Je n'aime pas trop le fait qu'elle soit en possession d'un tel bouquin, mais soit, je l'écoute quand même.
- J'ai lu un passage sur... Je ne sais plus exactement...
- Pourquoi avez-vous un livre sur la magie noire ? La questionné-je.
- Ne vous en faites pas pour cela, mais je vous jure que je ne suis pas démoniaque.
- Pourtant, il n'y a que les sorcières ou les traitres qui sont en possession de ce genre d'ouvrage, non ?
- Pas forcément, mais ce n'est pas important pour le moment parce que j'ai trouvé ce que je cherchais. Regardez.
La sœur de la pitié, qui a accroché le pin's du blason du Sanctuaire d'Europe sur sa tenue, me passe le livre en question. Elle l'a ouvert sur une page qui a l'air plutôt intéressante.
- Qu'est-ce que c'est ? Lui demandé-je.
- C'est ce que l'on appelle l'élixir de Jouvence. Il permet à celui qui le reçoit d'être maintenu en vie durant une durée illimitée.
- Je suppose que si c'est fabriqué par de la magie noire, c'est qu'il doit y avoir un problème sous ce fluide, n'est-ce pas ?
- En effet. Tout d'abord, au moment où l'élixir ne passe plus dans le sang, la personne mourra en à peine quelques secondes puisqu'il arrête simplement la croissance d'un corps pendant son passage dans celui-ci. En clair ce n'est pas définitif !
- Ok, alors cela voudrait dire qu'il font ingérer à Tricia ce truc qui permet de ne pas vieillir, pour mieux utiliser son pouvoir ? Cela me paraît logique !
- Je ne peux pas vous le garantir à cent pour cent, mais au moins, c'est une piste.
Après cette information de la plus haute importance, je m'apprête à cuisiner la messagère divine pour qu'elle m'explique la possession de ce bouquin, quand l'alarme d'alerte résonne dans tout le Sanctuaire. Je sors en panique à l'extérieure de la maison de l'ombre avec la jeune professeure de botanique, quand la peur se fait ressentir. J'essaye de chercher quelqu'un à qui parler, quand je tombe nez à nez avec mes deux meilleures amies.
- Ana ? Iv ? Mais qu'est-ce qui se passe ?
- C'est Jallya... Elle a disparu !
Oh non ! À l'annonce de mes amies, j'observe Gabriel qui est avec ma tante, mais aussi les parents de la petite fille. Je m'empresse d'aller vers eux.
- Edana ! Pleure Hyllis. Retrouve ma petite fille, je t'en conjure !
- Je vais tout donner pour la récupérer, mais expliquez-moi ce qui s'est passé.
- Je ne sais pas, elle a été en cours ce matin normalement, elle était censée rentrer pour manger à la maison, mais elle n'est plus au Sanctuaire ! On l'a cherché partout, sans succès.
- Je pense qu'elle est sortie du portail protecteur, annonce Caleb qui nous a rejoint avec Ben, Chris et Loukas. Il faut qu'on aille vérifier et vite !
Les garçons partent à toute vitesse en demandant aux parents de Jallya de bien vouloir rester ici, au cas où elle reviendrait avant nous. C'est alors que sans que je ne comprenne quoi que ce soit, Gabi me lance un pique d'ange basique, car j'ai cassé le mien durant la bataille.
- Pourquoi tu m'en donne un ? Dis-je perdue.
- T'es un soldat maintenant, alors en route.
Les mentors des filles font de même. C'est bien la première fois qu'ils acceptent que l'on parte en mission avec eux.
- Vous êtes sérieux ? Se réjouit Iv. Trop chouette la chouette !
- On se dépêche, lance Caleb.
C'est dans une euphorie fracassante que nous partons pour notre première mission. Je veux retrouver Jallya saine et sauf et pour cela, il faut qu'on accélère le pas. Seulement avant, nous assistons à la transformation de Loukas et de plusieurs membres de sa meute, en des loups majestueux et d'une taille affolante. Tous dotés de très grand yeux jaunes, ils sont cependant d'une couleur différente. Entre du gris, du beige, du noir ou encore du blanc pur comme le grand chef, ils nous entourent de toute leur force et leur rapidité pour pouvoir ramener la petite fille à ses parents. Ce que nous allons faire, le plus rapidement possible. Iv grimpe sur le dos de son amoureux devenu une créature fabuleuse, puis nous courons tous vers les sentiers non autorisés de la grande école. On galope à vive allure dans l'immense forêt qui s'assombrie de plus en plus, pour essayer de l'apercevoir. On crie tous son prénom pour qu'elle nous réponde, mais sans succès.
- JALLYAAA, hurlé-je à plein poumon. S'IL-TE-PLAÎT, RÉPONDS-MOI !
C'est alors qu'en une fraction de secondes, j'entends au loin sa légère voix qui semble remplie d'angoisse. On se dirige vers la direction de son cri strident, mais il n'y a rien. Je ne l'a vois pas.
- JALLYAAA, OÙ ES-TU ? Crié-je de plus bel.
- Tiens, tiens, tiens... Comme on se retrouve... SOEURETTE !
C'est à la prononciation de cette phrase par une voix masculine que je n'avais pas du tout envie de ré-entendre un jour dans ma vie, que je sens la colère et la haine qui prennent place dans mon être.
- Qu'est-ce que tu as fait de Jallya, Dorzen ?
- Elle ? Dit-il alors que plusieurs messagers de satan apparaissent avec la petite fille entre leurs griffes.
- Je te jure que si tu l'a touche...
- Quoi ? Me coupe-t-il la parole. Tu vas faire quoi ma très chère petite sœur ?
- Je vais te tuer comme j'ai tué ton père !
- Tu veux dire... NOTRE père.
- Je préfère mourir plutôt que de le considérer comme tel !
Je ne lui laisse même pas le temps de répondre, que tous les alphas ainsi que les gardians, commencent à attaquer les messagers de Satan.
Je fais de même accompagner de mes meilleures amies qui utilisent leurs pouvoirs, pour déstabiliser les créatures démoniaques. Je plante mon pique d'ange dans leur crâne, quand sans que je n'en comprenne la raison, celui-ci se brise complètement dans ma main, comme lors de la bataille. Seulement, ce qui est le plus étrange, c'est qu'il arrive la même chose à Ana et Iv. On se regarde d'un air perplexe, quand l'un des démons m'attrape par la gorge. Il entame l'enfoncement de ses griffes dans celle-ci, tout en me plaquant violemment contre le sol. Cette douleur... Ce mal que je n'ai jamais oublié pénètre d'une violence inouïe dans mon corps. Je souffre le martyr, quand le messager de satan tombe sous les coups que lui inflige Astrid, qui est venue à mon secours.
- Ça va ? S'inquiète-t-elle en voyant mon cou tout en me relevant.
- Oui je vais tenir, ne t'en fais pas. Merci !
- Bah alors, tu n'as plus tes pouvoirs ? M'envoie violemment Dorzen qui se positionne devant moi. Je suis déçu.
- Ne te fies pas aux apparences !
Je tente de faire fonctionner mes pouvoirs, mais rien ne marche. Seulement, quand mes deux sœurs de cœur s'approchent de moi et qu'elles placent chacune une de leur main dans les miennes, la force magnétique qui entoure notre puissance commune provoque une hécatombe dans la grande forêt devenue noire. Le ciel qui l'a surplombe est envahit d'une centaine de messagers qui volent à toute allure. Je récupère Jallya dans la précipitation, puis je l'a place sur le dos de Loukas qui est toujours en loup, pour que nous puissions repartir le plus vite possible. Gabi s'occupe d'activer le portail protecteur et nous le traversons tous ensemble, afin de nous mettre à l'abri. Une fois de retour au Sanctuaire, je rends la petite fille qui n'a pas l'air blessé à ses parents qui sont soulagés. J'insiste pour qu'on l'emmène à la maison de l'ombre afin de confirmer que tout va bien pour elle.
- Je te jure que je n'ai rien, m'assure-t-elle. Mais toi tu saignes, il faut que tu te fasses soigner.
- Ce n'est rien, mais j'ai eu si peur qu'il te soit arrivé quelque chose, ajouté-je en la serrant dans mes bras.
- Je suis désolée. Je ne pensais pas à mal, je voulais simplement cueillir de jolies fleurs pour les mettre dans mes cheveux...
- On sait, intervient sa maman. Mais ne nous refais plus jamais une peur pareille ! Est-ce que c'est clair ?
- Oui, maman.
Sur ordre d'Ana, d'Iv, d'Astrid, mais aussi de Gabi, je pars à la maison de l'ombre pour faire soigner ma blessure au cou. Une fois assise sur l'un des lits de la grande salle principale, c'est sœur Marianne qui vient me faire une prise de sang et nettoyer la balafre.
- Ce n'est que superficiel. Il n'a pas eu le temps d'atteindre tes veines, Astrid est intervenue à temps, annonce-t-elle en plaçant un pansement rempli d'une mixture bizarre.
La sœur de la pitié que je connais depuis mon enfance finit de guérir ma blessure, quand nous sommes rejointes par mes deux meilleures amies, ainsi que les jumelles.
- Danie ! Comment vas-tu ? S'inquiètent les sœurs de mon mentor.
- Ce n'est pas grave donc pas de panique. Je peux rentrer sœur Marianne ?
- Bien-sûr, mais revenez demain pour que je puisse changer votre pansement.
Je remercie la dame qui me fait penser à ma grand-mère, puis nous repartons toutes ensembles vers la colocation des garçons, dans laquelle se trouve Rebecca que je n'ai même pas eu le temps de voir ces derniers jours.
- Edana ! J'ai appris ce qui s'était passé alors j'ai quitté mon cours. Oh non, tu es blessée ? S'affole-t-elle en voyant mon cou.
- Je vais vite m'en remettre, ne t'en fais pas. Et toi tu vas bien ?
- Oui enfin, je suis hyper prise avec les cours des garçons et ceux du Sanctuaire, mais mis à part ça, tout va pour le mieux. T'es sûre que ça va aller ?
- Je te promets que ce n'est pas grave, la serré-je contre moi. T'es mignonne de t'inquiéter.
Après cette conversation, je pars m'installer dans la chambre de William, quand quelqu'un toque à la porte.
- Je peux entrer ?
- Oui, vas-y Gabi.
- Alors, sœur Marianne a dit quoi pour ton cou ?
- Ce n'est que superficiel, mais elle m'a quand même fait un prise de sang pour savoir s'il y a du venin qui s'est déversé ou non, au cas où, dis-je légèrement septique par cette manoeuvre.
- Ne t'en fais pas, tu peux avoir confiance en elle.
- Peut-être, mais depuis l'histoire avec sœur Alice, j'ai beaucoup de mal à accorder ma confiance. Surtout pour les prises de sangs.
- Je comprends, mais te méfier de tout le monde ne va non plus t'aider.
Je sais que Gabi a raison, mais c'est plus fort que moi. J'ai constamment peur qu'on profite de ma personne. Seulement, il faut que j'arrive à passer au dessus pour pouvoir avancer, sinon je ne vais jamais m'en sortir et rester bloquer au même niveau.
- Bon, je suis venu pour te dire de bien dormir parce que demain, je te réserve une journée assez spéciale...
- Ah oui ? Dis-moi tout !
- Non non, c'est une surprise, ajoute-t-il avec un clin d'oeil bien voyant.
Je souris à l'annonce de mon mentor de remplacement qui s'en va chez lui. Je me dirige dans la salle de bain pour me nettoyer, puis je me faufile dans le lit chaud de Will pour tenter de passer une nuit, à peu près correcte.