Chris m'installe à côté de lui, puis mes amis ont la gentillesse de me laisser seule avec lui.
- Will ? Dis-je en caressant son visage qui se remplie peu à peu de couleur. Je suis désolée. Pardon de ne pas avoir su te protéger des Enfers, pleuré-je.
- C'est moi qui suis désolé, répond-il en tournant sa tête vers moi, les yeux complètement inondés, mais redevenus aussi beaux qu'auparavant.
- Non il ne faut pas ! Tu n'étais pas toi-même, je t'interdis de t'en vouloir !
- J'étais conscient de ce que je faisais Danie, je voulais vraiment te tuer, s'effondre-t-il.
- Pas toi, c'est le sang démoniaque que tu avais dans tes veines qui te faisait parler !
- Je ne me le pardonnerai jamais, envoie-t-il en se retournant dans son lit pour ne pas me regarder.
- Arrête, je t'en prie. On va s'en sortir tous les deux, ensemble !
Un petit blanc s'installe après ma phrase. J'inspire fortement, quand il reprend la parole.
- Comment vont tes blessures ? S'inquiète-t-il.
- Bien. Je guérie, rétorqué-je en plaçant ma main sur son épaule.
- Non, je me touche surtout pas, lance-t-il en la dégageant.
- Ne me repousse pas, pitié, sangloté-je.
- J'ai besoin de temps pour me pardonner à moi-même, Edana. Essaye de me comprendre.
Je tente tant bien que mal de convaincre mon mentor à discuter avec moi, mais apparemment, il n'en a pas encore la force. Il appelle Caleb et Chris pour me ramener dans ma chambre. Cependant, c'est à mon grand étonnement que les garçons prennent ma défense.
- Tu pourrais au moins discuter avec elle, lance Caleb qui est chagriné.
- Je veux dormir.
- ELLE EST MORTE POUR TOI WILLIAM ! La moindre des choses serait que tu lui accorde du temps, s'énerve Chris.
- TU CROIS QUE JE NE LE SAIS PAS ? S'emporte mon mentor en larmes. TU CROIS QUE JE SUIS IDIOT AU POINT DE NE PAS ME RENDRE COMPTE QU'ELLE A DONNÉ DE SA PROPRE VIE POUR MOI ? Hurle-t-il. C'EST ÇA QUE TU PENSES CHRISTOFER, HEIN ?
- Calme-toi, intervient son père.
- NON, le repousse-t-il. Je sais ce que j'ai fais ! Je sais que je suis un PUTAIN DE MONSTRE ! Alors excusez-moi de vouloir protéger LA FEMME QUE J'AIME EN L'ÉLOIGNANT DE MOI, crie-t-il encore plus fort.
Je suis tellement surprise par sa colère et son désespoir que j'en tombe de ma chaise, ce qui fait rouvrir les points qui ferme l'énorme plaie que j'ai dans le dos et au coeur. Chris s'empresse de venir à mes côtés pour me ramener dans ma chambre.
- Oh non Edana, s'inquiète Will. Je suis désolé.
- Allez viens, s'énerve Chris en me prenant dans ses bras.
- Non attends ! Je t'aime William et je sais que tu es quelqu'un de bien, quoi que tu en penses ! JE NE TE LAISSERAIS PAS TOMBER !
L'amoureux d'Astrid n'a pas attendu que je finisse ma phrase pour appeler une sœur de la pitié, afin qu'elle vienne examiner mes plaies. Il m'assoit sur mon lit, quand papa ouvre ma chemise d'hôpital pour laisser apparaître les points défaits.
- Marraine, crié-je en la voyant arriver près de moi et en m'effondrant dans ses bras.
- Oh ma puce ! Que s'est-il passé ? Me demande-t-elle apeurée.
- Il faut aider William, il ne va pas bien.
- C'est normal, m'avoue-t-elle. Tu ne pensais quand même pas que tout serait redevenu comme avant en un claquement de doigt ?
Un peu. C'est vrai, j'ai eu la naïveté de me dire qu'il aurait peut-être oublié tout ce qui s'était passé jusqu'à présent, mais malheureusement, il se souvient des moindres détails, ce qui est en train de détruire son cerveau, son cœur et son âme. Je veux aider mon mentor, mais je ne sais pas comment faire.
- Le temps guérit les blessures, me dit papa. Sois simplement patiente et il retrouvera sa joie de vivre, une fois qu'il se sera pardonné.
C'est bien beau ce genre de phrase, mais en attendant, il faut que l'on trouve le repère des sorcières pour pouvoir récupérer l'essence du maléfice qui touche Ivria, Albane et maintenant Gabriel. Une fois que sœur Marianne s'est occupée de moi, je demande à Caleb qui est toujours présent avec Ana de m'emmener voir notre déesse de l'eau, mais aussi mon meilleur ami.
- Tu ne veux pas rester tranquille plutôt ? Me demande le mentor de notre muse.
- Non. Emmène-moi ou j'irai par mes propres moyens !
- Ok, ne t'énerves pas.
Papa s'occupe de pousser mon fauteuil, tandis que le beau brun très charismatique qui fait fondre le coeur de ma meilleure amie la prend en charge. Et lui aussi, il en est fou amoureux. Je suis enfin auprès de ma soeur de coeur toujours endormie, qui semble perdre le peu de vie qui lui reste à chaque seconde qui passe.
- Il faut faire vite, m'annonce Tricia qui arrive derrière moi. Je suis heureuse de te voir.
- Moi aussi, merci de m'avoir maintenue en vie !
- Je n'y serai pas arrivée sans sœur Emma. Elle a une puissance incroyable.
- Où est-elle, d'ailleurs ?
- Toujours en train de perfectionner l'antidote. Elle ne s'arrête pas.
Cela ne m'étonne pas d'elle. Sœur Emma met toujours un point d'honneur à la perfection, quoi qu'elle fasse, et vu l'enjeu important de ce remède, il doit être préparé au millimètre près.
Je m'installe à côté de ma soeur de coeur pour prendre sa main froide dans la mienne, puis après quelques instants à la regarder accompagné de Loukas, je les laisse tous les deux pour rejoindre mon meilleur ami que je n'ai pas revu depuis hier. En un instant, je tombe sur le visage fade et gris de Gabi. Je ne peux pas m'empêcher de verser quelques larmes à la vue de cette image qui me brise le cœur.
- J'ai l'impression qu'on s'acharne à me détruire en passant par les gens que j'aime. Je suis désolée Gabi...
- Tu es tellement extraordinaire que tu es une menace pour les enfers, lance Ana.
- Tu crois ? Lui souris-je brièvement.
- C'est une évidence Danie. Tu as un pouvoir hors du commun et en plus de cela, même si ça ne te plaît pas, tu restes en partie la descendante d'Hadès. Tu leur fait peur !
Ana s'avance près de moi, puis elle pose tendrement sa tête sur mon épaule gauche pour me soutenir dans ces durs moments. J'incline la mienne sur la sienne, puis nous nous endormons durant plusieurs heures avant que mon père ne nous réveille.
- On s'est endormies ? Demandé-je.
- Oui. William veut te parler.
À la prononciation de cette phrase, je sens mon cœur qui palpite à une vitesse anormale. Papa m'emmène dans la chambre de mon mentor qui est accompagné de ses meilleurs amis, de son père, mais aussi des jumelles qui me sautent dans les bras.
- On a eu tellement peur, se serre Chera contre moi.
- Oui ! On pensait t'avoir perdue, ajoute Yeta qui me fait un énorme bisou.
- Je vais bien les filles, je vous le jure.
- On t'aime, me disent-elles en choeur.
Je rends leur affection aux deux eurasiennes qui semblent avoir retrouver le sourire. Je plonge mon regard dans celui de l'amour de ma vie qui demande à ce qu'on nous laisse tous les deux.
- Tu voulais me parler ? Lui dis-je simplement.
- Oui, viens, répond-il.
Chris m'avance à sa demande à côté de son lit. Il remercie le gardian avec qui la situation semble s'être apaisée, puis nous nous retrouvons tous les deux afin d'avoir une bonne discussion.
- Je suis désolé d'avoir été méchant tout à l'heure, je ne le voulais pas...
- Écoute Will, je comprends que tu sois perdu alors tu n'as pas à t'excuser. Prends ton temps.
- À cause de moi tes points ont sautés, ça va ton dos ? Et... Ton coeur ?
- Ça peut aller, oui.
C'est avec une grande bouffer de bonheur que je revois pour la première fois depuis plusieurs mois, le léger sourire de mon mentor qui m'a tant manqué. Je sais qu'il est fragile, alors je préfère garder mon excitation pour moi et le laisser reprendre ses esprits petit à petit.
- Les gars m'ont expliqués pour Iv, Ana et Gabi, m'annonce-t-il. Je n'étais pas du tout au courant, mais je peux t'assurer que c'est Perséphone qui est derrière tout ça.
- Ce n'est pas Dorzen ?
- Non, depuis qu'Hadès est... Enfin, depuis que tu l'as tué, Perséphone a pris le contrôle des Enfers et je peux te dire que Dorzen a intérêt à lui obéir !
- J'ai l'impression qu'elle est pire qu'il ne l'était...
- Je te le confirme. Elle a toujours eu un contrôle et un impact très fort sur le Roi. C'est elle qui a toujours tenue les rennes dans l'ombre d'Hadès, et le tuer a été... Malheureusement... Un cadeau pour elle.
Alors voilà pourquoi la vieille dame de la boutique m'a dit que j'avais eu tort de le tuer, je comprends mieux maintenant.
- Tout est encore de ma faute, dis-je la tête baissée.
- Ne dis pas de telles choses, tu n'y es pour rien ! Perséphone a simplement peur de toi, c'est tout !
- Pourquoi ?
- Parce que tu es la descendante directe d'Hadès ! Son sang coule en toi et il te permet d'être la créature magique la plus puissante de notre monde et ça leur fait extrêmement peur.
Ce n'est pas la première fois que j'entends cela, mais me l'entendre dire de la bouche de mon mentor, c'est encore plus jouissant. Je sais bien que notre relation ne pourra pas redevenir comme avant pour le moment, mais j'ai l'impression qu'en à peine quelques heures, son cœur s'apaise légèrement.
- Comment vas-tu ? Lui demandé-je pour changer de sujet.
- Mal physiquement, mais au moins, ça cache ma douleur interne.
- Tu es blessé ? Le questionné-je perplexe.
- Ils ne t'ont pas dit ?
Je réponds négativement à Will qui, sans que je ne l'oblige à quoique ce soit, s'assoit dans son lit. Il me tourne le dos, quand il me demande de défaire les nœuds de sa chemise d'hôpital. C'est avec un effroi qui me fait faire un bon sur ma chaise que je découvre l'ampleur de sa blessure qui m'était inconnue et qui prend pratiquement tout son dos.
- Qu'est-ce que c'est ?
- L'emplacement des ailes. Elles ont brûlaient tout en abîmant mon dos, mais il restait encore des morceaux d'os leur appartenant à l'intérieur de mon organisme, ils ont dû les enlever avec une lourde opération.
- Quelle horreur, dis-je sans réfléchir.
- Je sais.
- Non ! Excuse-moi Will ! Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... Enfin...
Il m'assure que tout va bien et qu'il va guérir de cette blessure, mais qu'il gardera certainement des cicatrices. Il m'explique ensuite tout ce qu'il sait par rapport aux Enfers et à Perséphone, afin que l'on se prépare à les attaquer.
- Je sais qu'ils veulent Tricia, ajouté-je. Ils sont près à tout pour la reprendre !
- Et bien qu'ils viennent, mais en attendant il faut que tu me dises où est l'antre des sorcières pour que je puisse récupérer l'essence du maléfice ! Il le faut pour sauver les filles et Gabi.
- Que tu puisses ? Répète-t-il.
- Euh, oui, grimacé-je.
- Tu penses réellement qu'on va te laisser y aller toute seule sachant que Gabi qui me remplace est dans le coma ?
- Alors... Viens avec moi.
C'est dans un moment de forte affection que William me prend la main qu'il tient fermement dans la sienne. Je le regarde, quand une terrible douleur s'empreigne de nos yeux et nos têtes. Je lâche sa main en criant pour me reculer, quand je sens comme si quelque chose était en train de se tirer dans mon regard.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'inquiètent mon père et les garçons qui entrent en trombe.
- Je ne sais pas, lancé-je en fermant les yeux.
- Nos yeux, continue Will. Ils nous font extrêmement mal !
- Regarde-moi, m'ordonne papa.
Je m'exécute, même si j'ai mal. J'ouvre mes iris, quand j'aperçois à l'expression de mon père qu'il est en train de se passer quelque chose.
- Quoi ? Lui demandé-je affolée.
- Ne panique pas, répond-il. Les fissures que vous aviez dans vos yeux... Elles disparaissent !
Je me retourne en direction de mon mentor pour effectivement apercevoir le spectacle qui se déroule en nous. Les craquements qui sont illuminés diminuent petit à petit, pour laisser place à nos iris d'auparavant.
- Tes yeux sont si beaux, me lance Will.
- Les tiens aussi, dis-je en souriant.
Je pense que l'on peut enfin dire que le cauchemar est réellement terminé. La disparition des fissures, c'est comme la cerise sur la gâteau. Je suis contente. Je dis à mon père que mon mentor et moi allons partir pour trouver le repère des sorcières et prendre l'essence du maléfice, ce qui ne lui plaît pas des masses.
- Tous les deux ? Demande-t-il.
- Oh non, intervient Will. Chris et Astrid devraient aussi venir avec nous, qu'en pensez-vous Stefan ?
- Je préfère, dit-il froidement.
Je peux comprendre que papa soit réticent à me laisser seule avec lui après ce qui s'est passé. Il a beaucoup de mal à accorder sa confiance et il va falloir du temps à William pour la récupérer, mais je n'accepte pas qu'il soit mal poli avec lui, ce que je lui fais comprendre.
- Il a mal papa ! Il souffre et ton comportement ne va pas l'aider, lui chuchoté-je en l'emmenant plus loin.
- Peut-être, mais il t'a tué Edana !
- C'est faux ! Il a refusé ! C'est moi qui est pris sa main pour me...
- STOP, me coupe-t-il la parole. Je connais déjà l'histoire, alors tais-toi !
- Bon, il est temps que tout le monde aille dormir, intervient sœur Marianne pour calmer l'ambiance.
Je dis bonne nuit à mon mentor qui me le rend avec une certaine distance. Chris m'accompagne voir Gabi, Ana et Iv, afin que je leur fasse des bisous avant de m'endormir. Une fois que c'est fait, il m'aide à m'installer dans mon lit avec l'aide d'Astrid qui se remet de ses blessures.
- Ça va ? Lui demandé-je inquiète.
- Oui ne t'en fais pas pour moi, c'est toi qui compte pour le moment.
Les tourtereaux se dirigent main dans la main vers la sortie de ma chambre que m'a gentiment attribué sœur Marianne. Seulement, avant que la demi-nymphe ne s'en aille, je l'appelle.
- Oui ? Me dit-elle à la porte.
- Merci d'être dans ma vie. Je t'aime.
- Merci de ne pas être totalement morte, m'envoie-t-elle avec un sourire en coin. Moi aussi je t'aime !
Je rigole à sa phrase, puis je m'endors avec papa à mon chevet pour récupérer des forces afin de pouvoir mener à bien la mission que nous a confié Tricia pour enfin pouvoir sauver mes amis de ce terrible maléfice...