"Ça a commencé."
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Aymeric me raccompagna jusqu'à ma chambre.
- Tu es sûre que tu peux rester seule cette nuit ?
Je hochai la tête. Je n'allais pas le déranger. Il devait être aussi fatigué que moi. Il me déposa un furtif bisou sur la bouche puis il s'en alla. Je regardai sa silhouette disparaître au bout du couloir.
Lorsque je ne le vis plus, j'entrai dans ma chambre. Je m'affalai sur mon lit et, curieusement, je m'endormis rapidement. Ça devait être dû à la fatigue accumulée ces derniers jours.
Je me réveillai et me retrouvai dans une pièce. La pièce. Celle de mes cauchemars.
Je ne portai pas cette robe légère blanche. J'étais en tenue des cours du soir, c'est-à-dire un legging noir avec une veste noire et des baskets de la même couleur. C'était la tenue que je portai avant de m'endormir.
J'entendis des pas se rapprocher et s'arrêter devant ma cellule. J'entendis le bruit de clé qu'on tourne dans une serrure puis la porte s'ouvrit en un lourd grincement.
Une personne entra dans la salle et ferma la porte derrière elle. Je la reconnus immédiatement. C'était Zara. Elle était comme hier : dans la tenue des cours du soir, les yeux exorbités et les veines noires. On aurait dit un mort vivant.
Elle me regarda avec haine puis la colère prit place sur son visage et elle me hurla dessus :
- Tout ça c'est de ta faute ! Si tu n'étais pas venue dans cette école, je serai encore en vie ! Tu ne sais pas ce qui va se passer ! Tu es un danger pour tout le monde ! Tu as signé l'arrêt de mort de l'école et de tous les élèves la constituant !
... Andrew n'aurait jamais dû t'intégrer dans le lycée. C'est une grosse erreur. Tu vas engrener une guerre mortelle et sans fin. Et d'ailleurs ça a commencé. Tu as intérêt à arrêter cette guerre très vite ou alors tu perdras tout. TOUT ! Tu m'entends ?! Tout est de ta faute !
Je me réveillai en sursaut. Ma respiration était saccadée, j'avais du mal à respirer. Mes oreilles bourdonnaient. Je tremblais comme une feuille. J'avais chaud. J'étais en sueur. Ma vue était brouillée par mes larmes.
Ma faute ? Sa mort était de ma faute ? Une guerre avait commencée ? C'était de ma faute ? Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait me dire. Pourquoi était-elle dans mon rêve ? Pourquoi me disait-elle ça ? Je ne comprenais vraiment pas.
Et puis, de quelle guerre parlait-elle ? Comment pourrais-je créer la mort de tout le monde ? Ça n'avait pas de sens. Je décidai de me recoucher, peut-être qu'avec du sommeil, je comprendrai mieux. La nuit porte conseil comme on dit.
Je m'allongeai et attendis que le sommeil arrive mais dès que je fermai les yeux, le visage de Zara venait me hanter.
Après une trentaine de minutes d'effort sans succès pour essayer de m'endormir, je décidai de descendre me chercher une bouteille d'eau dans les cuisines. À cette heure-ci, il ne devait y avoir personne debout, donc pas de problème de couvre-feu.
Je pris un gros gilet que je mis par dessus mon pyjama et je sortis de ma chambre. Un silence de mort régnait dans l'école.
C'était la première fois que j'entendais le lycée aussi silencieux. Je descendis les marches et lorsque j'arrivai devant les cuisines, je vis de la lumière. Quelqu'un était levé ? Je me rapprochai à pas de loup.
- Ça a commencé, dit une voix masculine. Ça va recommencer, il faut que nous soyons prêts.
- Que comptes-tu faire ?
Je reconnus immédiatement la voix. Je dépassai légèrement la tête de la porte pour pouvoir voir la scène. Je ne m'étais pas trompée. Carter était en train de parler avec Andrew.
Comment se faisait-il qu'ils discutent si tôt le matin ? Pourquoi est-ce que j'interceptais toujours des conversations auxquelles je ne comprenais rien et où Carter était toujours lié ?
- Il va falloir durcir les cours du soir, répondit le directeur.
- Tu vas tout dire à Aly ?
Moi ? Qu'est-ce que je faisais dans la discussion ? De quoi devrais-je être prévenue ? « Ça a commencé » avait dit Andrew ? C'était la même phrase que Zara m'avait dite. Je ne comprenais strictement rien. Qu'entendaient-ils par ça ?
Je remontai en vitesse dans ma chambre pour ne pas me faire repérer. Une guerre avait commencé ? Et j'en étais au cœur ?
Je me recouchai et je patientai jusqu'à ce que le soleil se lève. Je n'avais pas refermé l'oeil de la nuit. J'avais des cernes monstrueuses. Je me rendis compte que depuis que je m'étais transformée, je m'étais éloignée de Hannah. Il fallait que je lui parle. J'avais envie de parler à mon amie.
Je me rendis devant sa chambre et je toquai deux coups. Hannah m'ouvrit la porte. Elle fut étonnée de me voir ici. Enfin c'était ce que je croyais.
- Aly ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu es toute pâle ! Enfin plus pâle que d'habitude. Tu n'as pas dormi ?
« Bingo » me disais-je. La couleur de mes cernes devaient encore plus être visible étant donné que ma peau était aussi blanche que la neige.
- Je peux te parler ? Mais il faut que tu n'en parles à personne.
- Je t'écoute.
Elle me laissa entrer dans sa chambre. Je m'assis sur le lit et elle prit place à côté de moi.
- J'ai plusieurs choses à te raconter alors je vais commencer par le début. Tu vois, ma transformation... Je suis devenue comme eux. Ma magie s'est déclenchée à cause de mon agression. Tu es au courant pour les cours du soir ?
- Oui, Tegan m'en a parlé.
- J'en fais partie maintenant.
- C'est à cause de ça que tu ressembles à un zombie ? Aly, arrête les cours du soir si tu n'as pas assez d'heure de sommeil !
- Ce n'est pas ça Hannah, dis-je en secouant la tête. Hier, j'ai rencontré mon père.
Elle fut surprise mais ne dit rien. Je continuai alors.
- Je l'ai vu hier après les cours du soir à la clairière. Tout s'est bien passé, il a répondu à mes questions. En rentrant, je suis tombée sur Zara. Enfin, sur le corps de Zara. Elle est morte hier. D'après l'infirmière, ce serait par une magie de poison très puissante. Et cette nuit, Zara est venue me voir dans le cauchemar que je fais de façon récurrente. Elle a dit qu'une guerre a commencé à cause de moi et qu'elle était morte par ma faute.
Hannah était tellement stupéfaite qu'on aurait dit que sa mâchoire allait se décrocher du reste de son visage. Elle avait les yeux grands ouverts. On ne pouvait pas faire une expression plus surprise que la sienne à ce moment-là.
- Zara est morte ? Tu l'as tuée ?
- Non ! m'exclamai-je. Comment peux-tu penser ça ?!
- Si tu ne l'as pas tué, pourquoi ce serait de ta faute si elle est morte alors ?
- Je ne sais pas... Je ne comprends rien...
- Tu sais, Tegan m'a embrassé le soir du 1er novembre, la soirée où s'est déroulé le jeu d'action ou vérité, dit-elle pour changer de sujet, le rouge lui montant aux joues.
Je considérai Hannah comme ma meilleure amie mais depuis quelques temps, on ne se parlait plus et c'était à ce moment que je m'en rendis compte.
Avant, si ce genre de truc était arrivé, on aurait couru voir l'autre pour lui raconter, maintenant, c'était comme si il y avait un mur entre nous. Un fossé s'était installé entre nous sans qu'on ne s'en rende compte.
- Aymeric m'a aussi embrassé ce soir là, lui avouai-je.
- Wow ! On a été embrassé le même soir !
On continua de parler quelques minutes avant de descendre manger, bras dessus, bras dessous, dans la joie et les rires. Je me sentais légère, j'avais oublié tous mes problèmes. Hannah m'avait un peu maquillée pour tenter de cacher mes énormes cernes.
Lorsqu'on arriva au réfectoire, les autres étaient déjà là. Quand Aymeric me vit, il parut d'abord inquiet puis quand il vit que je rigolais avec Hannah, il parut soulagé.
- Bonjour tout le monde ! m'exclamai-je. Aujourd'hui est un grand jour ! Les options commencent ! J'ai hâte de débuter.
Le directeur se leva de sa chaise se trouvant au fond de la salle, tapa à l'aide d'une cuillère sur son verre pour faire taire les élèves et avoir l'attention de tout le monde, puis il s'éclaircit la voix.
- Pour commencer, bonjour à tous. Je voulais vous informer d'une triste nouvelle. Hier, durant la nuit, Zara a été assassinée. Nous sommes sincèrement désolé pour ce qui lui est arrivé. C'était une fille très douée et studieuse. Elle nous manquera à tous énormément.
... Nous savons que certains d'entre vous ne voudront pas y croire mais sachez que les professeurs et moi-même sommes à votre disposition si vous voulez parler à quelqu'un. Vous n'avez pas à souffrir seuls. Une enquête est ouverte pour découvrir qui est le meurtrier et nous vous assurons qu'il en subira les graves conséquences.
... Nous vous prions également de bien respecter le couvre-feu qui sera pour l'instant décalé à 21h00 et nous vous demandons de rester à l'intérieur de l'établissement jusqu'à ce que cette histoire soit éclaircie. Merci pour votre attention.
Un énorme brouhaha s'éleva dans la salle. Je vis des personnes intriguées, d'autres qui avaient peur et des gens qui retenaient des larmes.
Le petit-déjeuner se passa dans une ambiance assez bizarre. Je croyais qu'il ne fallait pas dire aux élèves que quelqu'un avait été assassiné sinon ça allait créer un mouvement de panique.
Peut-être que Andrew s'était dit qu'il valait mieux que ce soit lui qui leur apprenne la nouvelle plutôt que des rumeurs. Comme ça, les élèves ne penseront pas qu'on leur cachait des choses et ils auraient donc confiance au lycée. C'était la raison la plus convaincante que j'avais trouvé.
À la fin du repas, je me dirigeai vers le bureau du proviseur, comme il me l'avait demandé la veille. Je toquai deux coups puis entrai dans la pièce. Je fus surprise de voir tous mes amis présents hormis Hannah.
- On attendait plus que toi, Alyssia, commença Andrew.
Il prit soudain un air plus grave et ajouta :
- Ça a commencé.