La Tour d'Ivoire - Tome 2

Amour interdit - Partie II

"The ghosts of the past speak to all who will listen."

Auteur inconnu

Curieuse, je m'approchai de la toile.

            C'était un portait de famille, et si j'en jugeais par leurs toilettes luxueuses et leur couronne sur la tête, cela devait probablement être des membres de la famille royale Saphirs.

            Ils étaient trois. À gauche, un jeune homme posait fièrement, le menton relevé, la pause altière, un sourire suffisant sur les lèvres, ses yeux bleus étincelaient de défi. Ses cheveux châtains bouclaient sur ses tempes. Son visage me rappelait quelqu'un, mais impossible pour moi de me rappeler qui. Il portait une fine tunique bleu clair et un veston plus foncé orné de petits saphirs.  Au centre, une femme à la peau tout aussi hâlée que les deux autres regardait le peintre de ses yeux bleus étincelants. Elle ne souriait pas. L'air sévère, ses mains étaient croisées dans son dos et ses cheveux lisses cascadaient dans son dos. L'homme lui ressemblait énormément.  La femme sur la droite fut celle qui attira le plus mon attention. Les mêmes yeux bleus, le même teint, les mêmes pommettes hautes que les deux autres. Mais la ressemblance s'arrêtait là. Elle possédait une beauté que l'homme et la femme ne possédaient pas. Avec ses longues boucles blondes, son sourire posé et doux, ses lèvres roses et son regard mystérieux, elle détonnait complètement. Rayonnante et joyeuse, elle ne semblait pas être à sa place dans ce cadre si guindé. Les deux femmes semblaient être deux opposés, même leur vêtement ne laissait aucun doute : la robe de la brune ; une lourde robe évasée au niveau des hanches, aux tissus riches et couteux. Ses épaules étaient cachées sous un fin voile clair. Quant à la blonde, elle arborait un décolleté plongeon et une robe aux milles voilages bleu clair qui semblait tissés dans le ciel et les nuages.

            -Qui est-elle ? murmurai-je, fascinée par l'aura hypnotique qu'elle dégageait et que le peintre avait su finement capturer.

            Je sentis vaguement Elina s'approcher de moi.

            -Anaël...

            La tristesse qui perça dans ce simple nom me fit tourner la tête vers elle. Elle regardait la jeune femme avec une lueur de douleur au fond des yeux.

            -Son nom est Anaël. Elle... (Sa voix se brisa.) Son histoire est tragique, Lévana...

            -Qui sont les autres ?

            -Tu ne les reconnais pas ? C'est Sogar et Erel Viviana.

            Maintenant qu'elle le disait, aucun doute n'était possible. Si Sogar avait vieilli, il y avait toujours cette même lueur dans ses yeux, en plus de la cruauté que le temps y avait placée. En revanche, je n'avais jamais vu la reine Erel Viviana. Elle n'était pas aussi belle que ses filles.

            -Erel n'avait pas l'air d'être une femme très sympathique.

            Elina ricana.

            -Oh que non. Elle était dure et intraitable. Anaël en a payé le prix.

            Alors que j'observais à nouveau le tableau et leur diadème sur leur tête, je compris.

            -Anaël est leur sœur.

            -Oui. Anaël Viviana était la benjamine de la famille. Le Roi Davor et la Reine Cécilie l'ont eu très tard, sur cette peinture, elle n'a que 18 ans, tandis que Sogar en à 26 et Erel 27. Le Roi mourra d'une maladie grave un an après que ce tableau fut peint. Et Erel sera couronné reine. Deux ans plus tard, Saef viendra au monde.