La Tour d'Ivoire - Tome 2

La concubine - Partie I

"He set fire to the world around him, but never let a flame touch her."

Auteur inconnu

            -Nous y sommes, fit soudain la voix grave de Myriam. À partir de là, c'est au prince Seth d'assurer ta sécurité.

Nous nous étions arrêtés devant une lourde porte blanche ornée de dorures fines. Clara, Myriam et grand-mère avaient insisté pour m'accompagner jusqu'au seuil même de ma chambre. Les ordres de Seth avaient été clairs ; je ne devais jamais me retrouver seule. Je trouvais tout cela un peu exagéré, mais je n'avais clairement pas mon mot à dire.

La nuit était tombée, nous avions fini la visite de la ville et du Palais très tard, et à présent, le travail de mes trois protectrices touchait à sa fin, c'était à Seth de prendre la relève.

Je jetai un œil dans le couloir et aux autres portes qu'il comportait.

-Qui d'autres loge ici ? demandai-je.

-Tu te trouves dans la partie du Palais réservée aux familles royales étrangères. Les chambres de Gabriel et Elina sont justes là, fit Clara en montrant deux portes en face de la mienne. Et celle de Seth est juste à côté de la tienne.

Clara voulut ajouter quelque chose, jeta un coup d'œil furtif à sa sœur et Maria, mais sembla se raviser.

Je hochai la tête, un peu perturbée de me retrouver dans l'aile dédiée à la famille royale.

-Je vois. Oui, personne n'osera venir me chercher ici.

-Ne crois surtout pas que tu es ici en vacances, Sildek, me lança soudain Myriam. Tes entrainements continuent, même ici. Dès demain nous reprendrons tes cours d'équitation. Je me chargerai également de remplacer Seth dans ton entrainement au maniement des armes, il n'aura plus le temps pour ça à présent.

-Cela me semblait évident, lui lançai-je avec froideur. Mais merci de te soucier de moi, Myriam.

Elle se contenta de me dévisager avec dureté puis tourna les talons et disparut dans les couloirs du Palais.

-Ton repas te sera servi dans ta chambre, me dit Clara d'une voix plus douce.

-Très bien. Merci, Clara.

Elle sourit.

-À demain alors, nous t'attendrons ici même aux premières lueurs du jour.

Elle fila rejoindre sa sœur sans un mot de plus, me laissant seule avec ma grand-mère.

Cette dernière m'observait, l'air un peu inquiet.

-Comment te sens-tu, ma chérie ?

Je soupirai. Ne pouvaient-ils donc pas tous cesser de me poser toujours cette même question ?

-Bien, ne t'en fais pas.

Elle hocha la tête, nullement satisfaite.

-Je serai là demain avant l'aube, pour continuer ton apprentissage des langues.

Je ne répondis rien. Devant mon absence de réaction, elle finit par me saluer et s'en aller.

Officiellement, Violette venait très tôt le matin pour m'apprendre les rudiments de l'Émeraude et des langues d'En Bas. Dernièrement, j'avais commencé la langue de la Nation de Saphir, et j'aimais beaucoup cette langue aux sonorités chantantes.