Chapitre 67 - Le Procès de James Buchanan

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Je passai Noël chez mes parents, en compagnie de Charlie. Ce fut agréable de se laisser vivre. Maman fut aux petits soins pour son « bientôt futur gendre », qui fut gêné par autant de gentillesse même si papa voyait d'un mauvais œil ce garçon qui avait « déshonoré » sa fille chérie.

Charlie s'étouffa avec sa tasse de thé et je soupirai :

– Papa, je ne suis plus une petite fille maintenant. Et puis, ce n'est pas avec un baiser chaste sur la joue qu'on te donnera des petits enfants.

Mon père se récrimina aussitôt : il était bien trop jeune pour être grand-père ! Ce à quoi Papi Moustache rétorqua lui qu'il était bien trop jeune pour être arrière-grand-père.

– Ça suffit vous deux ! pesta maman en s'apercevant que Charlie arborait une belle teinte écarlate qui faisait concurrence avec la nappe rouge vif, dressée pour les fêtes. Charlie, tu reprendras un peu de jambon ?

Nous fêtions le traditionnel petit déjeuner de Noël : la table de la salle à manger croulait sous la nourriture, assez pour nourrir l'équipe de Quidditch écossaise : bagels, scones, muffins, œufs brouillés, bacon, roulés de jambon aux endives, brioches, cake aux légumes, chaussons aux pommes, clafoutis, porridge, lait à la cannelle, crumble, chocolat chaud aux épices...

En fond sonore, Franck Sinatra chantait Let it snow et la télévision diffusait le bêtisier de Noël. L'ambiance était festive, et il était hors de question de penser à ce qu'il se passait dehors.

Inouk, le beagle de mes parents, posait sa tête sur chaque cuisse, implorant de ses doux yeux bruns quelques morceaux de nourriture. Charlie avait bien vite succombé à ses charmes et n'hésitait pas à lui donner un bout de bacon quand il pensait que personne ne le regardait.

Lorsqu'il ne resta plus rien du repas, nous nous levâmes tous pour faire un peu de rangement.

– Encore un peu de café, papi ? demandai-je.

Il secoua la tête :

– Non merci. Aide-moi plutôt à m'installer devant la télé.

Je passai un bras autour de sa taille et l'aidai à regagner le canapé. Il s'y laissa tomber en poussant un soupir de contentement.

– Tu veux autre chose ?

– Donne-moi juste la télécommande, s'il te plaît.

Je lui mis l'objet entre les mains et lui déposai un baiser sur le front, avant de rejoindre ma mère dans la cuisine.

– Laissez-moi vous aider, Mrs McBee, proposa Charlie en prenant de ses mains la pile d'assiettes sales.

– Oh, tu peux m'appeler Mary, dit-elle avec un sourire. Polly, ne mets pas le plat d'endives au frigidaire comme ça, tu vois bien qu'il n'y a plus de place ! Tiens, prends un Tupperware. Charlie, ne t'embarrasse pas avec la vaisselle, va voir si Callum a besoin d'aide.

Ce n'était qu'un prétexte pour le faire sortir de la cuisine : mon fiancé était terrorisé par mon père. Une fois qu'il fut sorti, maman me tendit un torchon et m'employa à l'essuyage de vaisselle, tâche des plus ingrates.

– Comment vas-tu, ma poupette ? me demanda-t-elle en lavant les verres.

Je haussai les épaules.

– Fatiguée. Surtout en ce moment. Comment va ta carrière de romancière ?

– Je ne suis pas d'humeur à écrire en ce moment. Je crains tous les jours de recevoir des nouvelles affreuses, de ton père ou de toi...

– Maman...

– Tant que vous rentrez sains et saufs à la maison tous les soirs, ça m'ira, me coupa-t-elle.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleWhere stories live. Discover now