Chapitre 31

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Chase me tend un casque et je l'enfile pendant qu'il fait la même chose avec le sien

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Chase me tend un casque et je l'enfile pendant qu'il fait la même chose avec le sien. Quelques secondes plus tard, il enjambe sa moto et tend sa main dans ma direction. J'ai un bref moment d'hésitation. Je ne porte pas la tenue adéquate à ce genre d'escapade et j'entends d'ici ma mère me reprocher ma conduite. Cette simple pensée me donne le courage d'attraper la main de Chase et de me glisser derrière lui. Affronter ma génitrice était une de mes activités préférées en France. J'ai toujours cherché tous les moyens possibles pour être le contraire de celle qu'elle souhaitait que je sois. Et même à des milliers de kilomètres, je ressens encore ce besoin de la défier.

- Où est-ce qu'on va ? demandé-je.
- Aucune idée. Le meilleur des plans, c'est parfois de ne pas en avoir.
- Tu n'as pas tort. Roule, on verra où ça nous mène.
- Accroche-toi.

J'abaisse la visière de mon casque et entoure son corps de mes bras. Il démarre et je m'agrippe davantage à lui. Il se crispe et j'ai presque l'impression de l'entendre gémir, comme si je lui avais fait mal, mais je n'ai pas le temps de m'en préoccuper. Au fil des minutes, il accélère, encore et encore, jusqu'à dépasser très largement les limites de vitesse. J'ai d'abord envie de lui crier de ralentir parce que j'ai bien trop peur que nous finissions tous les deux sur un lit d'hôpital, mais l'adrénaline pulse dans mes veines. Nos deux corps l'un contre l'autre ne forment plus qu'un. Chaque fois qu'il se penche d'un côté pour appréhender un virage, je l'accompagne sans hésiter. Il roule sans jeter le moindre regard derrière lui et les kilomètres défilent à une vitesse folle. Je m'accroche à lui de toutes mes forces, comme à une bouée de sauvetage et comme si ce simple geste me sauverait la vie en cas d'accident. C'est stupide, mais je m'en fiche. J'avais besoin de ressentir cette peur, cette adrénaline. J'avais besoin de me sentir vivante, ce soir plus que jamais.
Je ne sais pas ce qui a empêché Chase de dormir, ni ce qui l'a poussé à me rejoindre, mais la vitesse l'aide sûrement à penser à autre chose. Et lorsqu'il ralentit enfin, j'en déduis qu'il est arrivé au bout de ses forces. Jouer avec notre vie plus longtemps ne nous permettra pas de mieux dormir demain.

Je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où nous nous trouvons. Encore moins du nombre d'heures qui se sont écoulées depuis notre départ. Peut-être deux, ou un peu moins. Je ne sais pas, mais lorsque je relève la tête, nous faisons face à la mer. Les paysages universitaires me semblent désormais bien loin. Le campus, la ville, les rues animées. Tout cela a laissé place à une étendue de sable sans fin, à un silence apaisant.

Je donne mon casque à Chase et cours en direction de la plage, sans l'attendre. Je retire mes baskets et mes chaussettes et laisse les grains de sable me chatouiller les pieds. Il fait froid, bien trop froid, mais je m'en fiche. Le vent s'abat avec violence sur mon visage et je souris, heureuse d'être là, heureuse de me sentir si libre. La vue est incroyable et c'est la première fois que je me sens aussi vivante depuis le décès de Sophia.

- Viens-là.

Je me retourne et découvre Chase, un plaid dans les bras. Il s'assoit dans le sable et me fait signe de le rejoindre, ce que je fais sans hésiter. Je me glisse entre ses jambes et me blottis contre lui. Aussitôt, il nous recouvre du plaid et ses bras m'entourent. Je me réchauffe doucement et soupire.

Our battlefield - Tome 1 -Where stories live. Discover now