Je ne comprends pas ce qu'il fait ici, mais je n'aime pas trop cette intrusion. Il n'est pas censé se trouver dans la coloc des garçons.
- Qu'est-ce que tu fais là, Veikka ?
- Je voulais savoir si tu allais bien et apparemment, tout va pour le mieux, répond-il en fixant Will qui arrive derrière moi en reboutonnant sa chemise.
- Tu n'as rien à faire ici, c'est une propriété privé, lui dit-il.
- Non mais attends, ça fait combien de temps que tu es là ? Le questionné-je agacée.
- Quelques minutes. On peut se parler en privé s'il-te-plaît ?
Je ne suis pas réellement sûre de vouloir être seule avec lui mais en réalité, je sais qu'il n'est pas méchant. Je demande au bel eurasien de m'attendre dans la voiture, juste le temps qu'il me dise ce qu'il a sur le cœur. Il accepte malgré ses doutes, et je me retrouve en tête à tête avec le fils de monsieur Blokov.
- Je sais que tu aimes William, mais ce n'est pas pour autant que je vais abandonner.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- J'ai un don d'empathie très élevé et je ressens l'amour que tu as pour lui, m'avoue-t-il. Par contre, je ferais tout ce qui est dans mon pouvoir pour que cet amour soit à moi.
- Tu es bien sûr de toi.
- Un jour viendra où tu seras mienne.
Je n'ai même pas le temps de répondre que Veikka se lève pour repartir à son habitation ponctuelle. Je ne sais pas trop ce qui lui prend, mais je n'apprécie vraiment pas le ton qu'il a employé avec moi. C'est comme si j'étais un trophée que l'on devait gagner. Je suis troublée par cette discussion, mais je rejoints Will dans la voiture qui sent bien que quelque chose ne va pas.
- Qu'est-ce qu'il voulait ?
- Oh euh rien, mens-je. Me parler de quelques missions que je pourrai faire maintenant que j'ai mon diplôme.
- Hum, si tu le dis, n'insiste-t-il pas.
Après quelques minutes de voiture, nous arrivons au bar d'Akela qui a été privatisé pour l'occasion. La fête bat son plein, quand l'invité d'honneur se fait attraper par ses meilleurs amis qui se demandaient ce qu'on été en train de faire.
- On a passé du temps ensemble, dit-il en me regardant.
- Ah oui d'accord, lance Gabi. On ne veut pas de détails, merci !
Tout le monde se met à rigoler. Il est vrai que ça se voit sur nos visages que nous venons de passer un merveilleux moment tous les deux. Je rejoints Iv et Astrid qui sont avec Lukia, puis je prends un verre afin de me détendre de cette rencontre avec Veikka, que je leur explique.
- Je ne le sens pas ce type de toute manière, commence Astrid. Il y a un truc de pas net.
- Par contre je n'ai rien dis à Will alors, ça reste entre nous.
- Ne t'en fais pas, mais Astrid n'a pas tort. Je vais garder un œil sur lui, il ne me plaît pas non plus, affirme Ivria.
- Pour le moment, je n'ai pas vraiment envie de me retrouver en sa compagnie.
- Il t'a fait peur ? S'interroge Lukia. Parce que si c'est le cas, il faut que tu en parles !
- C'est juste que j'ai trouvé son discours assez perturbant, mais je vais faire attention.
- Alors ? Me dit Iv avec un sourire en coin. C'était comment avec Will ?
Je ricane à sa demande assez intime. Je la reconnais bien dans cette démarche tout à fait inapproprié, mais qui lui ressemble tellement. J'explique en quelques mots ce que m'a fait ressentir ce moment passé avec lui, quand ils viennent tous pour nous inviter à danser. Gabi se rapproche enfin de Lukia, ce qui me fait plaisir.
- Tu m'accordes cette danse ? Lui demande-t-il.
- Avec plaisir, rougit l'hawaïenne.
Ils partent tous les deux main dans la main, alors que mon protecteur me propose lui aussi de partager une danse en sa compagnie.
- Ils sont mignons, dis-je durant ce slow qui me donne des papillons dans le ventre.
- Oui, il mérite d'être enfin heureux, il a assez souffert.
- Je suis sûre que c'est Azy qui l'a mise sur son chemin, souris-je.
- Tu as sûrement raison, me serre-t-il contre lui tout en continuant la danse.
Après quelques secondes à profiter au rythme de la charmante musique, il prend mon visage dans sa main droite et il approche délicatement sa bouche de la mienne. Il m'embrasse d'une manière douce et remplie d'amour, ce qui fait plaisir à voir aux gens qui nous entourent. Seulement, je ne peux pas m'empêcher de penser à ma meilleure amie et à ce qui s'est passé.
- Tu penses à Ana ? Me demande-t-il.
- Oui. Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle m'ai giflé.
- Elle n'est pas dans son état normal, ne lui en tient pas rigueur.
- T'as raison, mais j'ai tellement mal au fond de moi à me dire qu'elle souffre autant.
Nous passons une soirée très agréable. Nous avons fait plus ample connaissance avec Lilo et Lukia qui sont des personnes extraordinaires. Il est déjà temps que nous rentrions chacun chez soi. Une fois de retour à la coloc, nous apercevons Ana qui est dans la cuisine en train de boire de l'alcool. Elle a l'air d'être dans un état déplorable.
- Tu fais quoi ? Intervient Iv en chopant la bouteille. Tu crois que c'est en te bourrant la gueule que tu vas avancer ?
- Lâche cette bouteille, répond-elle en titubant méchamment. Je fais ce que je veux !
- Non ! Certainement pas !
- REND-LÀ MOIIII, hurle-t-elle envers notre sirène. T'as... À pas... Donner Pas...Me... Enfin bon, ricane-t-il sous l'influence de l'alcool. T'as pas à me donner d'ordres ! C'est ça que j'voulais diiiire, trébuche-t-elle en s'esclaffant.
- Ton petit jeu ne marche pas avec moi Albane ! Il faut que tu arrêtes de te détruire et tu peux me frapper moi aussi si tu en as envie, JE M'EN CONTRE FOU ! Crie Ivria qui est en colère.
Notre meilleure amie qui est au fond du gouffre se met à rigoler d'une façon étrange. C'est en quelques secondes à peine qu'elle explose tout ce qui peut se casser sur le parquet de l'appartement des garçons. Le sol se met à trembler sous sa colère, de la terre dangereuse commence à s'immiscer dans le lieu, quand les plantes qui sont censées décorer l'intérieure grandissent redoutablement. Ben et Will essayent de la calmer, mais elle devient de plus en plus violente.
- DÉGAGEEEEZ, hurle-t-elle en utilisant ses pouvoirs sur eux. C'EST VOOOOUUUUS ! VOUS AURIEZ DÛ CREVER À LA PLACE DE CALEB !
- Arrête Albane ou tu vas tous nous tuer, essayé-je de la résonner en la plaquant contre le mur.
Une bagarre éclate entre Ana et moi. Elle me propulse contre l'îlot central de la cuisine dans une violence qui ne lui ressemble pas. Nous voyons Astrid qui débarque avec ma marraine et Sœur Marianne. Will et Chris viennent m'aider en maintenant fermement la jeune femme qui se détruit à petit feu. La sœur de la pitié se place juste devant la princesse de la terre et elle lui insère une aiguille dans le cou qui la détend en quelques secondes.
- Il faut faire quelque chose pour l'aider, pleuré-je.
- Je sais ma puce, me dit ma tante en me prenant dans ses bras. Tu n'as rien ? Tu n'es pas blessée ?
- Non.
Seulement, je mens. Et Will le sait, car il ressent la douleur terrible que j'ai au niveau de la nuque. Je passe ma main pour y voir un peu de sang, mais je supplie mon protecteur de se taire par un regard rempli de chagrin. Soeur Marianne décide d'emmener Ana à la maison de l'ombre afin de l'hospitaliser pour qu'elle reprenne des forces. L'appartement est dans un état pitoyable, mais marraine nous oblige tous à aller dormir, que ça peut attendre demain. Will qui dort normalement sur la canapé-lit me propose de rester avec moi, ce que j'accepte volontiers. Je tente d'enlever ma robe, mais je n'y arrive pas, alors je m'énerve.
- Pourquoi elle ne veut pas descendre cette putain fermeture éclair ? Râlé-je déboussolée.
- Calme-toi, vient-il m'aider. Voilà c'est bon, je vais désinfecter ta nuque pendant que j'y suis, ne bouge pas.
L'eurasien part dans la salle de bain. Il attrape vite la trousse de secours pour nettoyer ma plaie causée par la chute volontaire de la part d'Ana sur l'îlot de la cuisine.
- Ça va ?
- Non, m'effondré-je complètement.
- Chut, me prend-il dans ses bras. Je te jure qu'elle va s'en sortir.
- Pourquoi Will ? Pourquoi la vie nous a retiré Caleb ?
- J'en sais rien, sanglote-t-il. Il me manque chaque jour qui passe, mais son âme qui nous protège au même titre qu'Haizea d'ailleurs, va nous donner de la force ! Je te le jure !
Il a raison, il faut que leurs pertes deviennent une vrai force de combat. Ils n'aimeraient pas nous voir dans cet état. Après avoir placé un pansement au niveau de ma nuque, je me glisse dans son lit avec lui, pour y trouver le plus grand des réconforts.
- T'es sûr qu'elle va s'en sortir ? Lui demandé-je alors qu'il me sert contre lui.
- Avec le temps oui, ne t'en fais pas pour elle.
Je dépose un baiser sur son bras qui englobe ma poitrine nue. Je me laisse porter par les vibrations positives qui me permettent de trouver le sommeil. Seulement, la nuit que j'ai passé collée contre mon protecteur n' été que de course durée. Je sais pertinemment que cette journée ne va pas être la meilleure de cette année. J'ouvre mes yeux pour les plonger sur le visage endormi de Will, qui profite de ses derniers instants pour prendre toutes les forces dont il va avoir besoin, afin d'affronter les moments pénibles qui vont arriver. Je caresse délicatement sa joue légèrement barbue, puis je me lève pour le laisser tranquille. J'enfile sa chemise d'hier soir qui est assez longue pour me faire une nuisette, et je pars dans la cuisine boire un grand café bien corsé. Je suis rejointe en quelques secondes par Ben, mais aussi Ivria et Loukas.
- Bien dormi ? Me demande ma meilleure amie.
- Ça peut aller oui, et toi ?
- Bof. On a beaucoup discuté cette nuit avec Loukas et... Je me demande bien ce qui fascine autant Albane dans la bibliothèque.
- À mon avis, c'est un moyen pour elle de ne pas penser à Caleb. Peut-être qu'il n'y a rien d'intéressant, propose Ben.
- Connaissant Ana, il y a forcément des choses importantes, avoué-je.
- Je vais y aller pour voir de mes propres yeux. Tu viens avec moi ?
- Oui, je veux comprendre ce qui lui arrive et j'pense que les découvertes qu'elle a faite y sont pour quelque chose.
- T'es blessée ? Se questionne Loukas.
- Oh euh, c'est rien, dis-je en cachant le pansement avec ma main.
- Danie, se vexe Iv qui s'approche de moi. Montre.
La déesse de l'eau soulève le bout de compresse pour y découvrir ma plaie qui n'est pas très jolie.
- C'est à cause d'Ana, c'est ça ? C'est la bagarre d'hier soir ?
- Elle est mal ! Il ne faut pas lui en vouloir, elle a besoin de notre aide !
- En attenant, tu devrais aller la faire voir à Soeur Marianne, affirme Ben.
On déjeune assez rapidement après la découverte de ma blessure. Je vais enfiler une tenue confortable en faisant un bisou sur la joue de mon protecteur sans le réveiller, puis nous partons toutes les deux en direction du Sanctuaire afin d'avoir des réponses à nos questions. On allume la lumière principale du grand lieu abandonné qui va être rénové d'ici peu. On descend l'escalier, puis on se retrouver nez à nez avec l'immense pagaille de notre princesse de la terre. Ça ne lui ressemble certainement pas.