Chapitre 33

482 70 131
                                    

Je ne sais pas combien de temps j'ai pleuré, mais je n'ai plus la force de le faire

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Je ne sais pas combien de temps j'ai pleuré, mais je n'ai plus la force de le faire. Je me sens vide et épuisée mais beaucoup mieux. Je lève la tête et déplie mes jambes. Je suis tout engourdie et frigorifiée. Je me relève doucement et me retourne. Assis dans le sable, à à peine quelques mètres de moi, Chase n'a pas quitté sa place. Le plaid recouvre l'intégralité de son corps et je rêve d'aller me blottir contre lui pour me réchauffer, mais je ne bouge pas.

Revivre l'accident était affreux mais je ne pensais pas que ça me ferait tant de bien. J'ai gardé tout ça pour moi pendant trop longtemps. Je n'ai pas fait mon deuil parce que je n'ai jamais réellement voulu le faire. J'ai fui et j'ai tenté de refouler ce que je ressentais. Maintenant que j'ai tout confié à Chase, je me sens mise à nue. Il connaît mes failles, il m'a vue dans mon pire état et pourtant, il est toujours là. Et je suis heureuse d'avoir craqué devant lui parce qu'il a eu la meilleure réaction. Il n'a pas cherché à me consoler, il n'a pas sous-entendu que tout irait mieux. Non, il a juste été là. Il m'a laissée seule face à mes émotions, il m'a laissée crier et pleurer sans jamais intervenir et c'est tout ce dont j'avais besoin.

Lorsque nos regards se croisent, il se lève à son tour. Sans un mot, il s'approche et me prend dans ses bras, m'entourant du plaid, de sa chaleur et de son réconfort.

- Je suis désolée, soufflé-je, brisant le silence.
- Tu n'as aucune raison de l'être.

Je relève la tête et esquisse un faible sourire. Chase est un ami parfait. En venant ici, je m'attendais à beaucoup de choses, mais certainement pas à rencontrer de si belles personnes. J'avais l'intention de fermer le livre concernant ma vie en France et de me faire des amis mais de ne jamais m'attacher à eux. J'ai fait l'inverse de tout ce que j'avais planifié et déjouer les plans est finalement libérateur.

- Aujourd'hui, ça fait huit mois jour pour jour que l'accident a eu lieu et je me sens un peu nulle de ne pas être auprès de sa famille pour la soutenir. Mais en même temps, je ne sais pas si j'aurais été capable d'affronter ça une nouvelle fois.
- Moi aussi j'ai abandonné mes proches pour venir ici. Parfois, je culpabilise de ne pas être auprès d'eux, de ne pas voir ma sœur grandir. Mais c'était mon choix, comme c'était le tien de partir. Tu en avais besoin, alors ne regrette pas d'avoir cherché un moyen de trouver la paix.
- Sauf que moi, j'ai fui. J'aurais dû être plus courageuse et rester. Pour eux.
- Il faut du courage pour rester. Il en faut bien plus encore pour partir. Tu ne peux pas aider les autres à surmonter le décès de quelqu'un alors que tu n'as pas fait ton propre deuil.

Je détourne le regard et niche ma tête dans le creux de son cou. Ses mots m'apaisent et une partie de ma culpabilité s'envole. Je ferme les yeux et je rouvre le tiroir de mes souvenirs les plus joyeux. Je laisse les sourires de Sophia envahir mon esprit. Cela fait mois entiers que je n'ai pas ressorti une seule photo d'elle. Je ne m'en sentais pas capable mais aujourd'hui, je sais que je vais devoir le faire. Parce que son visage, tout comme sa jolie voix, s'effacent lentement de mon esprit et ça, c'est bien pire que de devoir affronter une simple image qui me rappelle qu'elle n'est plus là.

Our battlefield - Tome 1 -Where stories live. Discover now