"Qui est ton père ?"
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J'avais passé la soirée à tirer sur ces cibles mobiles mais j'avais encore un score de réussite médiocre. J'en touchais seulement trois sur dix, et ce n'était même pas en son centre. Comme la première fois, je désespérais.
Je retournai dans ma chambre et je me couchai directement sur mon lit. J'étais fatiguée. Je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à viser correctement si j'avais cette magie en moi. J'étais vraiment désespérante. Je m'endormis peu de temps après.
J'eus une nuit complète, sans rêve, comme je n'en avais pas eu depuis longtemps. Ça m'avait revigoré, j'étais d'attaque pour la journée. Je me levai et je partis prendre un uniforme dans mon armoire.
Quelque chose sur mon bureau retint mon attention. Encore un mot. Je commençais à en avoir assez. J'avais d'autres problèmes à gérer beaucoup plus important que la haine et l'acharnement de ce harceleur.
Ne pouvait-il pas vivre simplement de son côté et me laisser en paix ? État-ce trop demandé ?
"Je t'ai dit de partir. C'est à cause de toi que Zara est morte. Ta mère a aussi été tuée à cause de toi. Tu arrives à vivre avec ça sur la conscience ?"
Mon corps bouillonnait. Peu importe qui avait écrit ça, si je trouvais qui c'était, il allait me le payer cher. Personne n'avait le droit de dire ça.
Personne n'avait le droit de mettre sur la table la culpabilité que je ressentais chaque jour vis-à-vis de la mort de ma mère et de celle de Zara. En quatre phrases, elle avait réussi à m'énerver et à gâcher ma journée qui n'avait même pas encore commencé.
Je relus le message. "C'est à cause de toi que Zara est morte. Ta mère a aussi été tuée à cause de toi."
Seuls mes amis savaient ça. Il n'y avait qu'eux qui savaient pour la lettre disant que Nicolas avait tué Zara en guise d'avertissement pour la guerre et que ma mère avait été tuée parce qu'elle était la mère de la fille que Nicolas voulait.
Mes amis n'auraient pas pu me faire ça. À moins que... Ma colère prit le dessus sur moi et je sortis en furie de ma chambre pour en rejoindre une autre.
J'ouvrais la porte sans prendre la peine de frapper et je commençais à crier sur la personne qui avait écrit les mots.
- Comment as-tu pu me faire ça Aymeric !? Je sais que tu m'en veux de t'avoir laissé mais faire ça, ça ne se fait pas ! Tu sais très bien que je culpabilise déjà beaucoup, tu n'es pas obligé d'en rajouter ! Tu n'as aucun droit pour me dire ça ! Aucun !
- Alyssia, écoute moi...
- Non, toi tu vas m'écouter ! Qui es-tu pour me dire ces atrocités pareilles ? Oui Zara est morte à cause de moi. Oui, ma mère est morte par ma faute. Mais tu ne crois pas que je souffre déjà assez ? Ma conscience me suffit ! Alors pourquoi me fais-tu ça ? Ça t'apporte quoi de remuer le couteau dans la plaie ? Ça soulage ta souffrance ? Tu te sens mieux en faisant du mal aux autres c'est ça ?!
- Alyssia... Je ne sais pas de quoi tu me parles.
- Mais bien sûr, monsieur s'amuse avec mes émotions mais il ne sait pas de quoi je parle. Bravo Aymeric, tu as réussi, tu vois dans quel état tu m'as mise ! Je pensais que tu valais mieux que ça ! Je pensais réellement que tu étais quelqu'un de bien !Tu me déçois !
- Aly, arrête de me gueuler dessus ! Je ne sais pas de quoi tu me parles alors soit tu m'expliques ce qu'est cette histoire soit tu sors de ma chambre !
Je le regardai droit dans les yeux avec rage. Il avait l'air de dire la vérité. Il avait l'air sincère. Je commençai à remettre en question ma conclusion. Et si ce n'était pas lui au final ?
- Ce n'est pas toi qui a écrit ces mots ?
- Quels mots ?
- Et merde...
- Bon tu m'expliques oui ou non ? s'impatienta Aymeric.
C'était qu'à ce moment que je réalisai qu'Aymeric ne portait pas de tee-shirt. Je poussai un cri et me cachai les yeux.
- Pourquoi tu n'as pas de tee-shirt !? m'exclamai-je.
- Eh bien vois-tu, j'étais en train de me préparer pour aller prendre le petit-déjeuner avant que tu débarques ! Donc maintenant explique-moi ce qu'est cette histoire !
Je pris une grande inspiration pour essayer d'évacuer toute la colère qui était en moi puis je commençai à lui raconter ce qu'il se passait :
- Depuis quelques temps je reçois des mots pas très gentils. Ils me disent de quitter l'école parce que je n'étais pas la bienvenue, ils m'ont dit que j'étais une bombe à retardement et ils m'ont dit que j'étais responsable de la mort de Zara et de ma mère. Ils disent que je suis un danger pour l'école et que, par conséquent, je devais partir.
- Qui a écrit ça ?
Je pouvais voir une once de colère dans les yeux de Aymeric.
- Je ne sais pas, je m'étais dit que c'était toi puisque seuls mes amis étaient au courant de la mort de ma mère et comme on n'était pas en très bons termes...
- Mais Aly ! Tu sais très bien que je ne ferai jamais ce genre de chose !
- Excuse-moi.
- Ce n'est pas grave. Je vais t'aider à trouver qui est l'auteur de ces mots et il va le payer.
Je le regardai, il avait l'air déterminé. Je souris, j'avais retrouvé mon ami et ça me faisait du bien. Même si nous étions en froid, nous savions que nous pouvions compter l'un sur l'autre. C'était comme ça que fonctionnait mon groupe d'amis.
Aymeric mit sa chemise et on partit petit-déjeuner.
- Aymeric, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu à la table ! s'exclama Armande.
- Oui, j'étais avec Léna.
Il bloqua sur son prénom. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Ils avaient rompu ? Je fus apparemment la seule à le remarquer puisque Armande attira notre attention lorsque nous étions tous assis autour de la table.
- Demain soir on va faire un concert avec le club de musique. Tout le monde est invité, ça aura lieu dans la salle de réception. Préparez-vous à acclamer une future star !
- Vous êtes déjà prêts pour faire un concert ?
- Eh oui cocotte. On est dans un lycée d'art, tous nos musiciens sont bons donc on a pu caser pleins de chansons. Ça va être un concert de Noël. Vous viendrez n'est-ce pas ?
- Bien sûr ! On ne raterai ça pour rien au monde !
♪♪♪♪♪
Les cours de la matinée se finirent. J'allai déjeuner avec les autres lorsque je fus interceptée par quelqu'un.
- Les mots ne sont pas assez explicites ? Tu veux que je te menace directement c'est ça ? Qu'est-ce que tu fais encore là ? Je t'ai dit de dégager de mon école !
Léna était en face de moi. Elle m'avait plaquée contre le mur et me retenait à la gorge avec son avant-bras.
- Je ne partirai pas, réussis-je à articuler.
- Et moi je te dis de partir !
Elle me donna un coup de poing dans le ventre. Je poussai un cri et elle continua à me ruer de coups. Elle était folle.
- Je ne veux plus que tu t'approches d'Aymeric !
Quel était son problème ? Elle voulait que je parte parce que l'école était en danger ou parce qu'elle voulait être seule avec Aymeric ?
Elle continuait de frapper et je commençais à me sentir partir. Mon corps ne me répondait plus, je ne pouvais pas me défendre, elle m'en empêchait.
Je fermai les yeux, j'étais sur le point de m'évanouir. Son avant-bras appuyait de plus en plus fort sur ma gorge et j'avais de moins en moins d'air.
- Léna qu'est-ce que tu fais ? Arrête tu vas la tuer !
La seconde d'après je ne sentais plus rien. Je m'écroulai au sol et je pris une grande respiration. Son avant-bras m'empêchait de respirer correctement et j'ai bien cru que j'allais m'évanouir car je n'avais plus d'oxygène dans mon corps.
- Qu'est-ce qui te prends ? Tu es folle !
- Elle le mérite !
La personne se précipita à côté de moi.
- Aly ça va ? Tu vas bien ? Bon sang Aly réveille toi ! Ouvre les yeux !
Je m'évanouis l'instant d'après.
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J'ouvris avec difficulté les yeux. La lumière du soleil m'éblouissait. Je regardai autour de moi. Il y avait Carter et Aymeric. J'étais à l'infirmerie.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandai-je lorsque j'eus pris mes repères.
- Léna t'a frappé et tu t'es évanouie, m'expliqua Aymeric.
- C'est elle qui a écrit les mots.
- J'avais deviné.
- De quoi vous parlez ? demanda Carter.
Aymeric lui raconta brièvement l'histoire.
- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? me questionna Carter.
- Ce n'était pas important.
- Ce n'était pas important mais tu as fini à l'infirmerie, me reprocha-t-il.
- L'infirmière a dit que tu pourras sortir en fin d'après-midi, me dit Aymeric. En attendant repose toi.
Je fermai les yeux et je m'endormis presque instantanément.
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- Aly, réveille toi, tu as le droit de partir.
Quelqu'un me secouait légèrement. Je reconnaissais la voix : c'était celle de Carter. J'ouvris les yeux. Je me sentais un peu mieux. J'avais moins mal au ventre. L'infirmière m'avait donné des anti-douleurs. Lorsque je fus pleinement réveillée, Carter m'aida à me relever.
- Je veux te montrer quelque chose, tu veux bien ?
Je hochai la tête. Je lui faisais confiance. Il se dirigeai vers l'entrée du bâtiment.
- Tu m'amènes où ? demandai-je.
- C'est une surprise.
On sortit de l'école pour rejoindre la forêt. On marcha une bonne dizaine de minutes et lorsqu'on se stoppa, je reconnus l'endroit.
- Pourquoi m'amènes-tu à la clairière ?
Carter me fit signe de me taire. Il me tendit la main que je saisis. Il s'allongea et je fis de même. Je fus époustouflée par la vue. Il y avait des milliers d'étoiles.
On pouvait même voir la sorte de traînée de poussières qu'était le bras de la voie lactée. C'était tout simplement magnifique. La vue était extraordinaire.
Ici, il n'y avait aucune pollution alors on voyait distinctement les étoiles que composaient l'univers.
- Tu sais pourquoi en été on voit plus d'étoiles qu'en hiver ? me demanda Carter.
Je secouai la tête tout en continuant de fixer le beau ciel étoilé. Je n'en avais pas la moindre idée.
- En été, notre système solaire est tourné vers l'intérieur de la galaxie, là où est concentré la majorité des étoiles de la Voie Lactée. Elles sont toutes attirées, nous compris, vers le trou noir qui se trouve au centre de chaque galaxie.
- Je ne savais pas. Comment sais-tu ça ?
- Mon père est astrophysicien.
On resta allongé une bonne partie de la soirée. Carter me montrait plusieurs étoiles et ils me parlaient des constellations et de leurs histoires.
Il me raconta l'histoire de la grande ours. Au printemps, l'ours se faisait poursuivre par sept chasseurs, en été, plusieurs chasseurs arrêtaient la chasse, c'était pour cela que des étoiles disparaissaient du ciel et en automne, les chasseurs restant réussirent à blesser la bête.
La bête saigna alors, et son sang dégoulina sur la Terre ce qui faisait que les feuilles, en automne, devinrent rouges. Je trouvais cette histoire très jolie et très poétique. La connaissance de Carter m'impressionna et j'étais captivée par ses paroles.
On contemplait les étoiles lorsqu'un cri se fit entendre. On se releva immédiatement, coupant court à notre moment paisible. On tendit l'oreille pour savoir d'où il provenait.
Un autre cri se fit entendre. Carter me fit signe de la main et on s'engouffra dans la forêt. On s'arrêta lorsqu'on vit un silhouette dans l'ombre des arbres.
- Bonjour Alyssia. Tu te souviens de moi ?
Un frisson me parcourra le dos. L'homme devant moi était celui qui m'avait agressé. Je reconnaissais sa silhouette. Il avait un bras autour de la gorge d'une fille et je pouvais reconnaître le tatouage sur sa main.
- Je suppose que oui. Je voudrais une réponse claire, tu réponds honnêtement sinon je tue la fille.
La fille en question, c'était Léna. J'étais en colère contre elle mais je ne serai pas responsable de sa mort, je ne voulais pas avoir une mort en plus sur la conscience. Personne ne méritait de mourir, peu importe les actes qu'ils avaient commis dans sa vie.
Je voyais déjà son fantôme me hanter la nuit. Non, elle ne devait pas mourir. Cette fois, je pouvais empêcher une mort et je le ferai.
- Donc, qui est ton père ?
Il ne le savait pas ? Les Azyas ne m'en voulaient pas parce que mon père était Nicolas et qu'ils voulaient se venger parce qu'il avait attaqué leur population ? Je ne comprenais pas, pourquoi me voulaient-ils si ce n'était pas pour ça ?
- Je ne sais pas, répondis-je.
L'homme passa lentement la lame d'un couteau sur la gorge de Léna. Il ne lui avait pas encore tranché la gorge mais je voyais qu'elle était terrifiée.
- La bonne réponse s'il te plaît.
- Je ne sais pas !
- Mauvaise réponse.
Il déchira la chair du bras de Léna qui hurla de douleur. Le sang coulait le long de son bras.
- Pourquoi vous en avez après moi ? hurlai-je, à bout de nerf.
- Je pose les questions et tu réponds. Donc, qui est ton père ?
Pour me menacer, il remit la lame sous la gorge de Léna. Elle était complètement paniquée. Je me souvins de ma mère, sa gorge avait aussi été tranchée. Pour rien au monde je ne voulais avoir cette vision à nouveau.
- C'est Nicolas Piétras, soufflai-je.
- Mmh, intéressant tout ça.
Il planta le couteau dans le ventre de Léna et il disparut. Je me jetai sur elle, je retirai le couteau et j'essayai de la soigner avec les sortilèges que m'avait appris Mia.
Carter était toujours debout, il n'avait pas bougé d'un millimètre. Il avait l'air choqué. Après tout, il venait d'apprendre que le père de sa copine était le monstre qui était en guerre avec l'école, celui qui avait tué la majorité des parents de cette école.
J'avais réussi à soigner la blessure au bras mais je n'arrivais pas à soigner totalement la blessure du ventre, elle restait bien ouverte car elle était trop profonde et mes sortilèges étaient inefficaces.
- Carter aide moi à porter Léna jusqu'à l'infirmerie, je n'arrive pas à la soigner, la blessure est trop profonde !
Carter ne bougea pas. On aurait dit qu'il était dans un autre monde.
- Carter, l'appelai-je en le secouant doucement.
- Tu comptais nous le dire quand que ton père c'est Nicolas ?
- Jamais... Mais ce n'est pas le moment, on en parlera plus tard s'il te plaît, il faut sauver Léna.
Il porta Léna dans ses bras, on rentra à l'école et on l'amena à l'infirmerie. On la posa sur le lit puis Mia et Andrew arrivèrent. Mia utilisa sa magie pour soigner la blessure de Léna alors qu'Andrew faisait les cent pas dans la pièce.
- On avait pourtant tout reconstruit, il ne peut pas y avoir d'autres failles. Comment a-t-il pu entrer ?
Je regardai la blessure de Léna se reboucher petit à petit sous les mains de Mia. Carter était debout dans la salle, immobile et toujours silencieux. Il n'y aurait pas un sortilège qui ferait oublier ?
- Alyssia et Carter, allez vous coucher, on s'occupe de la situation, nous ordonna Andrew.
Son ton était sans appel. On obéit donc sans protester. Maintenant, j'allais devoir m'expliquer avec Carter. La soirée était déjà longue, mais là, elle promettait d'être interminable.