Elle le sait : la vie est une bataille. Ses décisions sont ses seules armes et elle a choisi de ne plus céder à la tentation pour ne pas perdre un nouveau combat.
À vingt et un ans, Harmonie quitte la France pour oublier la tragédie qui a boulevers...
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Les garçons avaient prévu de faire les courses pour le repas de Noël le jour du réveillon et j'ai dû insister pour que nous nous rendions au supermarché la veille. Pas question de nous retrouver perdus au milieu de la foule de gens qui court dans les magasins à la dernière minute. Je ne supportais pas cela en France et je doute fortement que ce soit différent ici. Et j'ai l'intention de faire le dessert moi-même, je n'ai aucune envie de le préparer en catastrophe demain. Aucun de mes colocs de vacances n'était très motivé à l'idée de sortir aujourd'hui. J'ai donc passé la matinée à énumérer tous les avantages, à donner mes arguments, à les supplier et à leur faire les yeux doux afin qu'ils cèdent. Et comme personne ne me résiste, j'ai gagné et ils ont décidé que nous devions y aller tous les cinq. Sur le moment, j'étais contente mais j'ai comme l'impression que ça ne va pas durer.
Je suis en pleine discussion avec James, sur le parking du supermarché, lorsque j'entends Joe pousser des cris. Je tourne la tête et c'est, sans surprise, que je le découvre debout dans un caddie. Chase prend les rênes et se met à courir, manquant de faire tomber son ami.
- Dis-moi que je rêve, soufflé-je à James. - Dans ce cas, on fait le même rêve. Je dois te faire une confession. - Je ne suis pas sûre d'avoir envie de l'entendre. - Joe et Chase n'ont jamais fait les courses ensemble. - C'est rassurant... Rattrapons-les avant qu'ils ne fassent une connerie.
À l'intérieur, je souris en voyant les garçons attendre sagement. Un coup d'œil rapide aux alentours et je comprends que j'ai bien fait d'insister. Il y a déjà un monde de dingue, je n'ose pas imaginer la foule qu'il y aura demain.
Nous décidons de rester groupés pour faire les courses mais la situation devient rapidement ingérable. Je ne connais pas ce supermarché, je suis contrainte de demander de l'aide à James dès que je cherche quelque chose et pendant ce temps, Chase et Joe perdent patience et s'amusent avec tout ce qu'ils trouvent. Ils ne tardent pas à être rejoints par Adrian qui, lui aussi, commence à s'ennuyer. Ce qui devait être de rapides courses se transforme en un long et épuisant parcours du combattant. En l'espace de quelques minutes, j'ai l'impression d'être devenue maman et d'avoir mis au monde trois gosses insupportables. Il est temps de changer de stratégie. Si je veux survivre, je dois occuper mes colocs et j'ai besoin qu'ils m'aident pour sortir d'ici plus vite.
- Joe, va me chercher un paquet de farine. Chase, tu t'occupes des œufs et Adrian du chocolat. Le premier qui revient avec ce que je lui ai demandé gagne. - On gagne quoi ? demande Joe, intéressé. - Je ne sais pas encore mais je vais trouver. Allez, top départ !
Les trois garçons partent en courant dans les rayons et disparaissent. J'échange un regard complice avec James et nous profitons de ce court instant de répit pour avancer sur la liste de courses. Puisqu'ils ont eu la gentillesse de m'inviter pour Noël, j'ai décidé de prendre le repas en main. Non pas que leur menu me déplaisait, mais il était tout de même très similaire à celui que j'ai mangé lors de Thanksgiving. J'ai proposé de garder quelques-unes de leurs idées et d'y ajouter les miennes, à commencer par la bûche que j'ai bien l'intention de faire moi-même. Un Noël sans bûche, ce n'est pas un Noël et leur tarte à la citrouille, je n'en peux plus.
