Les flammes de la passion | 2

Chapitre 28 | Jour J (2)

La soirée est vraiment sympathique. Je prends le temps de discuter avec chacun de mes invités, mis à part Estelle et Thomas. Chaque fois que je pose les yeux sur ce dernier, je me ravise immédiatement, par peur de recevoir les foudres de sa petite copine tarée.

Mais une grande partie de moi meurt d'envie de parler avec Thomas. Pas d'Estelle, mais de nous deux. J'en ressens le besoin. Le souci, c'est qu'Estelle est accrochée à lui, telle une moule sur son rocher. Cela va être difficile de les séparer.

Soudain, une idée de génie me vient. J'attrape Nathan et lui expose mon plan :

—Il faut que tu m'aides. Peux-tu distraire Estelle, le temps que je discute avec Thomas ?

—Tu veux que je la kidnappe maintenant ? me demande Nathan en consultant sa montre. Ecoute, ça m'arrangerait plutôt vers vingt-trois heure trente, parce que...

—Arrête, je suis sérieuse. Je ne veux pas de kidnapping, juste que tu discutes avec elle, histoire qu'elle lâche Thomas.

Nathan me fait un clin d'œil, signe qu'il a compris sa mission. Il boit cul-sec le reste de son verre et avance vers la sorcière. J'assiste de loin à la scène, afin qu'Estelle ne comprenne pas qu'il s'agit d'une manigance pour la retirer de Thomas. J'aperçois Nathan rigoler avec Thomas, ce dernier fait des gestes qui me font penser qu'il insiste pour que son pot de colle passe un peu de temps avec son ami du lycée. Il ne faut pas longtemps pour qu'Estelle accepte et suive Nathan loin de Thomas. Une fois que les deux ont disparu dans la foule, je suis discrètement Thomas, qui se dirige vers le couloir. Avant qu'il n'entre dans les toilettes, je l'appelle du fond du couloir, vide :

—Thomas ?

Il se retourne et me sourit.

—Qu'y a-t-il Cassandra ?

—Peut-on aller parler ?

Je lui indique ma chambre, afin que nous ne soyons pas dérangés. Mais Thomas soupire et lève les yeux au ciel.

—Cassandra, arrête. Je t'ai dit, nous deux c'est fini. Je suis avec Estelle. Tes crises de jalousie...

—Ce n'est pas une crise de jalousie, le coupé-je.

Il détaille avec attention mon visage et je me retrouve étrangement gênée.

Si je n'écoutais que moi, je lui balancerai tout ce qui s'est passé l'autre jour avec Estelle, cependant j'ai promis à Naomie que je ne le ferai pas. Et je ne romps jamais mes promesses.

Alors calmement, j'entreprends une discussion à cœur ouvert :

—Thomas. Je t'aime toujours.

Ce dernier soupire et s'apprête à entrer dans les toilettes, mais je le retiens par le poignet. Je le supplie :

—Je t'en prie, écoute-moi jusqu'au bout.

Il referme la porte derrière lui et souffle :

—Ok.

Je sens un regain de confiance en moi et me lance dans une déclaration :

—Je sais que j'ai totalement foiré. J'avais l'occasion de te récupérer mais je l'ai laissée filer, en te blessant. Crois ce n'était pas du tout mon intention, j'en suis désolée.

—Cassandra, tu sais...

—S'il te plaît, laisse-moi finir.

Thomas se tait et serre ses lèvres. Je reprends mon discours :

—Je suis vraiment désolée de t'avoir fait du mal, en agissant égoïstement. Je n'aurais pas dû et je n'ai aucune excuse pour cela.

Je me rends compte que pour la première fois, les rôles sont inversés. C'est moi qui tente des pieds et des mains pour récupérer Thomas.

—Je sais que la flamme passionnelle n'est pas éteinte, continué-je d'une voix douce. Comme tu me l'as dit, la passion est un feu éternel et j'en suis convaincue. Je ne vaux pas briser ton couple avec Estelle, car votre histoire ne me regarde pas.

Il s'agit peut-être du seul mensonge dans mon discours, car je rêve de les séparer. Pourtant, ce mensonge semble surprendre Thomas. Il doit être impressionné par ma prise de maturité, dans le bon sens. Il semble moins sur ses gardes et plus enclin à m'écouter. Ses traits se détendent, tandis qu'il décroise ses bras. Avant, je n'aurais jamais agi de la sorte. Il faut que je me souvienne de plus souvent écouter les conseils de Naomie.

Je termine :

—Alors sache que si jamais, je ne te le souhaite pas, votre couple se brise, je serai là pour toi. Je t'attendrai Thomas, peu importe le temps que cela prendra. Je t'attendrai une heure, une semaine, un an... Je t'attendrai toute ma vie s'il le faut. Tu es le seul que j'aime et je m'en veux de ne pas m'en être rendue compte plus tôt.

Plus j'avance dans mon discours, plus je commence à comprendre les conseils de mon amie et à croire en ce que je dis.

—Je... commence Thomas perdu.

—Tu n'a pas à me répondre. Je vais te laisser, comme tu me l'as demandé. Sache cependant, que l'on ne peut pas être amis, c'est trop dur pour moi.

Thomas acquiesce et répond gentiment :

—Je le sais.

Nous nous sourions sincèrement et je me sens tellement libre. Je viens d'exprimer mes sentiments et cela me fait un bien fou. Pour une fois, je n'ai plus mal à mon cœur, comme si cette déclaration l'avait réparé. Un sentiment de béatitude s'installe en moi et pour la première fois en dix ans, je me sens tout simplement bien.

Thomas, de son côté, semble tout aussi libéré que moi. Ses épaules descendent calmement et sa poitrine reprend une respiration plus régulière. Le coin gauche de ses lèvres est légèrement réhaussé et ses yeux me remercient silencieusement.

La balle est à présent dans son camp, je n'ai plus rien à faire. Je n'ai plus à m'inquiéter de rien. Je suis libre. Je vais vivre ma vie, sans me préoccuper de Thomas, du moins je vais essayer. J'ai tout de même un peu peur que ce bien-être ne soit que temporaire.

Je hoche la tête, en esquissant un sourire les lèvres serrées et Thomas m'imite. Nous sommes finalement parvenus à nous écouter et à nous mettre sur la même longueur d'ondes. Si notre relation doit reprendre, je pense que nous sommes partis du bon pied. Nous venons de remettre les pendules à l'heure et effacer le tableau du passé.

Avant de partir, j'ajoute :

—J'attends ton signe.

Et je m'en vais, le cœur léger.

***

Re-bonjour !

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