C H A R L E S
Je suis partie du bureau de Holly sans rien ajouter de plus parce que je m'en veux de retomber. Je retombe pour cette fille encore et encore, même quand elle ne faisait plus partie de ma vie j'ai passé des heures à me torturer l'esprit à son sujet.
Hier soir, j'ai repris la route pour Monaco, Maranello n'avait plus besoin de moi. J'ai un jour off avant de prendre l'avion pour les Etats-Unis demain.
Ce midi j'en ai profité pour passer du temps avec ma famille le temps d'un repas, ça m'a permis de fêter mon anniversaire avec les miens.
- Holly ?
Je ne cache pas mon étonnement de la retrouver devant la porte de mon appartement à cette heure-ci, il est au moins 22 heures. Hier, elle était en Italie elle aussi, qu'est-ce qu'elle fait ici ?
- Salut.
Sans attendre d'être invitée à entrer, elle passe sous mon bras tendu avec lequel je tenais la porte d'entrée.
- Évidemment que tu peux entrer, ne te gêne pas.
Je lance de façon ironique quand je la suis dans mon salon qu'elle semble encore bien connaître, à vrai dire, rien n'a changé depuis son départ même pas un seul cadre ou une seule décoration.
Holly sort un tas de dossier en s'essayant sur le canapé. Combien de fois on s'est blotti l'un contre l'autre dans ce canapé d'ailleurs ?
- T'es là pour le travail ?
- Bien sûr, quoi d'autre.
Évidemment que ce n'est pas pour passer du bon temps en ma compagnie. Je récupère ma place sur mon canapé, là où j'étais en train de manger tranquillement assis devant la télé avant qu'elle ne débarque sans être invitée chez moi.
Son regard exaspéré que je sens sur moi sans même avoir les yeux sur son visage me fait sourire de malice.
Son visage a retrouvé presque toute sa beauté, ces points de suture ne sont presque plus visible. Pourtant, elle a toujours l'air de souffrir de ses côtés au moindre geste.
Ma fourchette piquée dans un morceau de viande rejoint ma bouche, sur laquelle je la surprends à loucher dessus.
- Quoi ? Je lui demande la bouche pleine.
- Rien.
Elle secoue la tête en baissant les yeux sur ses papiers qui ne me donnent pas envie de lire, j'ai toujours détesté la paperasse. Je me souviens même que pendant que l'on été ensemble, Holly m'aidait beaucoup là-dessus.
- Il faut que tu me signes ça de toute urgence, c'est pour Riva.
- Tu ne pouvais pas me l'envoyer par mail ?
- En urgence, Charles. Elle insiste. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ce mot ? Tu ne regardes jamais tes mails.
Elle me connais bien.
- Que je te le renvois ce soir ou demain matin, ils l'auront demain.
J'embroche plusieurs pâtes au bout de ma fourchette, quand je dirige cette dernière vers ma bouche, Holly louche une fois de plus dessus, cela en devient presque gênant.
- Tu meurs de faim ou tu meurs d'envie de m'embrasser ?
- Tu poses vraiment la question ? Elle roule des yeux.
- Laisse-moi finir mon assiette et tu pourras m'embrasser autant que tu veux.
- Abruti.
Un rictus s'échappe de ses lèvres avant que ses dernières ne restent bloqué dans un sourire qui me fait du bien à voir.
Holly se penche par-dessus la table basse pour voler la fourchette de mes mains et commence à se servir dans mon assiette.
- Je meurs de faim. Elle lance la bouche pleine.
Je la regarde faire sans rien dire, elle dévore mon assiette de la même manière que si elle n'avait pas mangé depuis des semaines. Il faut dire qu'elle travaille énormément, tout le monde le remarque, moi le premier.
Et puis, des souvenirs me reviennent, les soirées où on se servait qu'une seule assiette dans laquelle on picoraient tous les deux chacun notre tour.
Je me surprends à sourire comme un con tout en la dévisagent s'engloutir mon dîner. Tant pis je serais à la diète pour ce soir.
Mais pourquoi elle n'a pas mangé ce soir ? Pourquoi son copain n'a pas veillé à ce qu'elle mange, est-ce qu'il est à Monaco avec elle ?
- Il prend soin de toi ?
- Qui ? Holly arrête tout mouvement pour me poser cette question.
- Ton copain Holly, qui d'autre ?
Elle me désespère un peu quand même, mon dos tape le dossier du canapé. Sa tête change après ma réponse, comme-ci elle n'avait même pas pensé un seul instant que je parlais de son mec.
- Oh ! Ouais.
- Alors, pourquoi il n'est pas en train de te commander un bon petit plat après ta journée de travail ? Ou mieux, pourquoi il ne t'emmène pas au restaurant ?
- Il est parti sur Paris hier soir. Toi pourquoi t'es tout seul ce soir ?
Une fois qu'elle est complément vide, elle pose l'assiette sur la table basse.
- Alexandra est aussi à Paris. À vrai dire, on fait une pause.
Je ne sais pas ce que lui procure cet aveu, mais Holly manque de peu de faire tomber sa fourchette au sol, désorientée.
- Je suis désolée, sincèrement.
- Vraiment ? Je demande.
- Oui, bien sûr. Si cela te rends triste alors je le suis.
- Pourquoi tu étais si énervé hier ?
Cela fait bien longtemps que je n'avais pas vu cette bouille d'enfant qui apparaît sur son visage juste après la question, ne faisant qu'augmenter mon sourire.
- Tu vas trouver ça ridicule.
- Allez, balance.
- Je savais que je passerais ma journée d'anniversaire toute seule.
C'est vrai, c'est mon anniversaire, mais également le sien. Cela a été ma première pensée au réveil : souhaiter son anniversaire à Holly et c'est ce que j'ai fait.
Je ne vous raconte pas ma déception quand la seule réponse à mon message comporté un remerciement sans me souhaiter le mien.
- Tu ne m'as pas souhaité le mien.
- Joyeux anniversaire Charles.
Ses yeux s'adoucissent me faisant accélérer le rythme cardiaque. Calme-toi mec.
- Il est peut-être un peu tard.
- Je voulais le faire en personne. Pourquoi tu crois que je suis ici ?
Alors ce contrat avec Riva n'est qu'une excuse pour se pointé chez moi. Je me demande si elle a fait toute cette route juste pour me le souhaiter en face comme elle le dit si bien. Ses simples mots sont le feu vert pour lui offrir son cadeau.
Je quitte le salon sans répondre pour aller dans ma chambre, je ne fouille pas longtemps avant de tomber sur ce que je voulais.
Quand je débarque à nouveau dans le salon, Holly n'a pas bougé, elle est en train de regarder le piano.
Je prend place à ses côtés, nos cuisses se touchent et j'aime cette proximité. Ma main dépose avec délicatesse un écrin noir sur ses genoux joint l'un contre l'autre.
- Joyeux anniversaire Holly.
Le bout de ses doigts viennent glisser sur le velours qui recouvrent la petite boîte. Elle ne l'ouvre pas, elle sait déjà ce qu'elle contient.
- Je ne peux pas.
- Pourquoi ? Je ne comprends pas son refus. Elle t'appartient.
- Je ne comprends même pas pourquoi tu l'as encore.
Elle prend l'écrin pour le poser dans l'une de mes mains, avant de s'apprêter à se lever du canapé. Je la retient assis en posant simplement une main sur son genou, elle fixe ma main, seul son collant noir sépare ma peau de la sienne.
- Tu pensais quoi ? Que j'allais la mettre à la poubelle ? C'est ta bague Holly.
Je manipule la boîte d'une seule main pour l'ouvrir, ce que je réussis à faire plutôt facilement.
Elle est toujours là, intacte, la bague de fiançailles d'Holly. J'avais choisi un Ruby rouge, non pas pour Ferrari je vous voit venir, mais pour le symbole de l'amour.
C'est seulement là que je décide de lâcher Holly pour prendre la bague et de manière délicate, je l'approche dans le but de la glisser à son annuaire, là oû est sa place.
- Il faut arrêter ça. Holly se lève précipitamment, me stoppant totalement. Elle se met à faire les cent pas en s'arrachant presque les cheveux avec ses mains dedans. Toi et moi, ce petit jeu.
- Quel jeu ?
- Arrête Charles, tu sais très bien.
- Tu as peur de perdre ?
- J'ai peur que l'on se perdent tous les deux.
Elle se stop net, les mains sur les hanches, son regard planté dans le mien et attend que je dise quelques choses.
Le problème c'est que moi, j'ai déjà perdu.