Caleb étant toujours là où il faut quand il le faut, il rattrape sa protégée au vol pour ne pas qu'elle se fasse trop mal.
- ANA ! Qu'est-ce que tu as ? S'affole-t-il en ressentant sa douleur au plus profond de lui.
- Je ne sais pas, c'est sûrement le voyage qui m'a fatigué.
- Ok, va t'allonger sur un des lits de la salle principale, lui ordonne-t-il. On va appeler une sœur de la pitié.
- Mais non, ça va aller.
- TU N'AS PAS LE CHOIX, hurle-t-il. Je te signale que je ressens ton mal alors fais ce que je te dis !
Je laisse son mentor à la peau légèrement blanchie par le temps hivernal emmener la princesse de la terre pour qu'elle se fasse examiner. Nous les suivons pour être sûre que tout va bien pour elle.
- Je m'en occupe, me rassure Caleb. Toi, va chercher l'arme faite pour toi.
- Es-tu sûr que...
- Tu as confiance en moi ? Me coupe-t-il la parole.
- Bien-sûr ! Les yeux fermés !
- Alors va chez Gillis, je reste avec elle.
- Merci Caleb. Albane a beaucoup de chance, avoué-je avec sincérité.
- Comme Will qui sera bientôt de nouveau parmi nous, me serre-t-il contre lui. Allez, pars avec Gabi !
Quand mon mentor s'est transformé et après ma tentative de suicide, Caleb a été celui qui s'est le plus occupé de moi. Il m'a remonté le moral, a passé du temps avec moi,m'a entraîné à la boxe pour que je puisse vider mes émotions négatives. Il m'a en quelques sorte permis de rester envie. Tendre, gentil, attentionné et tellement bienveillant, il est un vrai chou à la crème sous ses grands airs de mauvais garçon.
En attendant de savoir ce qui arrive à notre princesse de la terre, Gabi m'embarque pour aller chez Gillis afin que je trouve la meilleure des armes pour être mon allié. Je monte à contre cœur dans sa voiture, pour que l'on se dirige vers le centre de la ville.
- Je m'inquiète pour les filles, avoué-je à mon meilleur ami alors que nous sommes sur la route.
- Ne t'en fais pas, elles sont bien entourées.
- Je sais bien, mais j'aurai aimé qu'elles soient avec moi pour choisir les armes. Je me sens un peu seule même si toi tu es là.
- Je comprends, mais il est primordial pour toi d'en avoir une dès maintenant, le voyage approche à grand pas !
Je sais bien qu'il a raison, seulement je n'arrive pas à m'enlever l'idée que je suis en train de les trahir en faisant ce choix sans elles. C'est sûrement stupide, mais j'ai besoin de leur avis pour être sûre de moi. Même si je suis persuadée que Gabi sera des meilleurs conseils pour moi, il me manque la cerise sur le gâteau. La boutique de Gillis est un magasin d'armement tout à fait banal planté en plein milieu de la rue commerçante de la grande ville, parmi tous les marchands ordinaires. Cependant en fin de journée, cette route principale est complètement bouchée, ce qui permet à Gabi de discuter plus intimement avec moi.
- Comment te sens-tu ? S'inquiète-t-il.
- J'essaye de faire face, même si j'ai peur de l'avenir.
- Nous sommes tous là pour te soutenir et t'aider, tu le sais.
- Tu viens avec moi en Finlande, hein ?
- Je ne sais pas trop. J'en ai envie mais en réalité, ce n'est pas à moi de prendre cette décision.
Étant mon mentor de remplacement, j'espère bien que ma tante va le laisser faire ce voyage avec moi. Je perds beaucoup trop de monde en ce moment pour qu'on me prive aussi de sa présence auprès de ma personne.
- Sinon raconte, c'était comment de retourner dans le passé ?
- Étrange, mais bizarrement j'ai adoré !
- Ah oui ?
- Oui. Tu sais les chevaliers que l'on a croisé... D'ailleurs, je n'arrête pas de penser à la ressemblance frappante entre André et Caleb, ils doivent être parents !
- Ça ne doit pas être compliqué de faire des recherches pour avoir la réponse.
- C'est vrai. En tout cas, ils avaient une classe phénoménal, lui annoncé-je. Pourquoi vous, enfin... Nous ne sommes pas des cavaliers nous aussi ?
- Les choses ont changées et évolués. La légion de lumière a été fondée en mille-neuf-cent-vingt trois. La Garde de Lumière est son ancêtre alors qui sait, peut-être qu'on y reviendra un jour.
- Ce serait géant !
Le bouchon de voitures n'a pas l'air d'avoir envie de se dissiper. On continue de discuter ainsi que de rigoler, ce qui me fait un bien énorme, quand Gabi qui est démuni de patience en voiture, commence à s'énerver.
- AVANCE ABRUTI, crie-t-il.
- Je ne suis pas sûre qu'il t'entende réellement, rigolé-je.
- Ok, j'en ai marre.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Dis-je en me tenant au devant de la voiture alors qu'il monte violemment sur le trottoir.
- On va passer par derrière, ils ne savent pas rouler ces ordinaires !
Gabi est un passionné de voitures. Il a un vrai don pour la conduite, mais il ne se rend pas compte qu'il peut faire des choses dangereuses et illégales. Seulement, je dois bien avouer que c'est assez drôle et énergique. Il faut dire qu'il a eu raison, car nous sommes enfin arrivés à la boutique du gardian, qui est un ancien général de la légion de lumière. Il a décidé de se consacrer aux armes en ouvrant sa propre boutique, qu'il dirige depuis plusieurs décennies avec sa femme.
- Bonjour Général, le salue poliment mon meilleur ami.
- Gabriel ! Edana ! Oh, je suis heureux de vous voir !
Je réceptionne les salutations du grand homme d'un âge assez avancé, dont la longue chevelure très grise et bouclée, est attachée en queue de cheval par un noeud noir au niveau de sa nuque. Il a un style baroque qui lui va à la perfection. Il ressemble fortement au grand Mozart.
- Comme je suis content de te voir ma petite Danie.
- Moi aussi Gillis, lui souris-je sincèrement.
Je fais le tour de sa boutique pendant que les garçons discutent tous les deux. Elle est parfaitement rangée et nettoyée. Je me place devant le rayon des armes blanches à côté duquel se trouve une petite fille à la chevelure d'un blond blanc givré incroyable, habillé d'un serre-tête noir et aux yeux gris magnifiques.
- Bonjour, lui envoie-je gentiment alors qu'elle me fixe.
- Tu as de beaux yeux, répond-elle avec un superbe sourire.
- Merci, moi j'adore tes cheveux et ton serre-tête.
Son visage se remplie d'émotions entre la sérénité, la gentillesse et l'admiration, quand une femme qui doit sûrement être sa maman à la vue de la même couleur de cheveux, la prend fortement par le poignet.
- Ne t'approche pas de ces gens-là, la gronde-t-elle. Ce sont des monstres, lui glisse-t-elle dans l'oreille en me fixant méchamment.
- Mais n'importe.
- Laisse-là parler, m'interrompt la femme de Gillis.
- Oh Kalise, c'est vous.
- Je suis contente de te voir Danie ! Tu n'étais qu'une petite fille la dernière fois que je t'ai vu.
- Oui, heureusement qu'il y a internet pour communiquer, dis-je en souriant à la magnifique nymphe aux cheveux roses pâles très lisses, qui fait partie de la Tribu de la Lune d'Or.
- Je suis désolée pour Haizea et pour William. Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire en face.
- C'est gentil merci, mais je vais ramener mon mentor, vous verrez.
Je me souviens très bien de la première fois que j'ai vu Kalise. Maman était malade, enfin... Elle avait eu une vision et papa n'avait pas eu le choix que de m'emmener avec lui pour s'acheter une arme. J'ai compris, en apprenant ma vraie nature, qu'il était venu chercher son pique d'ange qui était à l'époque en réparation.
- Ton père a la don de toujours casser son pique d'ange, rigole-t-elle.
- C'est vrai, souris-je. Et pas que son arme d'ailleurs.
Gillis a une apparence totalement ordinaire comme tous les gardians, alors à l'époque je ne me suis pas posée de questions. Cependant, quand je suis tombée sur sa femme, j'ai été émerveillée par sa beauté, sa chevelure complètement féérique, ses iris accordées ainsi que son symbole entre ses yeux. Je ne savais pas ce qu'elle était, mais j'avais déjà une grande confiance en elle et une admiration débordante alors que je n'avais que six ans.
- Je peux ? Lui demandé-je en voyant la grosse bonbonnière remplie de chocolat, mon péché mignon.
- Bien-sûr, sourit-elle. Seulement, évites de la casser cette fois.
Ah la la, cette fameuse histoire. Je crois qu'elle va me coller à la peau jusqu'à ma mort...
- Tu te souviens ? Tu es venue avec ton papa alors que tu n'étais qu'un petit bout de chou haut comme trois pommes.
- Oui, comme si c'était hier, commencé-je déjà à ricaner.
- Elle voulait tellement manger chaque chocolat présent, explique-t-elle à mon meilleur ami. Qu'elle a fait tomber la bonbonnière par terre. Elle s'est brisée en pleins de petits morceaux dans toute la boutique, sourit-elle.
- Oh oui, rigole Gillis. Ton père était très gêné d'ailleurs, mais qu'est-ce qu'on a rigolé nous.
- Ah ! Donc tu as toujours été la reine des catastrophes, ricane Gabi.
- C'est pas drôle arrête, le poussé-je gentiment. Je m'en voulais tellement, mais ça ne m'a pas empêcher de quand même manger tous les chocolats, continué-je l'anecdote. Je me suis assise par terre pendant qu'ils nettoyaient, et moi j'avalais les bonbons un par un, souris-je à mon tour. Mon foie me l'a fait payé, j'ai été super malade le jour d'après.
On continue de discuter quelques instants, quand Gillis nous demande de le suivre au sous sol. On part à l'arrière de sa boutique très typique, puis on empreinte un escalier en colimaçon dont le fer grince atrocement, et qui mène à une pièce encore plus grande que son magasin. On s'avance ensemble dans cet endroit magique rempli d'armes en tout genre avec, bien évidemment, une énorme partie exclusivement faite de piques d'anges rares, spéciaux, et complètement hors normes.
- Je croyais qu'il n'y avait qu'un seul modèle de pique d'ange.
- Et non, intervient le gérant de la boutique. En réalité, quatre-vingt dix pour cent d'eux sont identiques, mais il y en a dix pour cent qui sont bien plus spécifiques et... Magiques, ajoute-t-il sur un ton dramatique qui nous fait rire.
- Tout dépend des personnes et surtout de ce qu'ils ont dans leur cœur, continue Kalise en pointant son doigt sur mon manteau qui cache la peau qui renferme mon organe vital. Et toi princesse du feu, dire que tu es spéciale est beaucoup trop faible. Tu es unique !
- Alors, comment vais-je savoir quelle arme est faite pour moi ?
- Ce n'est pas toi qui va la choisir, ce n'est pas elle non plus, vous vous choisirez ensemble !
Je comprends ce que veut dire Gillis, mais cela ne m'avance pas vraiment. Je prends les piques qui semblent m'attirer, mais sans que je ne comprenne pourquoi, ils se cassent directement dans mes mains.
- Oh non ! Je suis désolée, dis-je paniquée par les dégâts. Je vous paierai tous les piques !
- Ne dis pas de bêtises, lance la belle nymphe. On s'en fiche de la casse, ce qui importe c'est que tu trouves l'arme qui t'es destinée. Continue !
- Tu ne la trouveras pas ici, envoie le gérant. J'ai une idée, suis-moi.
Je regarde mon meilleur ami d'un air incompris, puis nous suivons ensemble l'homme qui semble bien déterminé à m'aider à trouver l'arme qu'il me faut. Il demande à sa femme de contribuer à pousser une étagère en verre, remplie de breloques anciennes. Celle-ci laisse apparaître une autre porte. Il l'ouvre grâce à une clé présente sur son trousseau qu'il porte autour de son cou, puis nous entrons dans une deuxième partie de l'immense salle. En tout point pareille que la première, elle abrite cependant des armes bien différentes. Entre des épées ressemblant à Excalibur, des poignards, des boucliers magiques, des baguettes, des sceptres, des lances ou encore des masses, il y en a pour tous les goûts.
- Qu'est-ce que c'est cet endroit ? L'interroge Gabi.
- J'ai repensé à ce que ma femme t'a dit Danie, commence-t-il en la regardant. Tu es unique jeune demoiselle, alors il te faut une arme... UNIQUE.
Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'ai la sensation que quelque chose est en train de se passer dans mon corps, à l'entrée dans cette pièce. C'est comme-ci quelque chose m'appeler...