfères pas y aller toi-même ? » Demanda Gang Zi.
Chi Cheng ne répondit pas, seul Wu occupait son esprit, il savait que s'il le voyait, il finirait par craquer.
Gang Zi en avait aussi conscience, ainsi il descendit du véhicule et se dirigea vers l'entrée. Une demi-heure plus tard, il remonta.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Rien de bien sérieux. Un client a commandé des lumières, mais ils ont installé les mauvaises couleurs. Maintenant, non seulement, il veut des nouvelles lumières, mais il demande aussi à ce que la boîte paie pour les rénovations, sous prétexte que le temps de son entreprise est précieux et que cet incident l'a empêché de gagner de l'argent. »
« Tu as réglé le problème ? Tu l'as fait taire avec de l'argent ? » Ricana Chi Cheng.
« Oui. » Répondit Gang Zi. « Wu n'était pas là alors j'ai dû prendre une décision, de plus, il y avait beaucoup trop de monde, je me devais de régler le litige rapidement. »
« Comment ont-ils fait pour se tromper dans les couleurs ? » Dit Chi Cheng en plissant les yeux.
« Qui sait ! Lin Yan Rui m'a dit que Wu les avait choisi lui-même. Ce n'est pas la première fois, à chaque fois qu'il sélectionne personnellement, il y a une plainte sur le choix des couleurs. »
Chi Cheng médita calmement sur ce point, doucement plusieurs de leurs interactions lui revinrent.
« Tu portes des sous-vêtements roses, tu cherches à draguer qui ? »
« Tu racontes des conneries. Ils sont gris ! »
« Vous avez grillé le feu. »
« Impossible ! Le type à côté a aussi accéléré ! »
« Pourquoi suivez-vous une voiture alors que vous pouviez très bien voir le feu juste devant vous ? »
« Da Bao ! Fais attention au python jaune derrière ! »
Chi Cheng réalisa soudainement quelque chose.
Au même moment, son téléphone sonna, il s'agissait du docteur en charge de Mama Wu.
« Venez rapidement, s'il vous plaît. Son état s'est aggravé, son fils l'a conduite à l'hôpital. J'ai oublié d'avertir la nouvelle infirmière et elle lui a malheureusement tout dit... »
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Très bonne semaine à tous !