Black Butler : Undertaker

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Undertaker se passa la langue sur les lèvres, esquissant un sourire ravi. C'était pour ce genre de petits tours qu'il adorait son métier. Certes, travailler avec les morts avait ses avantages... Ils ne parlaient pas, il devait les deviner. Ils étaient de vraies marionnettes entre ses mains expertes, qu'il pouvait embellir à volonté. Ils n'appartenaient plus à ce monde... et personne ne venait les réclamer.

Parfois, le croque-mort avait la chance de tomber sur de charmants clients. De jeunes enfants fauchés cruellement, des femmes ravissantes, des hommes au corps d'apollon... On pouvait dire qu'il s'y connaissait en matière de corps et de beauté. Mais aucun n'égalait celle qu'il avait actuellement sous les yeux.

- Pauvre petite chose brisée... murmura-t-il.

Dans l'obscurité de son domaine, la silhouette fantomatique de la jeune femme étincelait de pureté. Sa robe de mariée tâchée de sang écarlate y était sûrement pour quelque chose... Mais cette beauté endormie fascinait l'œil perçant d'Undertaker comme un trésor inestimable. Il passa une main fine dans ses cheveux (c/c), les étala sur leur coussin précautionneusement en s'attardant sur l'expression paisible de sa cliente.

Allongée, la bouche entrouverte et les yeux fermés, (T/p) (T/n) était une fleur telle qu'il n'en avait encore jamais rencontrée. Et certainement la plus remarquable. Son apparence charmante n'était cependant pas la seule raison de l'attirance qu'elle exerçait sur lui. Derrière cette jeunesse fauchée par la mort écarlate, c'était son histoire tragique qui fascinait Undertaker.

- Un ange ensanglanté... Voilà ce que tu es. Mais ma belle, tu n'avais pas à te couper les ailes si tôt, regretta-t-il.

Il s'assit près d'elle, et songea à tout ce qu'elle avait enduré. Les hommes étaient parfois bien plus cruels que les dieux de la mort, il pouvait en attester...

La belle (T/p) avait été un modèle de bienveillance et d'altruisme, elle s'épanouissait pleinement telle la rose qu'elle était destinée à devenir. Son caractère n'avait pas laissé imaginer qu'elle saurait se défendre, se battre pour ses propres idéaux. Quand on l'avait fiancée contre son gré, elle n'avait rien laissé transparaître... Mais les roses ont des épines pour se défendre. 

Elle s'était rebellée en secret, cherchant par tous les moyens à échapper à cette union. C'était là, après de longues péripéties et peu d'espoir à perdre, qu'elle était venue chercher de l'aide auprès de lui. Undertaker avait été séduit par sa persévérance, par sa pureté qui le revigorait. Il lui avait promis de la libérer de ses chaînes, il n'avait pas résisté à ce petit plaisir. Son plan était risqué, surtout pour une mortelle... Mais (T/p) n'avait plus rien à perdre. Aujourd'hui, elle n'avait même plus que lui au monde.

Undertaker regarda ses lèvres figées, pâlies par la mort. Il se rappela de la décision qu'elle avait prise, qui l'avait foudroyé et fait succomber.

Elle voulait faire payer à son entourage leur décision. Elle avait voulu leur montrer que son destin n'appartenait qu'à elle, et à elle seule. Aux yeux du corbeau qu'il était, elle avait choisi la plus belle des manières de se libérer : elle avait empoigné sa dague, dissimulée dans les plis de sa robe de mariée, et se l'était enfoncée dans le cœur sous les yeux horrifiés de l'assistance.

Mais elle avait eu ce qu'elle voulait : la liberté.  Le sang, sur la blancheur angélique, avait indéniablement paru poétique à Undertaker.

Et désormais, alors qu'il la préparait pour sa renaissance, il ne pouvait s'empêcher de la frôler du bout des doigts. Son visage endormi, ses cheveux défaits, sa robe divine... Il avait envie de la prendre dans ses bras, de la faire danser comme l'ange brisé qu'elle était. Une valse avec l'ange de la mort...

Tendrement, délicatement, le croque-mort releva la tête de sa protégée meurtrie. Entre ses lèvres entrouvertes, il glissa un flacon et lui fit boire un liquide mystérieux, auréolé de rouge. Undertaker s'assura que chaque goutte passe dans sa bouche, mais il ne s'écarta pas pour autant. Le corps évanoui reposait entre ses bras comme une chose délicieusement belle et fragile, qu'il aimait sentir contre sa peau glacée.

De son pouce, il essuya doucement les lèvres de (T/p) en attendant que la magie opère. Comme elle était belle, sa fiancée mortelle... Elle serait magnifiée dans cette seconde vie, il en était certain.

- Reviens-moi, mon ange... susurra-t-il. Reviens à la vie.

Un frémissement secoua la jeune femme, ses paupières tressaillirent. Undertaker noua sa main à la sienne, et il la fit se lever en la retenant tout contre lui avec délicatesse. Ses longs cheveux caressaient le visage de (T/p), qui perdait peu à peu de sa pâleur funeste. Contre son torse, il sentit un battement soulever sa poitrine auparavant immobile. Le cœur s'était mit à rebattre, un souffle nouveau franchit la bouche tentatrice. 

Undertaker la retint par la taille, se pencha pour observer son visage angélique reprendre vie. Des iris (c/y) rencontrèrent enfin les siens, ce qui lui ôta un sourire de ravissement.

- Bienvenue ma belle, souffla-t-il. Tu m'avais manqué.

(T/p) se sentit tressaillir face à ses yeux verts surnaturels, mais rassurée de voir qu'il la tenait avec toute la précaution du monde. Comme c'était étrange... Elle avait du mal à bouger son propre corps, comme engourdie après un trop long sommeil. Elle ne pouvait que rester dans ses bras, et elle n'avait d'ailleurs aucune envie de les quitter. Elle regarda profondément Undertaker, qui décela sans peine sa gratitude dans cette contemplation silencieuse.

Il l'attira davantage contre lui, passa une main derrière son cou. 

- Danse avec moi, petit ange... Valse avec la mort, sourit-il.

Elle n'était pas effrayée par ses mots, pas après ce qu'elle venait de surmonter. Au contraire, son invitation sonnait comme la plus belle proposition qu'elle ait jamais reçu... Son corps commençait à peine à lui répondre, mais (T/p) parvint à remonter une main sur la joue de son amant maudit. Elle ne pouvait pas parler, mais elle n'en avait pas besoin. Sa paume sur cette joue glacée était à sa place, et elle ôta un regard doux au corbeau gentleman.

Undertaker la porta comme une poupée précieuse, et il leur fit esquisser quelques pas de danse. La robe blanche frôlait le sol de pierre, ses cheveux blancs s'emmêlaient dans ses mèches (c/c). Leurs yeux ne se quittaient plus, (T/p) se sentait revenir à la vie à chaque pas qu'il faisait. Un nouveau tour, et elle était un peu plus affranchie de son passé. Un peu plus libre, capable de choisir sa voie, son avenir... Libre d'aimer son amant...

Et quand leur valse macabre s'arrêta, ses lèvres purent répondre pleinement au baiser du dieu de la mort.

xReaderWhere stories live. Discover now