La Tour d'Ivoire - Tome 2

Guerrière d'argile

"You are afraid of who you are becoming, but I'm afraid of who I used to be."

MM

-Allez, Sildek, plus vite ! cria Myriam.

            Je montais un cheval Saphir, fin et élancé, il galopait à toute allure dans l'herbe brulée par le soleil d'Aviam.

            Le rêve de la nuit dernière me hantait encore. Les Créateurs et Amara m'avaient semblé si réels, leurs espoirs, si forts, et leur détermination, féroce.

            Amara avait donc aidé à la construction de la Tour, mais jusqu'à quel point ? Jusqu'à quand ? Jamais encore je n'avais encore entendu le nom de la belle femme aux cheveux noirs qui arpentait mes rêves. Je rêvais d'elle toutes les nuits, à présent, mais parfois, c'était simplement un petit bout de souvenir qui remontait à la surface de ma conscience. Le sourire de sa grand-mère, le rire de ses parents, les heures passées sur les bancs de la fac, ses doutes et certitudes. Et parfois, comme hier, j'entrevoyais des éléments notoires de sa vie. Qu'il était étrange de voir Aleksander Eléazar, mon ancêtre, presque en chaire et en os, et d'entendre la voix hypnotique de Maximilian Malkam, talent que ses descendants hériteront.

            J'en avais presque oublié Seth.

            -Que crois-tu, Sildek ? Qui comptes-tu distancer en allant aussi lentement ? Un maudit lapin, peut-être ?

            Je grimaçai.

            Myriam avait soudainement décidé que c'était vital que je sache combattre et galoper en même temps. À peine tirée du lit, elle m'avait confié une épée deux fois trop lourde et m'avait désigné le cheval d'un mouvement sec du menton.

            Le message était passé.

            Mais pas l'enseignement.

            J'accélérais, tout en m'agrippant à la crinière du cheval de toutes mes forces. Myriam avait estimé que je n'avais plus besoin de rênes. Ben voyons...

            Me souvenant des instructions de Myriam, je tentai de sortir l'épée de mon fourreau et la dégainai avec difficulté.

            -Rapproche-là du flanc de ta monture ! Maintenant, reviens vers moi. Moins vite !

            Myriam m'attendait de pied ferme, montée sur un cheval pommelé, elle me fixait avec attention.

            Lorsque j'arrivais à sa hauteur, je tournai autour d'elle, cherchant la faille dans sa défense.      

            Elle était la meilleure cavalière de toute la Nation d'Émeraude, comment étais-je censée la battre ? Je savais parfaitement tirer à l'arc et je ne me débrouillais pas trop mal au corps à corps, mais avec une épée à la main... j'étais une vraie catastrophe. La seule lame que je savais à peu près manier était la dague de Seth.

            Myriam m'avait déjà appris à tirer à l'arc à cheval, cela lui avait pris des semaines, et encore, je m'affalais bien souvent sur la crinière de ma monture avant d'avoir pu tirer la moindre flèche.

            Frustrée, je m'élançai vers elle, épée au poing.

            Myriam laissa échapper un sifflement de rage avant de se retourner d'un bloc et d'envoye valser mon épée d'un seul coup de poignet.

            -Ciel, j'espère qu'ils ne t'enverront jamais sur un champ de bataille, Sildek, tu ne tiendrais pas une minute !

            -Je n'ai vu aucune manière de t'attaquer ! Ta défense était parfaite.