Our battlefield - Tome 1 -

Chapitre 9

- On l'allonge où ? demandé-je.
- Pas sur mon lit, rétorque aussitôt Lexie.
- Pas sur le mien non plus, souffle les jumelles à l'unissons.
- Ok, j'ai compris, soupiré-je en levant les yeux au ciel.

Après de multiples plaintes, gémissements, jurons et regards noirs de la part Chase, nous arrivons enfin dans ma chambre. Le beau brun se laisse tomber sur mes draps et un long soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres. Je sens qu'il ne quittera pas mon lit avant un long moment.

- On a une trousse à pharmacie ici ?
- Oui, viens avec moi.

Je suis Maï Ly à travers la maison et nous nous retrouvons dans la salle de bain. Je l'observe fouiller dans les placards jusqu'à ce qu'elle trouve un petit sac rouge. Elle me le tend, je la remercie d'un sourire et m'apprête à quitter la pièce, mais elle me retient par le bras.

- Qu'est-ce qu'il fait ici ? me questionne-t-elle.
- Après les courses, Lexie et moi avons fait un détour à la bibliothèque. En retournant à la voiture, que nous avions laissé sur le parking du supermarché, nous l'avons trouvé inconscient dans un coin. Nous ne pouvions pas le laisser là.
- Méfie-toi de lui, Harmonie.

Je me contente de hocher la tête et de retourner dans ma chambre. Je sais que Maï est inquiète parce que sa sœur aime beaucoup Chase. Si ce dernier s'amusait à lui tourner autour comme il le fait avec moi, elle ne lui dirait pas non. Maï est méfiante et elle a sûrement raison de l'être. C'est adorable de sa part de vouloir me protéger et de me mettre en garde, mais elle ne le ferait pas si elle savait que Chase est la version masculine de la jeune femme que j'étais il y a encore quelques mois.

Je retourne dans ma chambre et dépose le sac sur le bord de mon lit, attirant l'attention du jeune homme allongé sur mes draps. Il tourne doucement la tête sur le côté et nos regards se croisent. Je ne peux m'empêcher d'approcher la main de son visage. Je repousse ses cheveux et fixe la blessure à sa tempe. Que lui est-il arrivé ? J'aimerais lui poser la question, mais ce serait contraire à ce que j'ai appris en cours jusqu'à présent. Je ne peux pas m'immiscer dans sa vie, ni le bousculer s'il n'est pas prêt ou n'a pas envie de m'en parler.

- Je vais désinfecter ta plaie. Tu as reçu d'autres coups ? me contenté-je de demander.

Il attrape le bas de son t-shirt et le remonte de quelques centimètres. Je suis effarée de découvrir les gros hématomes qui recouvrent son corps et notamment le bas de son ventre. Mais qu'est-ce qu'il a foutu, bon sang ?
Je quitte la pièce pour récupérer un gant de toilette et une bassine d'eau, puis je reviens auprès de Chase. Je commence par nettoyer le sang séché qui a coulé le long de son visage et jusque dans son cou, puis je désinfecte la plaie superficielle.

- Tu es tombé ?

Il m'adresse un regard interrogatif, ne comprenant pas l'intérêt de ma question.

- Oui, pourquoi ?
- Tu devrais aller à l'hôpital. Tomber sur la tête, ça peut être très grave. Tu pourrais avoir un traumatisme crânien, faire une hémorragie ou...
- Je vais bien, me coupe-t-il. Je t'assure. Pas question que j'aille à l'hôpital pour si peu.

Je laisse échapper un soupir de résignation et me charge de nettoyer sa lèvre, en sang elle aussi. Il grimace lorsque je passe près du coup. Sa lèvre inférieure est légèrement gonflée. Je ne sais pas depuis combien de temps il était dehors lorsque nous l'avons trouvé, mais il est trop tard pour appliquer de la glace sur ses blessures. Il risque d'avoir mal un bon moment.

- Tu veux en parler ? tenté-je finalement, en relevant son t-shirt.
- Pas vraiment.

Je suis déçue de sa réponse. J'aurais aimé qu'il me confie quelques-uns de ses secrets. Visiblement, ce ne sera pas pour tout de suite. Mais je compte bien en savoir davantage sur cette histoire. Après tout, il est chez moi, je suis en train de le soigner, j'ai bien le droit de savoir ce qui lui est arrivé. Il ne peut pas garder ces informations pour lui. Et si ses bourreaux s'en prenaient à nouveau à lui ? Et s'ils nous avaient suivis et qu'ils s'en prenaient à moi ou à mes amies ? Tu regardes trop de séries, Harmonie. Calme-toi !