Fairy Tail : Acnologia

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Acnologia atterrit sur une falaise rocheuse escarpée, et lentement le dragon noir reprit forme humaine. Devant lui attendait une jeune femme, ses cheveux (c/c) portés par le vent du nord. Elle ne sourit pas à sa venue, pas cette fois.

Il était couvert de sang, et il lui manquait un bras. Son visage crispé annonçait douleur, son rictus claironnait victoire. Le cœur de (T/p) se serra pour les deux raisons.

- Tu l'as vaincu.

- Tu en doutais ? grogna-t-il.

- Je ne sais pas. Je crois... que j'espérais autre chose.

- Quoi ?

- Un autre dénouement. Qu'il t'ouvre les yeux, que tu comprennes... Que tu arrêtes de tuer.

- Cela n'arrivera jamais, tonna-t-il.

Il se détourna, marchant d'un pas vif vers leur caverne. Il n'aimait pas rester trop longtemps à l'extérieur sous cette forme. Il se sentait trop banal, détestablement vulnérable... Alors qu'il était désormais le maître de tous les dragons, surpuissant et incontesté. Son rival était mort, il avait prouvé sa suprématie. Il était le Roi Dragon.

(T/p) resta dehors, ses bras serrés contre sa poitrine. Ses yeux cherchaient quelque chose dans le ciel, un point rouge brûlant au-delà des nuages. Mais la tristesse l'envahit quand elle comprit que jamais ce jour n'arriverait. Ignir était mort. Elle n'admirerait plus ses écailles chaleureuses, elle ne profiterait plus de ses conseils.

- Adieu, mon ami... murmura-t-elle.

Elle laissa une larme unique perler, mais l'essuya d'un geste vif en se retournant. La chasseuse de dragon devait rentrer auprès d'Acnologia, malgré ce meurtre qu'elle avait espéré voir échouer. Il était grièvement blessé, même s'il ne l'admettrait jamais par fierté. 

Et malgré tout le mal qu'il avait fait, (T/p) ne pouvait renoncer à lui. Ils avaient passé plus de quatre cent ans ensemble, la rancœur qu'elle avait pu avoir contre lui s'était effacée avec le temps. Elle avait fait place à d'autres sentiments, qui s'exprimaient rarement entre eux. 

- Comment te sens-tu ? demanda-t-elle en entrant dans la grotte.

Il ne répondit pas, couché sur leur paillasse. Le sang coulait à flot de son moignon, et une grimace de douleur échappa au Dragon de l'Apocalypse. Sa compagne le regarda, peinée, et alla chercher de quoi le soigner dans la mesure du possible.

- Je n'ai besoin de rien, tenta-t-il de la repousser.

- Si tu meurs maintenant, tout cela n'aura servi à rien, répliqua-t-elle.

Acnologia grogna ostensiblement, mais il finit par se redresser. Les mains douces de (T/p) firent glisser les pans de sa cape, dévoilant un torse parfait mais aussi une blessure terrible et béante. Le combat n'avait pas été gagné sans mal, et elle en fut à la fois soulagée et attristée. Elle fit boire une décoction anesthésiante au dragon, qui la transperça de ses yeux rouges avant de daigner la boire.

Quand elle fut certaine qu'il était rendu insensible à la douleur, elle commença à le soigner. En silence, ses doigts s'affairaient, ses yeux (c/y) brillant dans l'obscurité de la caverne. Il la connaissait par cœur, aussi il ne retint pas un commentaire dénué de compassion :

- Tu ne devrais pas pleurer sa mort.

- Il était mon ami, souffla-t-elle.

- Je suis ton mari. Il a failli me tuer !

- Mais c'est lui qui est mort...

Elle esquissa un pâle sourire, et il se tut. Tous deux se souvinrent d'une époque lointaine, trop lointaine, où les dragons peuplaient le vaste ciel et où les hommes étaient démunis.

(T/p) et Acnologia vivaient pour la paix autrefois. Ils avaient été entraînés par des dragons pour sauver les humains. Ils étaient devenus forts, très fort. Mais il avait été arrogant, avide de pouvoir... Et elle n'avait rien fait pour l'empêcher d'assouvir ses désirs, trop aveuglée par ses sentiments. Ignir l'avait prévenue, mais elle voyait en lui l'homme qu'elle aimait et non le monstre qu'il dépeignait. Des centaines de vies avaient été éteintes par le Dragon de l'Apocalypse, mais elle avait ouvert les yeux trop tard.

Aujourd'hui, ils se remémoraient ces moments comme ceux d'une vie antérieure. Ils étaient immortels, condamnés à voir le monde changer autour d'eux et les humains mourir. La mort était souvent mêlée à l'amour, et ce duo tragique liait intimement les deux jeunes gens... Pour l'éternité.

- Je te demande pardon, finit par souffler Acnologia.

(T/p) leva sur lui des yeux sages, à peine surpris. Elle banda ses plaies avec précaution, attendant la suite. 

- Je sais que tu tenais à lui. 

- Je tiens plus encore à toi, dit-elle. 

- Tu m'aimes moins qu'avant. J'ai trop de sang sur les mains, trop de cruauté en moi à présent. 

- Je t'aime, malgré tes erreurs, le détrompa-t-elle. J'aime tes défauts, j'ai eu le temps de m'y habituer. 

- Si j'étais mort, tu aurais pu entamer une nouvelle vie, rétorqua-t-il.

Ses yeux rouge sang s'étaient assombris, son poing serré contre sa cuisse. Les moments où il se remettait en question étaient rares, mais ils payaient souvent. Sa compagne lui ouvrait les yeux sur bien des choses, et elle trouvait toujours les mots qu'il avait envie d'entendre. Il s'était souvent dit que s'il avait été seul durant ces derniers siècles... Sa soif de sang aurait emporté tout ce qu'il restait d'humain en lui.

Mais (T/p) avait été là, à ses côtés. Elle l'avait haï, pardonné, aimé. Elle le comprenait, même si elle n'adhérait pas à ses pulsions violentes. Elle le soignait, tentait de guider son cœur dans la mesure du possible... Elle ne lui avait apporté que du bon, alors qu'il ne lui rendait que malheurs de désillusions. Parfois, Acnologia regrettait d'être devenu le Dragon de l'Apocalypse, notamment lorsqu'il voyait la peine dans le regard de sa femme.

- Si tu étais mort, je me serais tuée aussi, dit-elle doucement. 

- Je t'interdis de faire ça ! s'enflamma-t-il. 

- Alors veille à rester en vie.

Elle termina de nouer habilement le bandage à son épaule, et ramassa ses ustensiles de soin. Le dragon la regarda s'affairer dans leur antre, les yeux pleins de questions et le cœur troublé. (T/p) finit par venir s'asseoir près de lui sur la paillasse, appuyée contre le mur de roche. 

Le jour tombait, les parois se couvraient de rayons rouges et ocre. La tête d'Acnologia se posa sur celle de (T/p) en silence, et leurs respirations s'alourdirent. Encore une journée de plus, encore un combat de gagné... Cela ne finirait jamais, et ils assisteraient encore et encore à ces crépuscules flamboyants.

- Es-tu heureux ainsi ? l'interrogea-t-elle.

Sa réponse ne tarda pas :

- Je veux tout dominer. Zeleph me craint, Ignir est mort, les mages se terrent. Je suis le Roi Dragon... J'ai atteint mon but.

- Ce n'est pas une réponse, remarqua-t-elle.

Il se tut, réfléchit. Ses yeux perçants se posèrent sur ce corps familier, chaleureux et réconfortant. Sans qu'il n'y pense, son unique main se posa sur la cuisse de (T/p), qui releva la tête vers lui. Cette fois, il l'avait surprise, et cela se lisait dans ses beaux yeux (c/y). 

- Je ne sais pas si je suis heureux... avoua-t-il rauquement. Mais je suis sûr d'une chose.

- Quoi ?

- Si tu n'étais pas dans ma vie... Je ne pourrais jamais l'être.

C'était les plus beaux mots qu'il lui avait dit depuis des années, et son cœur fit un bond. Elle sourit doucement, et se lova contre son amant sans un mot. Ils s'allongèrent sur la paillasse, serrés l'un contre l'autre dans l'obscurité grandissante, enlacés comme un couple qui s'est aimé de longues années... Et qui avait encore d'infinis siècles devant lui.

xReaderWhere stories live. Discover now