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Moriarty : Albert

(P/g) = prénom du garçon.

Le manoir Moriarty était une propriété grande, mais raisonnablement modeste pour une famille issue de la haute noblesse. Tandis que William assurait ses cours à l'université et qu'Albert travaillait pour le MI6 dans la plus grande confidentialité, le reste de la famille gérait les terres et la demeure avec brio.

Louis était un as dans la tenue d'une maison, et lui et sa belle-sœur (T/p) s'entendaient à merveille dans la gestion de tout le patrimoine. Elle gérait davantage les interactions sociales avec les paysans demeurant sur leurs terres et s'occupait des comptes, tandis qu'il contrôlait avec minutie le moindre de leur employés et tout ce qui relevait des tâches domestiques. 

Et pour surveiller tout ce petit monde, un dernier Moriarty répondait présent et se montrait plus ou moins efficace... 

- Viens-là mon cœur... souffla (T/p) en prenant le bébé dans ses bras.

Âgé de quelques mois, (P/g) la regardait avec de grands yeux adorables qui faisaient toujours mouche. Le petit héritier les tenait de son père, mais jamais Albert n'aurait pu lancer un regard si innocent, si angélique. Il fallait pour cela une naïveté enfantine et un cœur pur... Et le chef de famille avait perdu tout cela depuis bien longtemps, hélas.

La comtesse s'assit doucement sur le sofa du grand salon, son précieux trésor lové contre sa poitrine. Elle ne se lassait pas de l'observer, d'apprendre à le connaître sans relâche, de graver chacun de ses traits en elle. Il babilla, tendant les mains pour attraper une de ses mèches (c/c) échappée de son chignon élaboré. 

Elle sourit, glissant son auriculaire dans sa main potelée, fascinée par la joie merveilleuse qui émanait de ce petit garçon. Son petit garçon. 

Elle n'entendit pas le coup discret frappé à la porte, pas plus qu'elle ne vit quelqu'un rentrer silencieusement dans la pièce chaleureuse. Albert se stoppa à l'entrée, manteau sur le bras et chapeau à la main. Devant cette scène, le masque qu'il portait en dehors du manoir Moriarty laissa peu à peu place à un sourire attendri.

Il vit sa femme, celle qu'il aimait tant, tenir contre elle son enfant qu'il chérissait plus que tout. Il vit les deux personnes qui comptaient plus que sa vie enlacées, et il se sentit mieux.

- Bonsoir, dit-il d'une voix suave.

(T/p) tourna la tête dans sa direction, et un sourire ravissant naquit sur ses lèvres. Son enfant serré contre elle, elle vit avec bonheur son mari s'avancer et compléter leur famille.

- Bonsoir Albert, répondit-elle.  

Il dépassa le sofa et l'embrassa tendrement, oubliant par là même toutes ses inquiétudes. Leurs yeux se sourirent, et Albert caressa doucement la joue de sa femme. En reconnaissant le timbre et le visage de son père, (P/g) se mit à gigoter et babiller pour attirer son attention, ce qui arracha un rictus à ses parents.

- Je crois qu'il te réclame, devina (T/p) avec amusement.

- Donne-le moi, s'il-te-plaît.

La comtesse s'exécuta avec précaution, confiant le bébé aux bras protecteurs du gentleman. Les yeux verts d'Albert se déridèrent un peu plus devant cette bouille rieuse et innocente qui lui faisait la fête, et à nouveau son cœur s'allégea. 

- Bonjour toi... sourit-il à voix basse.

(P/g) gazouilla joyeusement, agitant les mains vers lui. Albert sourit, et il s'assit aux côtés de (T/p) en savourant le contact de leurs trois corps. 

Une famille... Une famille faite de liens de sang, qu'il avait autrefois rejeté mais dont il ne pouvait plus se passer désormais. Être marié, avoir un enfant... C'était pour lui un but et un accomplissement. Et rendre heureux ces deux êtres qui faisaient partie de lui était sa plus grande motivation.

- J'espère que tu as été sage durant mon absence, continua-t-il.

- Un vrai petit ange, acquiesça sa femme avec un peu d'ironie.

- Aaah ! s'exclama (P/g) en riant.

Ses parents s'esclaffèrent, et (T/p) posa sa tête sur l'épaule de son époux avec un sourire de contentement. Elle adorait observer Albert lorsqu'il était avec son fils, il adoptait un comportement si doux et si attentionné qu'elle retombait un peu plus amoureuse de lui à chaque fois. Les deux hommes de sa vie étaient là, et elle n'avait besoin de rien d'autre...

Albert sourit lorsqu'elle passa une main sur sa taille, resserrant un peu plus ce cocon familial dont aucun d'eux ne désirait s'extraire. Il déposa un baiser sur son front, jouant distraitement avec (P/g) du bout des doigts.

Les yeux grands ouverts du bébé fixaient le couple avec adoration, faisant naître en eux des émotions puissantes. Ils étaient prêts à tout pour lui, pour assurer son bonheur et son avenir. Ce petit bonhomme n'avait que quelques mois, mais il était soudain devenu leur priorité ultime...

Et pour lui, les parents qu'ils étaient étaient prêts à tous les sacrifices.

- Albert... souffla-t-elle alors.

- Oui ?

- Je t'aime, avoua-t-elle naturellement.

- Moi aussi, sourit-il.

- Promets-moi... Promets-moi que s'il nous arrive malheur, (P/g) sera épargné.

Son regard était tendre, mais sa voix empreinte d'un réalisme tranchant. Elle connaissait les activités des Moriarty, et elle y adhérait. Mais si son fils devait en pâtir, (T/p) se changerait en démone plus terrifiante et dangereuse que tous les criminels d'Angleterre. Albert le savait bien, et il était tout à fait de son avis...

- Je te le promets, jura-t-il. Je préserverai son innocence à tout prix.

Rassurée, sa femme se lova un peu plus contre lui, et ils se remirent à admirer les gazouillements de leur progéniture avec tendresse.

En avisant (T/p) et (P/g), Albert sentit son cœur se gonfler de fierté et d'espoir. 

Tout ce qu'il faisait, comment il défendait ses convictions, ce pourquoi il aidait William... Il le faisait pour son fils. Il voulait lui offrir un monde meilleur, où l'égalité régnerait et où les injustices seraient éradiquées. Il voulait le voir grandir sereinement, sans qu'il n'ait à supporter tout ce que lui-même avait combattu si ardemment... 

Il voulait lui offrir une vie heureuse, tout simplement. Et il serait impitoyable envers ceux qui se mettront en travers de son chemin...