Chapitre 5 | Feu éternel (1)

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Je suis encore sous le choc. Que Thomas soit à New-York, c'est une chose, mais qu'il vienne me retrouver sur mon lieu de travail et s'invite chez moi, c'en est une autre.

Je referme la porte de mon appartement, d'une main fébrile. Je réajuste mes cheveux de manière à être un minimum présentable. Je me retourne vers mon ex et lui demande :

—Thomas, va-t'en s'il te plaît...

Ma demande ressemble plus à une supplication, mais il faut vraiment qu'il s'en aille. Je n'ai pas encore eu le temps de digérer la rencontre de ce matin. S'il veut parler, qu'il me laisse le temps de réaliser les choses. Cela fait plus de cinq ans que Thomas et moi avons rompu contact, il est normal que le revoir me fasse un électro-choc.

Comme je m'en doutais, mon invité inattendu ignore ma demande et s'installe confortablement sur le canapé. Bras écartés, il balance sa tête en arrière, faisant ainsi rebondir ses petites boucles brunes. Il ferme ses yeux et inspire profondément. Malgré que Thomas porte encore sa chemise et sa veste de costume, j'arrive à deviner ses muscles se gonfler sous l'inspiration de ses poumons. Pour dire vrai, je ne les devine pas, je m'en souviens. Je parie que même mes mains se souviennent de chaque courbe de son corps, de chaque arrêtes que dessinent ses muscles et de chaque sensation électrisante au contact de sa peau chaude.

Mes yeux toujours posés sur sa poitrine, je constate les mouvements de celle-ci qui danse au rythme de la respiration de mon ex. Il paraît si paisible. Chaque montée et chaque descente de sa poitrine sont régulières, comme s'il était totalement serein. Je me surprends à me caler sur sa respiration et me sens d'un coup, plus légère. Plus libre.

Mon regard remonte jusqu'à ses lèvres. Ses belles lèvres roses et pulpeuses. Je tente de me détourner de celles-ci, car je me sens coupable de les fixer aussi longtemps. Je ne devrai pas ressentir cela. J'aime Lisandro de tout mon cœur. Thomas fait partie de mon passé, je n'ai plus aucun sentiment à son égard. Pourtant, la première image qui me vient en tête, en détaillant ses lèvres, s'agit de notre premier baiser. Sûrement le plus court de toute notre relation, mais aussi le plus surprenant. Thomas m'avait reçu chez lui, dans le cadre de notre exposé sur la théorie de Robert Solow. Comment est-ce que je m'en rappelle ? Aucune idée. Sûrement, parce que ce travail nous avait été donné à Thomas et à moi, peu après notre première rencontre.

Je me souviens être arrivée dans cette immense maison, entièrement blanche. Elle m'avait fait penser à un hôpital. Au premier abord, je l'avais trouvée très impersonnel, triste et froide. Mais plus je passais de temps là-bas, plus je la trouvais joyeuse et je m'y sentais comme chez moi. Ma pièce préférée restera la salle du piano. Ce jour-là, Thomas me l'avais faite découvrir en me jouant un morceau. All of me de John Legend. Cette chanson signifiait énormément pour moi en Terminale, parce qu'il s'agissait de notre chanson. C'est assez enfantin, pourtant je ne l'ai pas réécoutée depuis, car je l'associe à la première fois que mes lèvres ont rencontré les siennes.

—Qu'est-ce que tu mates comme ça ?

Je secoue la tête et reviens à la réalité. Mes yeux remontent son visage jusqu'à croiser les siens. Je me sens gênée d'avoir été surprise. Thomas est toujours affalé dans le canapé et me regarde, un sourire pervers en coin.

—Rien, mens-je.

—Tu es toujours une piètre menteuse Cassandra. Je sais exactement à quoi tu pensais.

Je lève les yeux au ciel. Son excès de confiance en lui ne m'avait pas manqué.

—Tu pensais à la même chose que moi...

Il y a de fortes chances, oui. Cependant, je ne peux pas le lui avouer. Je sais pertinemment que si j'acquiesce, tout recommencera. Le même schéma qu'en Terminale. Mais je n'ai plus le temps pour ces histoires. J'ai grandi. Il a grandi. Nous avons à présent, chacun nos vies. Nous ne pouvons pas tout claquer, pour retenter quelque chose. J'ai vingt-huit ans, ce que je veux c'est de la stabilité dans ma vie amoureuse, pas les tempêtes passionnelles que nous avons vécues il y a dix ans.

—Non, mens-je de nouveau. Thomas, je doute que tu pensais à la même chose que moi...

Je suis une piètre menteuse, il a raison. Je le constate dans le regard, non convaincu, de Thomas. Ce dernier contente seulement de hausser les épaules et m'offre son beau sourire, qui m'avait fait craquer il y a dix ans de là.

—Peux-tu partir maintenant, Thomas ?

—Je viens à peine d'arriver, laisse-moi profiter un peu de ta présence.

Pourtant, j'ai l'impression que cela fait des heures qu'il est assis dans mon canapé. Sa présence m'est autant désagréable qu'agréable. Je veux qu'il sorte de chez moi, car le simple fait de le voir me met sur les nerfs, cependant, je dois reconnaître que la sensation que j'ai dans mon ventre m'avait longtemps manquée, bien qu'elle me brûle profondément.

Inconsciemment, je pose ma main droite sur mon estomac, afin d'estomper la douleur qui me ronge à feu vif. A vrai dire, je ne me rends pas compte de ce geste banal, avant que Thomas ne le relève :

—Les flammes de la passion.

***

Bonjour ! Comment allez-vous ?

📌Votre avis sur la première partie de ce chapitre ?

📌Que pensez-vous de l'attitude de Cassandra ? Et de celle de Thomas ?

📌Vos prédictions pour la suite ?

Rendez-vous cet après-midi pour la seconde partie du chapitre 5.

Les flammes de la passion | 2Where stories live. Discover now